Wall Street plombé par le risque accru de récession
En attendant les résultats de Microsoft et Meta

Wall Street retombe en pré-séance ce mercredi, avec les craintes de récession, suite aux chiffres du PIB et de l'emploi privé aux États-Unis. Le S&P 500 abandonne 1,4% en pré-séance, le Dow Jones 0,9% et le Nasdaq près de 2%. Sur le Nymex, le baril de brut WTI corrige de 1,6% à 59,5$. L'once d'or fin recule de 0,5% à 3.300$. L'indice dollar grappille 0,2% face à un panier de devises.
Ainsi, les mauvais chiffres du jour du PIB et de l'emploi dans le secteur privé ravivent les craintes de récession et font remonter les prévisions d'assouplissement monétaire de la Fed. Donald Trump avait d'ailleurs anticipé en quelque sorte ces données économiques décevantes, taclant encore sèchement le patron de la Fed Jerome Powell, qu'il estime trop lent à décider d'un assouplissement. "J'ai un représentant de la Fed qui ne fait pas vraiment du bon travail", a asséné Trump lors d'un rassemblement dans le Michigan. "Je veux être très aimable et respectueux envers la Fed", a tout de même nuancé le président américain, qui avait auparavant affublé Powell du surnom de "Too Late" (trop tard). "Vous n'êtes pas censés critiquer la Fed ; vous êtes censés le laisser faire ce qu'il veut, mais j'en sais bien plus que lui sur les taux d'intérêt, croyez-moi", a ajouté le meilleur économiste d'Amérique.
Trump, qui avait auparavant assuré il y a quelques jours n'avoir aucune intention de "virer" le président de la Fed, maintient donc quoi qu'il en soit la pression sur Powell à l'approche de la réunion monétaire des 6 et 7 mai. Selon l'outil CME FedWatch, la banque centrale américaine devrait très probablement laisser encore ses taux inchangés entre 4,25 à et 4,50% à cette occasion, la probabilité étant située à 92,3%, mais elle pourrait ensuite assouplir d'un quart de point dès le 18 juin et la réunion suivante ('proba' de plus de 60%)... Les spéculations sur le sort de Powell avaient été alimentées notamment plus tôt ce mois suite à un message de Trump sur Truth Social indiquant que "la fin de mandat de Powell ne peut pas arriver assez vite".
Sur le front commercial, Donald Trump a signé hier à bord d'Air Force One un décret prévoyant des exemptions de droits de douane sur les importations de voitures et de pièces détachées étrangères. Ces exemptions aideront les constructeurs automobiles en empêchant que les droits de douane sur les voitures fabriquées à l'étranger ne s'ajoutent aux autres "tarifs" déjà imposés par l'administration. Les constructeurs qui paient les droits imposés par Trump sur les importations automobiles ne seront pas soumis à d'autres droits. La Maison Blanche utilise le terme de "de-stacking" pour qualifier le procédé, ce qui signifie que les constructeurs automobiles choisiront le droit de douane le plus élevé qui leur est applicable et ne paieront que celui-là. Par exemple ils n'auraient pas à payer de droits de douane sur l'acier ou l'aluminium, ni de droits de douane sur le fentanyl chinois en plus des droits de douane existants sur les véhicules étrangers. La mesure serait rétroactive et les constructeurs pourraient être remboursés des droits déjà acquittés... Un responsable du Département au Commerce a précisé que les modifications des tarifs douaniers sur les pièces détachées automobiles permettraient aux constructeurs de disposer de davantage de marge de manoeuvre pour délocaliser leur chaîne d'approvisionnement, développer leurs usines et embaucher des travailleurs américains.
