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Au procès Lafarge pour financement du terrorisme, l'acceptation du "racket" des groupes jihadistes

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Le cimenterie Lafarge à Jalabiya, dans le nord de la Syrie, le 19 février 2018
Le cimenterie Lafarge à Jalabiya, dans le nord de la Syrie, le 19 février 2018 ( Delil souleiman / AFP/Archives )

"On avait le choix entre deux solutions, la pire et la moins pire". Au procès de Lafarge, d'anciens cadres se sont expliqués sur les raisons pour lesquelles le cimentier était resté en Syrie jusqu'en 2014, moyennant des paiements à des groupes classés comme "terroristes".

Le tribunal correctionnel de Paris, qui juge le groupe et huit ex-responsables pour financement du terrorisme et violation d'embargo, a commencé mardi à se pencher sur le volet, central, des flux financiers entre la filiale syrienne de la multinationale, Lafarge Cement Syria (LCS), et des groupes rebelles, parmi lesquels figurent le groupe État islamique (EI) et Jabhat al-Nosra.

Lafarge est soupçonné de leur avoir versé en 2013 et 2014 plusieurs millions d'euros — cinq millions selon l'accusation — afin de maintenir l'activité d'une cimenterie à Jalabiya, dans le nord de la Syrie, alors que les autres multinationales avaient quitté le pays dès 2012.

En juillet de cette année-là, les expatriés de LCS sont eux aussi évacués de Syrie et l'usine mise à l'arrêt. Pourtant, quelques semaines plus tard, cette dernière redémarre, avec les employés locaux restés sur place.

Bruno Pescheux, ancien directeur de la filiale syrienne de Lafarge de 2008 à l'été 2014, arrive au tribunal de Paris, le 4 novembre 2025
Bruno Pescheux, ancien directeur de la filiale syrienne de Lafarge de 2008 à l'été 2014, arrive au tribunal de Paris, le 4 novembre 2025 ( Dimitar DILKOFF / AFP/Archives )

"Il y avait une volonté des employés de montrer qu'ils étaient capables, sans le retour des expatriés, de redémarrer l'usine", explique Bruno Pescheux, l'ancien directeur général de la branche syrienne.

Ils prenaient pourtant de "gros risques", notamment en passant les barrages, observe la magistrate.

"Il a été mis en place par notre actionnaire syrien un système qu'on peut appeler une assurance que des passages aux +checkpoints+ des salariés Lafarge se passeraient bien", répond-il.

L'actionnaire minoritaire syrien, Firas Tlass, est au centre du dossier, ayant servi d'intermédiaire entre LCS et les groupes armés. Lui aussi renvoyé en procès par la justice française, il est toutefois absent aux débats et donc jugé par défaut.

"Ce système particulier avait été accepté par Lafarge avec l'idée aussi que ça n'allait pas durer longtemps", avance Bruno Pescheux.

Ce système prévoyait le versement d'argent pour d'une part financer l'acquisition d'intrants destinés à la production de ciment, tels que les hydrocarbures ou la pouzzolane, et d'autre part à assurer des "paiements de sécurité" et permettre aux employés de la cimenterie et aux marchandises de passer les "checkpoints".

Décortiquant méticuleusement tous les courriels et comptes rendus échangés entre les différents protagonistes, la présidente du tribunal Isabelle Prévost-Desprez appelle successivement, dans une espèce de valse continue, les prévenus à la barre pour les interroger sur tel ou tel point, puis les fait rasseoir avant de leur demander de revenir.

"Racket"

"Soit on se faisait taxer — c'était pas nouveau, ce système est généralisé au niveau de la Syrie — soit on fermait", déclare de son côté Christian Herrault, ancien directeur général adjoint de Lafarge, qui évoque un système de "racket". Un terme qui fait souvent tiquer la présidente, plusieurs messages faisant plutôt état de "négociations" ou d'"accords".

Christian Herrault (g), ancien directeur général adjoint de Lafarge, arrive au tribunal de Paris, le 4 novembre 2025
Christian Herrault (g), ancien directeur général adjoint de Lafarge, arrive au tribunal de Paris, le 4 novembre 2025 ( Dimitar DILKOFF / AFP/Archives )

En octobre 2013, des camions de LCS sont bloqués à un checkpoint et un mois plus tard, le groupe EI apparaît dans la liste des bénéficiaires des "donations" de LCS.

"On peut se laver les mains et partir, mais que seraient devenus les salariés de l'usine si nous étions partis ?", demande M. Herrault. "On avait le choix entre deux mauvaises solutions, la pire et la moins pire", ajoute-t-il. "Si on était partis", les groupes jihadistes "auraient démembré l'usine, vendu ou fait tourner l'usine", estime-t-il.

En juillet 2014, alors que l'EI a proclamé son califat, la situation devient plus violente et l'usine est une nouvelle fois à l'arrêt. Pour autant, l'objectif est de trouver un accord pour la "redémarrer, pour vider les silos" et éviter que la production ne tombe aux mains des jihadistes, ce qui leur aurait rapporté "dix fois plus que les donations", explique-t-il.

Selon M. Herrault, le PDG d'alors, Bruno Lafont, qui figure aussi parmi les prévenus, était parfaitement au courant de ces versements.

"Je n'ai jamais entendu, compris ou suspecté des paiements à des groupes terroristes jusqu'au 27 août 2014", dément le principal intéressé.

La cimenterie, finalement évacuée, tombera aux mains de l'EI mi-septembre 2014.

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