Oracle : Moody's n'est pas rassuré par son carnet de commandes record

L'agence de notation Moody's demeure prudente concernant Oracle, malgré son très généreux carnet de commandes et un deal d'environ 300 milliards de dollars avec la startup à l'origine de ChatGPT, OpenAI, pour l'achat de puissance de calcul sur environ cinq ans. Moody's Ratings, dont l'analyse est reprise notamment par Reuters, a signalé plusieurs risques potentiels liés aux 300 milliards de dollars de contrats d'intelligence artificielle récemment signés par Oracle, sans toutefois prendre de décision en matière de notation à l'encontre du géant du software d'entreprise.

Le Wall Street Journal a rapporté qu'OpenAI avait signé un contrat d'achat de puissance de calcul de 300 milliards de dollars auprès d'Oracle sur environ cinq ans, l'un des plus importants contrats cloud jamais signés, qui dope le backlog "RPO" du groupe de Larry Ellison à 455 milliards de dollars au total (+359%). Les analystes de l'agence ont évoqué ainsi hier les 300 milliards de dollars de contrats récemment signés, sans toutefois nommer le gros client concerné. Les spécialistes de l'agence de notation ont souligné que de tels contrats mettaient en évidence le "potentiel considérable" de l'activité d'infrastructure d'IA d'Oracle. Ils ont cependant attiré aussi l'attention sur plusieurs risques exposés dans la note de crédit de Moody's de juillet, qui a révisé la perspective de la notation d'Oracle de stable à négative.

Moody's souligne en particulier le "risque de contrepartie" lié au fait qu'Oracle dépende d'engagements importants d'un petit nombre de clients du secteur de l'IA pour financer son modèle économique. "Le risque de contrepartie est toujours un élément clé dans tout type de financement de projet, en particulier lorsqu'il existe une forte dépendance aux revenus d'une seule contrepartie", ont indiqué hier les analystes de Moody's, repris par Reuters. "Et selon nous, la construction des centres de données d'Oracle représente l'un des plus importants financements de projets au monde, voire le plus important". Les analystes notent qu'Oracle verra sa dette augmenter plus rapidement que son Ebitda, ce qui contribuera à un endettement élevé prévu de 4 fois avant que l'Ebitda d'Oracle ne commence à surmonter sa dette. "Il est probable que le flux de trésorerie disponible soit également négatif pendant une période prolongée avant d'atteindre l'équilibre", s'inquiète Moody's.