Par ailleurs, le secrétaire au Trésor Scott Bessent a tenté lui aussi de rassurer, alors que l'administration américaine travaille à des accords bilatéraux. Selon lui, Pékin sera contraint de négocier, car la Chine ne peut pas maintenir le dernier niveau de droits de douane américain de 145% imposé par Trump. Leavitt et Bessent tenaient hier une conférence de presse, martelant un discours optimiste au sujet de l'issue de la guerre commerciale. Le secrétaire US au Trésor, interrogé sur une éventuelle conversation entre Trump et Xi Jinping, a néanmoins encore botté en touche... Bessent a aussi estimé que la Chine pourrait perdre "très rapidement" 10 millions d'emplois si les tarifs n'étaient pas réduits. Et même si ces tarifs étaient quelque peu abaissés, il juge, citant des statistiques externes, que la Chine pourrait encore perdre 5 millions d'emplois... "N'oubliez donc pas que nous sommes le pays déficitaire" ... "Ils nous vendent presque cinq fois plus de biens que nous ne leur en vendons. Il leur incombera donc de supprimer ces droits de douane. Ils ne peuvent pas les maintenir".
Le secrétaire américain au Commerce Howard Lutnick a indiqué que Trump bâtissait un important partenariat avec les constructeurs automobiles américains et les ouvriers... Il s'est montré plus généralement... apaisant au sujet des droits de douane. Il juge qu'un tarif douanier de 10% n'affecterait pas significativement les prix. Lutnick a précisé qu'il était responsable de tous les accords commerciaux éventuels dans le monde en dehors de la Chine, dossier confié à Bessent. A propos de l'automobile, il indique sur CNBC : "Vous allez assister au plus grand renouveau de la construction automobile nationale au cours des deux prochaines années. Ce sera vraiment génial".
La Chine aurait pour sa part établi une liste de produits fabriqués aux États-Unis qui seraient exemptés de ses droits de douane de 125% et en informerait discrètement les entreprises, ont indiqué deux sources proches du dossier citées par l'agence Reuters, alors que Pékin chercherait donc à atténuer l'impact de sa guerre commerciale avec les États-Unis. La Chine a déjà accordé des exemptions de droits de douane sur certains produits, notamment des produits pharmaceutiques, des puces électroniques et des moteurs d'avion, et aurait demandé aux entreprises d'identifier les biens essentiels dont elles ont besoin sans être soumises à des droits de douane, avait déjà rapporté Reuters, qui indique désormais l'existence d'une "liste blanche"... Trump a déclaré hier qu'il pensait qu'un accord commercial avec la Chine était en vue. "Mais ce sera un accord équitable", a insisté le président américain...
Le PIB américain du premier trimestre 2025 s'est contracté de 0,3% selon la lecture initiale du jour, contre un consensus de +0,3% et une croissance de 2,4% au quatrième trimestre 2024. Il s'agit de la première estimation préliminaire du PIB américain pour la période. Les dépenses personnelles de consommation ont augmenté quant à elles sur un rythme de 1,8% au premier trimestre. L'indice des prix rattaché au PIB a augmenté sur un rythme de... 3,7% au premier trimestre contre 3,3% de consensus FactSet. L'indice du coût de l'emploi a grimpé de 0,9% comme attendu...
Les créations de postes dans le privé aux États-Unis pour le mois d'avril 2025 sont ressorties au nombre de 62.000 selon ADP, contre 134.000 de consensus FactSet et 147.000 pour la lecture révisée (en baisse) du mois de mars. "L'inquiétude est le mot d'ordre. Les employeurs tentent de concilier l'incertitude politique et celle des consommateurs avec une série de données économiques globalement positives. Prendre des décisions d'embauche peut s'avérer difficile dans un tel contexte", résume Nela Richardson, cheffe économiste d'ADP.
Dans le détail en avril, les services d'éducation et de santé, l'information et les services professionnels et commerciaux ont perdu des emplois, tandis que les embauches dans d'autres secteurs ont été modérées. Les entreprises de plus de 500 personnes ont créé 12.000 postes, contre 19.000 pour les entreprises de 250 à 499 personnes et 21.000 pour les PME de 50 à 249 employés.
L'indice PMI de Chicago d'avril sera annoncé dans quelques instants (consensus 46). Les revenus et dépenses des ménages de mars (indice d'inflation 'core PCE' attendu à +2,6% sur un an) et les promesses de ventes de logements du même mois sont aussi attendus ce mercredi.
