Bilan hebdo : le CAC40 rechute avec la guerre commerciale

Rattrapé par la guerre commerciale menée par Donald Trump, le marché parisien retombe vers les 7.900 points. Sur cinq séances, le CAC40 qui était parvenu à résister ces dernières semaines lâche 1,58% à 7.916 points ce vendredi soir. En attendant la mise en place de droits de douane dits "réciproques" promis par Donald Trump, qui devraient être annoncés la semaine prochaine, le président républicain a dégainé jeudi en dévoilant de nouveaux tarifs douaniers de 25% visant les importations automobiles.

"(Donald) Trump a promis que ce sera difficile à court terme. Il tient parole. Il n'y a pas une journée où la volatilité ne bondit pas soudainement à cause d'une nouvelle déclaration de la Maison blanche, parfois infirmée quelques heures ou quelques jours plus tard", résume Christopher Dembik, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet AM.

Très attendu, l'indice des prix 'core PCE', l'indicateur d'inflation privilégié par la Réserve fédérale a montré que les prix ont augmenté plus que prévu en février. Un mauvais signe alors que les nouveaux droits de douane imposés par l'administration Trump ne devraient qu'accentuer la pression sur les prix. En Europe, la situation est différente. En atteste, les données de l'inflation publiées vendredi matin en France et en Espagne ressorties moins élevées que prévu...

L'actualité entreprises est plus limitée en cette fin mars même si de nombreuses S&Midcaps publient encore leurs résultats. Des comptes fortement sanctionnés chez Trigano, Guerbet ou encore Bénéteau. A l'inverse, Groupe Crit et Exail ont été plébiscités.

Sur le marché pétrolier, le baril de Brent de la mer du Nord prend environ 1,5% sur cinq jours, autour des 73,5$, signant une troisième semaine consécutive de hausse. La nervosité des marchés se reflète encore dans la hausse des prix de l'or, qui se négocie au plus haut, au-dessus des 3.080 dollars l'once. Du côté des devises, l'euro se maintient face au billet vert, autour des 1,083$ entre banques. Enfin, le Bitcoin se négocie sous les 84.000$.

LES VALEURS

* SES grimpe de 6,7%. L'opérateur luxembourgeois et SpeQtral ont signé un protocole d'accord (MoU) pour développer une station terrestre optique interopérable (OGS) afin d'établir une distribution de clés quantiques (QKD) par satellite à longue distance entre l'Asie et l'Europe. Aux termes de cet accord, le développement d'un OGS interopérable permettra à SES et SpeQtral de connecter les missions satellites QKD actuelles et futures des deux entreprises, facilitant ainsi l'accès et la diversification des services QKD longue distance pour les utilisateurs finaux en Asie, en Europe et vers d'autres futures stations sol compatibles dans le monde.

* Ubisoft gagne 4,4%. Le groupe a annoncé la création d'une filiale dans laquelle Tencent, actionnaire du groupe français, investira 1,16 milliard d'euros pour une participation minoritaire. La filiale dédiée, qui regroupera les marques phares de l'éditeur de jeux vidéo comme Assassin's Creed, Far Cry et Tom Clancy's Rainbow Six, est valorisée à une valeur d'entreprise "pre-money" de 4 milliards d'euros, impliquant un multiple de net bookings moyen sur les exercices 2023 à 2025 d'environ 4 fois. La finalisation de la transaction est prévue d'ici la fin de l'année 2025.

* Vivendi avance de 3,1%. Le groupe, qui a annoncé avoir réduit sa participation dans Telecom Italia (TIM) de 23,8% à 18,4%, pourrait rapidement se séparer du reste de l'opérateur télécoms... Selon 'La Stampa', citant des sources anonymes du secteur financier, le conglomérat pourrait ramener sa participation à environ 5% d'ici la fin du trimestre en cours. Vivendi a indiqué à plusieurs reprises son intention de céder sa participation dans TIM dans de bonnes conditions financières. "Lorsque nous serons en mesure de sortir de la société dans de bonnes conditions, nous le ferons", a encore indiqué le directeur général de Vivendi, Arnaud de Puyfontaine, lors de la présentation des comptes annuels de Vivendi. Vivendi, au capital de TIM depuis 2015, s'est vivement opposé à la vente du réseau fixe du groupe transalpin (cédé à un consortium dirigé par le fonds américain KKR), menant une vive bataille judiciaire avec l'ancien monopole italien de la téléphonie.

