L'AFP veut réformer son système d'expatriation pour faire des économies
La direction de l'AFP a annoncé vendredi une réforme du système d'expatriation des journalistes de l'agence de presse mondiale d'ici 2028 pour en réduire les coûts, aussitôt dénoncée par les syndicats comme un "projet de démolition".
Ce projet s'inscrit dans le cadre d'un plan d'économies annoncé cet été, dans un contexte de crise des médias. Le but est d'économiser 10 à 12 millions d'euros par an après 2026.
A court terme, l'Agence France-Presse a mis en place un plan d'incitation au départ à la retraite. Quarante-six salariés éligibles (journalistes et non-journalistes) y ont souscrit, contre un objectif de départ de 50 à 70. Il permet une économie de 2,9 millions d'euros sur un an à partir de 2027, selon la direction.
Cette dernière prévoit en outre de geler 20 postes de journalistes dans le réseau de l'AFP.
A plus long terme, la réforme de l'expatriation est la clé de voûte du plan d'économies. Le PDG de l'AFP, Fabrice Fries, en a présenté les grandes lignes jeudi au conseil d'administration puis vendredi en CSE (comité social et économique).
Le système actuel "relève d'une époque révolue" et "son coût a explosé", fait valoir la direction dans le document présenté au CA.
Selon elle, les avantages hors salaires dont bénéficient les expatriés coûtent "16,7 millions d'euros", l'équivalent "de près de 160 postes de journalistes travaillant en France".
Actuellement, 270 journalistes bénéficient de ces avantages d'expatriation (frais de logement, de scolarité pour les enfants), via deux statuts dits "siège" ou "régionaux".
La direction veut concentrer ces avantages uniquement sur certains postes à responsabilité, et basculer les autres en statut dit "local". Elle livrera davantage de détails lors d'un nouveau CSE le 23 janvier.
En contrepartie, elle prévoit une "augmentation des salaires locaux" dans les pays où ils "ne sont plus en phase avec le marché".
Dans un communiqué commun, l'intersyndicale (CGT, SNJ, SUD, FO, CFE-CGC, CFDT et CFTC) et la Société des journalistes (SDJ) ont dénoncé "un projet de démolition en règle de l'expatriation" et un "big bang pour l'Agence", annoncé "à une semaine de Noël".
Les syndicats et la SDJ "appellent les salariés à préparer une mobilisation pour le mettre en échec dès la rentrée".
Ils ont développé leur opposition au projet lors d'une assemblée générale organisée au siège parisien de l'AFP en début d'après-midi, suivie par quelque 300 personnes sur place et à distance en vidéo. Ils ont promis une nouvelle AG pour janvier.
L'AFP est l'une des trois agences mondiales d'information, avec AP et Reuters. Elle emploie 2.600 salariés (dont 1.800 journalistes) de 100 nationalités et fournit de l'information en six langues, en texte, photo, vidéo et image.
Elle jouit d'un statut particulier. Elle n'est pas une entreprise publique mais n'a pas d'actionnaires, et ses clients, dont l'Etat français, siègent à son conseil d'administration.
En 2024, l'AFP a dégagé un résultat net de 200.000 euros et un chiffre d'affaires de 326,4 millions d'euros.
Outre ses revenus commerciaux, elle reçoit de l'Etat français une compensation des coûts liés à ses missions d'intérêt général (118,9 millions d'euros en 2024).
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