Demain, les investisseurs surveilleront l'étude Challenger sur les annonces de licenciements, les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close au 26 avril, l'indice PMI manufacturier américain final d'avril, l'ISM manufacturier, ainsi que les dépenses de construction. Les commandes industrielles américaines du mois de mars et le rapport gouvernemental sur la situation de l'emploi d'avril (consensus 125.000 créations de postes pour 4,2% de chômage) seront annoncés vendredi.
Dans l'actualité des entreprises, Visa, Booking Holdings, Starbucks, Mondelez ou Snap, publiaient hier soir. Microsoft, Meta Platforms, Qualcomm, Caterpillar, ADP, KLA, Equinix, Illinois Tool Works, MetLife ou Allstate, annoncent ce mercredi leurs trimestriels. Apple, Amazon, Eli Lilly, Mastercard, McDonald's, Amgen, Stryker, KKR, Southern Company, Intercontinental Exchange, Strategy, CVS Health, Airbnb, Motorola Solutions ou Thomson Reuters, annonceront jeudi. ExxonMobil, Chevron, DuPont, Cigna et Eaton boucleront la semaine.
Les valeurs
Super Micro décroche à Wall Street. Le géant des serveurs d'IA a abaissé en effet ses estimations financières du troisième trimestre, suscitant des craintes quant à un éventuel ralentissement des dépenses dans l'intelligence artificielle. Des "décisions retardées concernant la plateforme client" ont repoussé des ventes au quatrième trimestre. SMCI a ainsi réduit ses prévisions préliminaires de revenus pour les trois mois clos le 31 mars à une fourchette de 4,5 à 4,6 milliards de dollars, contre 5 à 6 milliards auparavant. Le bénéfice ajusté par action est anticipé désormais entre 29 et 31 cents sur la période, contre 46 à 62 cents précédemment.
Snap, la maison-mère de Snapchat, corrige avant bourse à Wall Street. Pour son premier trimestre fiscal, le groupe californien a affiché une perte de 140 millions de dollars. Le bénéfice ajusté par action s'est établi à 4 cents, en ligne avec le consensus, alors que les revenus, de 1,36 milliard de dollars, sont également conformes aux anticipations de brokers. L'Ebitda ajusté trimestriel a atteint 108 millions de dollars, au-dessus des attentes. Le nombre d'utilisateurs actifs quotidiens atteint 460 millions, comme attendu ou presque. Néanmoins, le groupe, citant les "vents contraires", ne fournit pas de prévisions financières pour son deuxième trimestre.
Visa a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal des comptes supérieurs aux attentes. Le bénéfice ajusté par action est ressorti à 2,76$ contre un consensus de 2,68$. Il était de 2,51$ un an avant. Les revenus ont atteint 9,6 milliards de dollars pour la période close en mars contre 8,8 milliards sur la période comparable de l'an dernier. Le groupe maintient ses prévisions financières 2025 avec la résilience des dépenses des consommateurs.
Starbucks fléchit sur des revenus et profits trimestriels inférieurs aux attentes. Pour son deuxième trimestre fiscal, la chaîne américaine de cafés a affiché un bénéfice ajusté par action de 41 cents à comparer à un consensus de 49 cents. Un an plus tôt, à la même époque, ce bpa ajusté était de 68 cents. Les revenus trimestriels ont représenté quant à eux 8,76 milliards de dollars, contre 8,56 milliards un an auparavant. Le management demeure quoi qu'il en soit confiant dans le plan de redressement du groupe.
Mondelez, le groupe alimentaire américain, a affiché pour son premier trimestre fiscal clos fin mars un bénéfice ajusté par action de 74 cents à comparer à un consensus de 66 cents. Les revenus ont progressé légèrement de 0,2% à 9,31 milliards de dollars, mais ratent de peu le consensus. Les prix ont augmenté de 6,6%, alors que les volumes ont décliné de 3,5%. Mondelez réaffirme par ailleurs ses prévisions financières annuelles, visant une croissance organique des revenus d'environ 5% et un recul de 10% du bénéfice ajusté, guidance qui ne reflète pas, indique le groupe, les évolutions potentielles des tarifs douaniers...