* Thalès prend 2,75%. Le groupe de Défense a bénéficié d'un renfort de poids dans la mesure où UBS a rehaussé à 'acheter' sa recommandation sur le titre. Les prévisions de la société, qui table sur une croissance organique de ses ventes de 6% à 7% par an à long terme, devraient s'avérer prudentes. Le broker relève ses estimations de BPA pour 2029 de 12% grâce à la hausse de 25% de ses estimations d'EBIT pour le segment Défense et Sécurité. L'objectif de cours est porté à 330 euros.

* TotalEnergies grignote 1,4%. Outre la remontée des cours pétroliers, le géant de l'énergie a été soutenu par une note de Citi qui est passé à l''achat' sur la valeur en remontant sa cible de 61 à 70 euros. Le groupe a par ailleurs annoncé avoir pris des décisions d'investissement pour 6 projets de stockage par batteries développés par Kyon Energy en Allemagne où la Compagnie a déjà 100 MW actuellement en construction. Ces projets totalisent 221 MW de nouvelles capacités de stockage et représentent un investissement de 160 millions d'euros. Leur construction a débuté fin 2024 pour une mise en service début 2026. Les batteries seront fournies en majorité par Saft, la filiale spécialisée de TotalEnergies dans les batteries de haute technologie notamment pour les renouvelables.

A l'inverse, Trigano chute de 15,6%, sanctionné après l'annonce de ventes en retrait au premier semestre et d'une rentabilité sous pression. Le spécialiste des véhicules de loisir a dégagé sur les six premiers mois de son exercice financier un chiffre d'affaires de 1,68 milliard d'euros, en repli de 16,5% à taux de change et périmètre constants. Au cours de la période, Trigano explique avoir adapté le niveau de sa production de véhicules de loisirs dans le but de retrouver des niveaux de stocks normatifs à la fois dans les usines et dans les réseaux de distribution. L'évolution du chiffre d'affaires, la politique de réajustement des marges, ainsi que la baisse de la production ont pesé sur la rentabilité du premier semestre. Le résultat opérationnel courant est attendu dans une fourchette de 8% à 9% du chiffre d'affaires, contre 12,8% un an plus tôt.

* Alstom abandonne encore 11,4% malgré le gain de deux beaux contrats. Le groupe ferroviaire a d'abord décroché un contrat de plus de 150 millions d'euros en Slovénie dans le cadre duquel il livrera 30 locomotives électriques multisystèmes Traxx Universal à SŽ - Tovorni promet (Chemins de fer slovènes - Transport de marchandises). La société a ensuite signé un contrat avec l'Office National des Chemins de Fer (ONCF) marocain, d'une valeur de 781 millions d'euros pour la fourniture de 18 trains à très grande vitesse Avelia Horizon. Cette commande a été enregistrée au quatrième trimestre de l'exercice fiscal 2024/2025.

* Bénéteau coule de 10,5%. Le plaisancier s'attend à une nouvelle baisse de la demande et, par conséquent, de ses ventes en 2025 après avoir accusé un net recul de son chiffre d'affaires en 2024. Le groupe a vu ses revenus reculer de 29,4% à 1,03 MdE alors que le résultat opérationnel courant s'est élevé à 75,9 ME, matérialisant une marge de 7,3%, en retrait de 6,8 points. Le Free cash-flow se limite à 1,9 ME sur l'exercice clos contre 67,9 ME en 2023. L'entreprise a choisi de ne pas donner de prévisions de résultats pour 2025, notamment en raison des "risques commerciaux et des négociations qui pourraient évoluer dans un sens un jour et dans l'autre le lendemain", a déclaré le DG, Bruno Thivoyon lors d'une conférence téléphonique. A moyen terme, le management vise un chiffre d'affaires de 1,5 MdE en 2028, par croissance organique, générant un ROC de l'ordre de 10%.

* Worldline cède 9,7%. HSBC a ramené sa cible de 6,5 à 6 euros tout en restant à 'conserver'. Les analystes sont globalement prudents sur le spécialiste des paiements, 17 recommandant de 'conserver' le titre (consensus 'Bloomberg'). 5 sont à l''achat' et 1 à la 'vente'. L'objectif moyen est fixé à 7,56 euros.

* Valeo (-9,6%), Forvia (-8,6%) et OPmobility (-7,5%). Les équipementiers ont souffert après l'annonce par Donald Trump de droits de douane de 25% sur les importations de véhicules aux Etats-Unis (et les pièces détachées), nouvelle étape dans la guerre commerciale déclenchée par le président américain.