BNP Paribas : quelle chute !
Inquiétudes sur les réserves du groupe après un verdict défavorable...

BNP Paribas tente de limiter ses pertes après avoir chuté de près de 11% à la mi-journée, plombé par une affaire judiciaire. Un jury populaire américain a reconnu la banque française complice d'exactions au Soudan, alléguant qu'elle aurait contribué au financement du génocide dans le pays. Selon le verdict, l'établissement bancaire a organisé des transactions commerciales dont les recettes ont financé l'armée et les milices du régime.
Le jury a accordé 20,75 millions de dollars à trois plaignants de référence, sur plus de 23.000, indique 'Bloomberg Intelligence', ajoutant que cette décision accentuerait la pression sur le prêteur pour qu'il transige. "La banque continuera probablement à faire valoir ses arguments de défense lors des requêtes post-procès et en appel, mais la pression pour un accord transactionnel va s'intensifier, et pour des montants bien supérieurs à nos estimations", a déclaré Elliott Z. Stein, analyste contentieux senior, dans une note reprise par 'Bloomberg'. "Nous n'excluons pas un accord de quelques milliards".
"Ce verdict n'est que le début pour BNP Paribas. C'est un présage de poursuites similaires pour défendre les droits de victimes qui sont maltraitées par des terroristes ou par des gouvernements voyous ", a déclaré à l'Agence France-Presse Michael Hausfeld, l'un des principaux avocats des plaignants. Dans une déclaration envoyée à l'agence, un porte-parole de la banque s'est dit "fermement convaincu" que la décision du jury "ne doit pas trouver à s'appliquer au-delà des cas présents". "BNP Paribas considère que cette décision est manifestement erronée et dispose d'arguments très solides afin d'interjeter appel... Elle fait abstraction d'éléments de preuve essentiels qu'il n'a pas été permis à la banque de présenter lors du procès et repose sur une mauvaise interprétation du droit suisse".
Les analystes sont assez partagés sur le dossier. Cité par 'Bloomberg', Morgan Stanley indique ne prendre actuellement en compte aucun frais de justice dans son scénario de référence. La banque américaine estime toutefois les réserves de fonds propres de BNP paraissant faibles par rapport à celles de ses concurrents. "Le titre a besoin de clarté sur cette question avant de pouvoir connaître une réévaluation significative".
Dans le même sens, RBC souligne "un manque de visibilité sur l'impact financier potentiel et les prochaines étapes juridiques". Le capital de BNP laisse relativement peu de marge d'erreur et il est probable que cette affaire pèse sur le cours de l'action jusqu'à ce que le maché dispose d'une plus grande visibilité. Si le scénario d'un règlement massif est improbable, cette nouvelle est préjudiciable au titre, ajoute Alphavalue. "Un tel montant (ndlr : du verdict) accroît considérablement le risque de litige pour BNP". "Le niveau de risque pour BNP vient d'augmenter d'un cran, ce qui, combiné à la situation française, n'est pas une bonne nouvelle", souligne le spécialiste, faisant référence à la dégradation imprévue de la note souveraine de la France par S&P.
"La chute du cours de l'action BNP aujourd'hui, bien que probablement largement injustifiée, rappelle brutalement les risques de litiges pour les banques, même pour les petites activités ou celles abandonnées", affirme enfin Roberto Scholtes, directeur de la stratégie chez Singular Bank. Enfin, pour Alexandre Baradez, responsable de l'analyse marchés chez IG France, cette nouvelle "soulève également des inquiétudes quant à d'éventuelles amendes du gouvernement américain, comme cela s'est déjà produit par le passé".
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