Au procès du braquage de Kim Kardashian, la défense plaide contre le retour en prison des "papys braqueurs"

"Allez-vous l'enfermer ?" La défense a plaidé jeudi soir devant la cour d'assises de Paris contre "le cliquetis des menottes métalliques", soit le retour en prison des "papys braqueurs" accusés d'avoir dépouillé la reine des influenceuses Kim Kardashian en octobre 2016.
Me Frank Berton ferme la marche des plaidoiries au procès de ce braquage à 9 millions d'euros de bijoux, qui s'est déroulé dans un hôtel parisien la nuit du 2 au 3 octobre 2016, en pleine Fashion Week. Il plaide pour le principal accusé, à la veille du verdict. "Finalement, il n'y a qu'une question: est-ce que vous allez l'enfermer ?"
A 69 ans, Aomar Aït Khedache est sourd et quasiment muet, souffre de diabète et du dos. "Dès le début", il a reconnu les faits, dans une affaire "délirante" en termes d'improvisation, très loin de l'oeuvre d'un commando de criminels "chevronnés", soutient l'avocat. Mais l'accusation, qui le qualifie de "commanditaire", a requis 10 ans de prison contre lui.
"Je vous demande d'être à la hauteur d'une décision qui ait un sens, pas une décision qui serait rendue sur un plateau de télévision, dans un bistrot", poursuit Me Berton en demandant aux jurés de ne pas se laisser influencer par la célébrité de la star aux 356 millions d'abonnés, qui a témoigné le 13 mai.
"Emmurer vivant"
"A cet âge, une condamnation à de la prison ferme, c'est la perpétuité. Vous pouvez essayer de l'emmurer vivant, vaille que vaille. Mais non, parce que je vous demande d'être à la hauteur. Et il n'y a pas que moi qui vous le demande, madame Kardashian vous le demande", affirme-t-il.

Aomar Aït Khedache, qui suit les débats sur un écran d'ordinateur où s'affichent les notes de typographes et qui s'exprime par écrit, conteste ce rôle de "cerveau" de l'opération. Lui dit que c'est un autre, "Ben", qui lui a "donné" le plan.
"Le problème, c'est qu'à partir du moment où son ADN a été retrouvé en octobre 2016, il est devenu le point d'ancrage des investigations", a souligné son autre avocate. "Beaucoup de choses ont été vues à travers le miroir déformant" de son lourd casier et "Ben" n'a pas réellement été recherché, selon Me Chloé Arnoux.
Adjurant la cour à "ne pas céder à une forme de vindicte et de cruauté", elle a demandé la confusion de la peine qui sera prononcée avec une ancienne condamnation à 5 ans de prison, ce qui pourrait permettre à Aomar Aït Khedache d'éviter une nouvelle incarcération.
Une "peine mesurée", une peine "qui comme la haute-couture serait du sur-mesure" pour un homme "invalide à 80%", qui "ne peut pas récidiver, c'est terminé".
"Pondéré"
"Demain, une condamnation interviendra, elle est certaine, il a reconnu les faits", a débuté plus tôt Me Gabriel Dumenil, l'avocat de Yunice Abbas. Ce dernier, 71 ans, a admis être arrivé avec deux complices à vélo sur les lieux du braquage, pour y "faire le guet".

Si les quatre hommes identifiés par l'accusation comme les "braqueurs" encouraient 30 ans de réclusion ou la perpétuité pour ceux en récidive, les réquisitions "ont un goût amer" car elles sont "trop hautes" et "pas hiérarchisées", a poursuivi l'avocat, qui critique le "package" de 10 ans réclamés pour eux tous.
En le condamnant à huit ans, en déduisant sa détention provisoire et en lui appliquant du sursis probatoire, il pourrait échapper à la case prison, fait valoir Me Dumenil. Opéré du coeur pendant sa détention provisoire, l'accusé est atteint de la maladie de Parkinson.
Yunice Abbas "ne monte pas dans cette chambre, ne porte pas d'arme, il ne voit pas Kim Kardashian", il "ne s'occupe ni de l'amont (la préparation) ni de l'aval (la revente des bijoux)", a-t-il fait valoir. Certes, il a "un passé judiciaire", il a commis "un crime grave" mais "qui ne l'a pas enrichi" et qui a provoqué un "traumatisme encore prégnant, mais qui commence à être réparé".
"Vendredi, nous n'entendrons pas les cliquetis métalliques des menottes aux poignets de ceux-là. Et ce ne sera pas grave, parce que ce sera pondéré, parce que vous aurez fait enfin oeuvre de justice, ni en dessous, ni en deçà".
Reprise à 9H00 avec les derniers mots des accusés.
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