Caterpillar, le géant américain des engins de chantier, a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice net de 2 milliards de dollars soit 4,20$ par titre. Le groupe texan a dégagé un bénéfice ajusté par action de 4,25$ légèrement inférieur aux anticipations de marché. Les revenus trimestriels ont totalisé quant à eux 14,25 milliards de dollars contre 14,5 milliards de consensus. Un an avant, sur la même période, les revenus totalisaient 15,8 milliards de dollars pour un bénéfice ajusté de 5,60$ par titre. "Notre stratégie de croissance rentable à long terme génère des résultats qui reflètent les atouts de notre portefeuille diversifié et de nos marchés finaux", a déclaré Joe Creed, nouveau DG. "Je suis honoré de diriger notre équipe talentueuse et de poursuivre l'héritage de Caterpillar, qui consiste à aider ses clients à relever leurs défis les plus complexes".
ADP a publié pour son troisième trimestre fiscal 2025 un bénéfice net de 1,25 milliard de dollars et un bénéfice par action de 3,06$. Le groupe du New Jersey, actif dans les solutions de gestion de paie et RH, a réalisé des revenus trimestriels de 5,55 milliards de dollars, également meilleurs que prévu. Le consensus était de 2,97$ de bénéfice ajusté par action pour 5,49 milliards de dollars de revenus.
GE HealthCare, géant américain de l'industrie médicale, a annoncé pour son premier trimestre des revenus en croissance de 3% à 4,8 milliards de dollars et une croissance organique de 4%, alors que la marge nette a atteint 11,8% contre 8% un an avant. La marge d'Ebit ajusté a été de 15% contre 14,7% sur la période comparable de l'an dernier. Le bénéfice ajusté par action a représenté 1,01$, contre 90 cents un an avant. Le bénéfice net part du groupe a été de 564 millions contre 374 millions un an plus tôt. Le consensus était de 91 cents de bpa ajusté trimestriel pour 4,66 milliards de dollars de revenus. Le groupe table désormais sur un bénéfice annuel par action allant de 3,90 à 4,10$.
Humana, l'assureur santé américain, grimpe avant bourse à Wall Street, alors que le groupe a affiché un solide premier trimestre fiscal. Le bénéfice net est ressorti à 1,24 milliard de dollars pour un bpa de 10,30$, tandis que le bénéfice ajusté par action a atteint 11,58$, largement au-dessus des anticipations de brokers. Les revenus trimestriels ont été de 32,1 milliards de dollars, en ligne avec les attentes. Le groupe table sur un bénéfice annuel par action de 16,25$.
Yum Brands, le groupe américain de restauration rapide aux marques Pizza Hut, KFC ou Taco Bell, a annoncé pour son premier trimestre fiscal un bénéfice de 253 millions de dollars et un bénéfice par action de 90 cents. Le bpa ajusté trimestriel, de 1,30$, se compare à un consensus de 1,29$. Les revenus ont été de 1,79 milliard de dollars, contre 1,84 milliard de consensus de marché, mais les ventes à comparable ont été meilleures qu'attendu avec Taco Bell aux Etats-Unis et KFC à l'international. La croissance mondiale à comparable sur ce trimestre clos fin mars a été de 3% contre 2,8% pour le consensus.
Electronic Arts, le géant américain des jeux vidéo, supprimerait des centaines d'emplois selon Bloomberg et annulerait un jeu Titanfall qui était en développement chez Respawn. 300 à 400 postes seraient concernés par les coupes, dont 100 chez Respawn, selon une personne familière de la question citée par Bloomberg. "Dans le cadre de notre concentration continue sur nos priorités stratégiques à long terme, nous avons apporté des changements ciblés au sein de notre organisation afin de mieux aligner les équipes et d'allouer les ressources pour stimuler la croissance future", a déclaré Justin Higgs, porte-parole de l'entreprise, citée par Bloomberg.
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