Entretien avec Aaron Solomon, PDG de Munic

Boursier.com : Munic fait fabriquer en Chine. On imagine que les taxes douanières de Trump redéfinissent votre stratégie de fabrication...

A.S. : Nous avons d'ores et déjà décidé de quitter la Chine pour le Mexique, les taxes décidées par le président américain atteignant des niveaux bien trop importants pour les produits importés de Chine. Il n'est pas envisageable de vendre en subissant 20% de taxes en plus des 7,5% déjà établis... Nous savions que l'échéance était proche étant donné que certains équipements et composants fabriqués en Chine allaient être interdits aux Etats-Unis d'ici quelques années. Néanmoins, le mouvement a été accéléré.. Il n'y aura pas de conséquence sur notre marge brute, grâce notamment aux accords avec nos partenaires.

Boursier.com : Un tel transfert est coûteux en temps et en argent...

A.S. : Pas du tout. Il relève presque de la simple décision dans la mesure où notre partenaire fabricant dispose déjà d'outils de production au Mexique. Le basculement prendra tout au plus quelques semaines. Il est en cours et nous commencerons à produire depuis le Mexique au plus tard en juillet.

Boursier.com : Quels sont vos objectifs 2025 après le recul d'activité de 2024 ?

A.S. : Munic a souffert du ralentissement de l'activité auprès de ses trois principaux clients en 2024. Nous sommes toutefois confiants de renouer avec un certain niveau de croissance en 2025 dès le 1er semestre. Pour rappel, le 2nd semestre 2024 était en croissance séquentielle de +14% par rapport au 1er semestre, et notre carnet de commandes fin février 2025 représentait déjà plus de 60% du chiffre d'affaires de l'an dernier. Nous avons quatre axes de développement commercial : tout d'abord auprès des acteurs cherchant des données de véhicules ; ensuite auprès des utilisateurs finaux comme les flottes d'entreprises ou les intégrateurs et opérateurs de solutions de flottes, avec la solution Ekkofleet ; auprès de grands acteurs de l'automobiles et enfin, au-delà de la seule automobile, auprès des fabricants d'objets du quotidien qui cherchent des solutions connectées de gamme intermédiaire, avec une architecture matérielle et logicielle qui soit à la fois flexible et multi-services, mais également plus proche des architectures basiques en termes de prix. Pour ce dernier segment, non adressé actuellement, nous travaillons à la mise en place d'un ou de plusieurs projets pilotes en 2025, prototypés, permettant de conclure un accord commercial en 2026.

Boursier.com : Avez-vous les moyens financiers de vos ambitions aujourd'hu i? Vous faudra- t-il lever des fonds ?

A.S. : Nous n'avons pas besoin de réaliser une augmentation de capital aujourd'hui. Munic a obtenu, l'an passé, un financement de 3 ME sur 3 ans pour l'aide au développement de sa plateforme innovante de pilotage autonome Ekko Drive. J'ajoute que les dettes financières ont été fortement réduites en 2024, ramenées à 4,8 ME, contre 6,1 MEUR un an plus tôt. La société aura remboursé sa dette en 2026.

Boursier.com : Où en êtes-vous du partenariat stratégique conclu fin 2024 auprès d'un "leader mondial" de l'automobile ?

A.S. : Ce partenariat a suscité l'intérêt de plusieurs grands acteurs européens, et les premières facturations de la solution innovante conjointement développée sont attendues courant 2025. Par ailleurs, un autre partenariat est espéré en 2025, plus sûrement en année pleine 2026, mais à ce stade rien n'est à officialiser.