Bilan hebdo : le CAC40 chute, emporté par la guerre commerciale

Semaine très volatile sur les marchés boursiers. A Paris, le CAC40 termine sur une baisse hebdomadaire de 2,3%, à 7.105 points ce vendredi soir. Après un très mauvais départ, l'indice national est remonté en flèche (comme les autres indices mondiaux) quand Donald Trump a annoncé une pause de 90 jours dans la mise en place de ses droits de douanes (sauf pour la Chine). Mais Pékin ne se laisse pas faire, et a annoncé vendredi des tarifs douaniers de 125% sur toutes les importations américaines... De quoi faire retomber le soufflé.

Les opérateurs s'inquiètent de l'impact de cette guerre commerciale sur la croissance américaine et mondiale, et, in fine, sur les résultats des sociétés. A ce titre, les commentaires des dirigeants d'entreprises seront particulièrement scrutés lors de la saison des trimestriels qui débute la semaine prochaine à Paris avec LVMH. A Wall Street, ce sont les financières qui ont ouvert le bal ce vendredi avec des comptes de bonne facture. Mais l'incertitude est à son maximum pour les prochains mois.

Les valeurs refuges telles que le yen, le franc suisse ou l'or profitent de cet environnement hostile tandis que le rendement des bons du Trésor à 10 ans continue à grimper au-dessus des 4,4%. "Le rôle traditionnel des bons du Trésor américain en tant que valeur refuge en cas de baisse des risques a été remis en question cette semaine en raison de l'incertitude de la demande étrangère", soulignent les analystes de Société Générale.

Sur le marché pétrolier, le baril de Brent de la mer du Nord perd plus de 3% sur cinq jours, autour des 63$. La nervosité des marchés se reflète encore dans la hausse des prix de l'or, qui se négocie au plus haut, au-dessus des 3.230 dollars l'once. Du côté des devises, l'euro s'envole et repasse la barre de 1,13$, sur un niveau plus observé depuis février 2022. Enfin, le Bitcoin retombe sous les 81.500$.

LES VALEURS

* Remy Cointreau reprend 5,8% avec Pernod Ricard (+2,5%). La Commission européenne a finalement exclu le bourbon de la liste des produits américains auxquels elle entendait imposer des droits de douane de 25% à partir du 16 mai en réponse aux droits de douane américains sur l'acier et l'aluminium européens. Le président américain Donald Trump avait menacé d'imposer des droits de douane de 200% sur les vins et spiritueux européens si le bourbon devait être inclus dans les contre-mesures de l'Union européenne. Remy Cointreau a par ailleurs annoncé la démission d'Eric Vallat de ses fonctions de directeur général. Après plus de 5 années passées à la tête de la direction générale du Groupe, Eric Vallat a décidé de se consacrer à un nouveau projet professionnel. Un processus de sélection est d'ores et déjà en cours pour désigner dans les plus brefs délais la personne qui lui succèdera.

* STMicroelectronics gagne 3,2% malgré la forte tension entre Rome et le spécialiste de semi-conducteurs. Le gouvernement italien a retiré son soutien à Jean-Marc Chery, DG de la société, et à son équipe de direction, a déclaré le ministre des Finances Giancarlo Giorgetti. Les tensions se sont exacerbées entre Rome et le groupe franco-italien après le rejet de la nomination de Marcello Sala à son conseil de surveillance, une décision que le ministre a qualifiée d'incompréhensible, très grave et inacceptable. Répondant à ces attaques, le Conseil de Surveillance de STM a exprimé son soutien renouvelé à Jean-Marc Chéry, Lorenzo Grandi et à l'équipe de direction, notamment dans leur capacité à exécuter la transformation dans une période difficile pour l'industrie des semiconducteurs.

* Orange résiste (+0,6%). L'opérateur télécoms profite de son profil défensif face à la guerre commerciale.

A l'inverse, * Stellantis chute de 12%, au plus bas depuis près de 5 ans. Le constructeur, qui reste pénalisé par la guerre commerciale et les taxes douanières visant le compartiment automobile, a présenté des facturations consolidées de 1,2 million d'unités au premier trimestre, en baisse de 9%. Un repli reflétant principalement le recul de la production en Amérique du Nord en conséquence d'une période prolongée de vacances en janvier, et en Europe Elargie l'impact conjugué de la transition vers de nouveaux produits et de la baisse des volumes de véhicules utilitaires légers (VUL). Le terme “facturations” décrit le volume de véhicules livrés aux concessionnaires, aux distributeurs ou directement par l'entreprise aux clients de détail et aux flottes, qui détermine la reconnaissance du revenu.

* Airbus et Safran reculent respectivement de 8% et 6,7%. Barclays a abaissé ses objectifs de cours dans le cadre d'une revue du secteur aérospatial européen. La banque britannique note que la hausse des droits de douane américains a affaibli le dollar, impactant la rentabilité à long terme des entreprises aéronautiques européennes. La plupart des ventes d'avions étant en effet libellées en dollars américains, la dépréciation réduit directement leurs bénéfices futurs. L'objectif sur Airbus est ramené de 205 à 190 euros tandis que celui sur Safran est abaissé de 300 à 275 euros.

* TotalEnergies (-8%) et Viridien (-16%) chutent dans le sillage des cours pétroliers.

* Kering cède 1,7%. La Deutsche Bank a dégradé le titre à 'conserver' en ciblant 205 euros. Le broker estime que la faiblesse des marchés boursiers et l'incertitude économique pourraient retarder la reprise de la demande de produits haut de gamme. La reprise du luxe au quatrième trimestre semble être une anomalie plutôt qu'une tendance, souligne la DB.

* Danone limite son repli à 1,5%. Malgré le fait que Danone réalise près d'un quart de son chiffre d'affaires en Amérique du Nord, les produits concernés sont moins sensibles aux hausses de prix avec une croissance tirée l'an dernier par les gammes hyper protéinées, les produits liés au café, les eaux ou la nutrition médicale.