Wall Street sous pression, alors que Trump tacle la Chine
La confusion règne sur les droits de douane

Wall Street hésite ce vendredi, sur fond d'incertitude persistante concernant les droits de douane, et alors que Trump vient d'accuser Pékin d'avoir enfreint son accord avec les USA. Le S&P 500 abandonne 0,16% à 5.903 pts, le Dow Jones se stabilise à 42.217 pts et le Nasdaq perd 0,33% à 19.113 pts. Les actions américaines s'étaient initialement envolées hier sur l'annonce de la décision du Tribunal de commerce International bloquant la plupart des taxes douanières imposées depuis janvier, sans toutefois aborder certains droits de douane spécifiques à certains secteurs. Cependant, une cour d'appel fédérale de Washington a quant à elle temporairement rétabli hier la plupart des droits de douane et ordonné aux plaignants de répondre avant le 5 juin et à l'administration Trump avant le 9 juin.
Donald Trump vient quant à lui d'en remettre une couche ce vendredi au sujet de la Chine. Sur Truth Social, le président américain déclare : "Il y a deux semaines, la Chine était en grave danger économique ! Les droits de douane très élevés que j'avais fixés rendaient quasiment impossible tout commerce avec les États-Unis, qui sont de loin le premier marché mondial. Nous avions, en quelque sorte, fait une croix dessus, et ce fut un désastre pour eux. De nombreuses usines ont fermé et il y a eu, pour le moins, des 'troubles civils'. J'ai vu ce qui se passait et je n'ai pas apprécié, pour eux, pas pour nous. J'ai conclu un ACCORD RAPIDE avec la Chine afin de la sauver de ce que je pensais être une situation très difficile, et je ne voulais pas que cela arrive. Grâce à cet accord, tout s'est rapidement stabilisé et la Chine a repris ses activités comme si de rien n'était. Tout le monde était content ! C'est la bonne nouvelle ! La mauvaise nouvelle, c'est que la Chine, sans surprise pour certains, a totalement violé son accord avec nous. Au diable le bon gars !"
Voilà qui n'augure donc rien de bon pour la suite des négociations commerciales sino-américaines. Un peu plus tôt, le Secrétaire au Trésor Scott Bessent a indiqué que les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine étaient "un peu au point mort" et que la conclusion d'un accord nécessiterait probablement l'implication directe de Trump et de son homologue chinois Xi Jinping...
Sur le front économique, les revenus des ménages américains pour le mois d'avril ont augmenté de 0,8% en comparaison du mois antérieur, selon le rapport du jour, soit une croissance deux fois plus élevée que prévu. En revanche, les dépenses personnelles de consommation n'ont augmenté que de 0,2% d'un mois sur l'autre, contre 0,4% de consensus. Le très suivi indice des prix 'core PCE' n'a quant à lui pas révélé de bonne ni de mauvaise surprise, puisqu'il ressort conforme aux attentes de marché, en augmentation de 0,1% d'un mois sur l'autre et de 2,5% sur un an.
Notons que la balance commerciale des biens pour le mois d'avril 2025, qui vient aussi d'être publiée, est ressortie déficitaire de seulement 87,6 milliards de dollars, contre -143 milliards de dollars de consensus et -162,3 milliards de dollars pour la lecture révisée du mois de mars.
L'indice manufacturier PMI de Chicago pour le mois de mai 2025 s'est établi à 40,5 seulement, contre un consensus FactSet de 45,5 et une lecture de 44,6 un mois auparavant. L'indice s'enfonce donc plus encore sous la barre des 50, signalant une contraction accrue de l'activité manufacturière dans la région considérée.
L'indice final du sentiment des consommateurs américains mesuré par l'Université du Michigan pour le mois de mai 2025 s'est affiché à 52,2, contre un consensus FactSet de 51,8 et une lecture initiale de 50,8. La composante des conditions actuelles et celle des anticipations ont été revues en hausse. D'un mois sur l'autre, l'"UMich" ressort donc stable après quatre mois de correction. Autre élément un peu plus positif, l'indice des anticipations d'inflation pour l'année à venir est ramené à 6,6% contre 7,3% auparavant.
Le feuilleton judiciaire se poursuit dans l'actualité commerciale, une cour d'appel ayant suspendu la décision prise mercredi par le Tribunal de Commerce international de Manhattan. Le tribunal avait invalidé avec effet immédiat les décrets commerciaux pris par Trump depuis janvier et fondés sur l'International Emergency Economic Powers Act (IEEPA), loi visant à faire face aux menaces extraordinaires lors d'une situation d'urgence nationale. La Maison Blanche a déclaré qu'elle était prête à saisir la Cour suprême si nécessaire et qu'en attendant, elle explorerait d'autres moyens de mettre en oeuvre les tarifs douaniers de Trump sans recourir aux pouvoirs d'urgence.
Les marchés avaient précédemment bien rebondi, après leur grosse faiblesse du début du mois d'avril. La hausse a surtout été alimentée par l'espoir de nouveaux accords commerciaux entre les États-Unis et leurs principaux partenaires, ainsi que les chiffres relativement rassurants pour l'heure de l'inflation.
En ce qui concerne la politique monétaire, Trump a convoqué le président de la Fed, Jerome Powell, à la Maison Blanche jeudi soir pour leur première réunion en face à face depuis son entrée en fonction. Le président américain a déclaré au timonier de la Fed qu'il faisait une erreur en ne baissant pas les taux d'intérêt...
Des interventions de Thomas Barkin, Austan Goolsbee, Adriana Kugler, Mary Daly et Lorie Logan de la Fed étaient aussi au programme hier. Barkin, le patron de la Fed de Richmond, a confirmé que l'incertitude élevée concernant les tarifs douaniers, l'immigration et la régulation pesait sur les décisions de la banque. Goolsbee, président de la Fed de Chicago, s'est inquiété lui aussi de l'incertitude autour des tarifs douaniers après la décision de justice de mercredi. La gouverneure Kugler a souligné une potentielle baisse de l'attrait pour les actifs américains en cas de fuite vers la sécurité, ce qui pourrait affecter la stabilité financière. Daly, qui dirige la Fed de Chicago, a évoqué la nécessité d'une politique modérément restrictive pour continuer à faire reculer l'inflation. Elle juge que deux baisses de taux seraient judicieuses cette année si le marché du travail demeure solide et que l'inflation baisse, mais ajoute que l'éventail des risques reste large. Enfin, Logan, patronne de la Fed de Dallas, a signalé qu'il faudrait peut-être un certain temps avant que la banque ne réduise ses taux...
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, Costco, Dell, Marvell, Zscaler, NetApp, Ulta Beauty, The Cooper Companies et Gap, publiaient hier soir leurs derniers comptes, après la clôture de Wall Street.
L'indice dollar se redresse de 0,3% face à un panier de devises ce jour. Le bitcoin consolide sur les 105.000$. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond à 10 ans s'affiche à 4,43% et celui du 30 ans à 4,94%. Le baril de brut WTI recule de 0,4% sur le Nymex à 60,7$. L'once d'or fin cède 1,2% à 3.277$.
Les valeurs
Costco Wholesale (+3%), le géant de la distribution sur le modèle de club-entrepôt accessible par adhésion aux particuliers et aux professionnels, a annoncé des bénéfices trimestriels supérieurs aux attentes malgré les tarifs douaniers, dégageant un bénéfice par action de 4,28$ à comparer à un consensus de 4,24$, pour des revenus de 63,2 milliards de dollars quant à eux légèrement moins élevés que prévu. Les revenus à comparable hors essence et impact des changes, ont progressé de 8% contre 7% de consensus.
Dell Technologies (stable) évolue peu à Wall Street, alors que le groupe a raté pourtant le consensus de bénéfice au premier trimestre fiscal, affichant des revenus de 23,4 milliards de dollars contre 23,2 milliards de consensus, mais un bénéfice ajusté par action décevant de 1,55$. Les revenus du deuxième trimestre sont attendus entre 28,5 et 29,5 milliards de dollars, quant à eux, bien au-dessus des attentes, alors que le backlog de serveurs d'IA atteint un très haut niveau à 14,4 milliards avec 12,1 milliards de commandes sur le seul trimestre clos. Le groupe dope par ailleurs à 9,40$ son estimation de bpa ajusté sur l'exercice.
Marvell Technology (-5%) perd du terrain à Wall Street, le groupe ayant dépassé de peu les attentes au premier trimestre, avec des revenus de 1,9 milliard de dollars contre 1,88 milliard de consensus de place, pour un bénéfice ajusté par action de 62 cents à comparer à un consensus de 61. Les prévisions financières de ventes et profits pour le trimestre entamé sont globalement en ligne avec les anticipations des analystes.
Zscaler (+8%) a publié pour le troisième trimestre fiscal des chiffres nettement supérieurs aux anticipations. Le bénéfice ajusté par action est ressorti à 84 cents contre un consensus de 75 cents, tandis que les revenus ont été de 678 millions de dollars, 2% plus élevés que prévu, contre 553 millions de dollars pour la période comparable de l'an dernier.
NetApp (+2%) a annoncé des comptes du quatrième trimestre au-dessus des attentes mais une guidance décevante. Sur le trimestre clos d'abord, le bénéfice ajusté par action a été de 1,93$ contre 1,90$ de consensus, tandis que les revenus ont totalisé 1,73 milliard de dollars contre 1,67 milliard un an avant. Pour l'exercice entamé, le bpa est attendu entre 7,60 et 7,90$ et les revenus sont anticipés entre 6,63 et 6,88 milliards de dollars.
Ulta Beauty (+12%) grimpe à Wall Street, le groupe ayant rehaussé ses prévisions financières annuelles, avec une consommation résiliente. Les ventes à comparable ont progressé de près de 3% sur le trimestre clos alors que les analystes envisageaient une performance stable. Le bénéfice ajusté par action a été de 6,70$ contre 5,8$ de consensus, tandis que les revenus ont totalisé 2,85 milliards de dollars contre 2,73 milliards un an avant.
The Cooper Companies (-15%) a annoncé des résultats du deuxième trimestre au-dessus des attentes, mais le titre chute avant bourse à Wall Street sur des prévisions prudentes. Le groupe anticipe sur l'exercice un bénéfice par action allant de 4,05 à 4,11$, pour des revenus allant de 4,11 à 4,15 milliards. Le concepteur de produits chirurgicaux et de lentilles de contact a affiché sur le trimestre clos un bénéfice ajusté par action de 96 cents et des revenus de 1 milliard de dollars.
Gap (-19%) dévisse à Wall Street, après avoir prévenu d'un impact fort des tarifs douaniers. Le groupe a néanmoins dépassé les attentes au premier trimestre avec des revenus de 3,46 milliards de dollars et un bénéfice par action de 51 cents. Le détaillant anticipe un impact des tarifs douaniers allant jusqu'à 150 millions de dollars en termes de bénéfice d'exploitation en 2025 et 250-300 millions de dollars en termes de coûts. Hors droits de douane, la guidance annuelle est cependant maintenue.
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