Rétractation de Takieddine: la perspective d'un nouveau procès pour Nicolas Sarkozy
La menace d'un nouveau procès se précise pour Nicolas Sarkozy: le parquet national financier a demandé mardi le renvoi de onze personnes parmi lesquelles l'ex-président, son épouse Carla Bruni-Sarkozy, et la "papesse des paparazzis" "Mimi" Marchand dans l'affaire de la rétractation possiblement monnayée de l'intermédiaire Ziad Takieddine.
Dans ce dossier, en lien avec celui du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, pour lequel Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance, les parties vont désormais pouvoir faire leurs observations.
La décision de les renvoyer ou non devant le tribunal correctionnel revient au juge d'instruction chargé du dossier.
Les mis en examen sont soupçonnés d'avoir voulu tromper la justice en utilisant des moyens frauduleux pour innocenter Nicolas Sarkozy: un témoin, l'intermédiaire Ziad Takieddine (décédé en septembre 2025), avait retiré ses accusations de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007.
Avec une question, savoir si l'ancien président a avalisé ces manœuvres présumées pour obtenir fin 2020 la volte-face du principal témoin à charge contre lui. Deux mois plus tard, Takieddine incriminait à nouveau M. Sarkozy.
Association de malfaiteurs
Dans son réquisitoire définitif, rendu mardi, le parquet national financier requiert le renvoi de Nicolas Sarkozy pour "association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée" et "recel de subornation de témoin".
Interrogé par l'AFP, l'avocat de Nicolas Sarkozy, Me Christophe Ingrain, a indiqué n'avoir aucun commentaire à faire à ce stade, tout comme celui de Carla Bruni-Sarkozy, Me Paul Mallet.
Pour celle-ci, le renvoi est requis uniquement pour "l'association de malfaiteurs en vue de commettre une escroquerie en bande organisée", un non-lieu partiel ayant été requis pour le "recel de subornation de témoin".
Pour Michèle dite "Mimi" Marchand, le parquet demande le renvoi également pour "subornation de témoin" et "association de malfaiteurs en vue de corrompre des personnes exerçant des fonctions juridictionnelles au Liban".
Tous les trois encourent une peine maximale de dix ans de prison et 150.000 euros d'amende.
"Sauver Sarko"
L'affaire de la fausse rétractation du Franco-Libanais Ziad Takieddine, appelée opération "Sauver Sarko" par certains protagonistes, est liée au dossier principal du financement libyen de la campagne de 2007.
Dès mai 2012, Ziad Takieddine assurait à la presse que le financement de la campagne de l'ex-chef de l'Etat français par le défunt dictateur libyen, Mouammar Kadhafi, et de ses lieutenants, évoqué dès 2011, était "la vérité".
Nicolas Sarkozy avait en retour constamment vilipendé celui qu'il qualifiait de "grand manipulateur", connu pour ses déclarations fluctuantes.
En 2016, dans un retentissant entretien à Mediapart, Takieddine s'auto-incrimine: il affirme avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 "cinq millions d'euros" dans des valises lors de trois voyages entre Tripoli et Paris, remis en deux fois à Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, mais aussi à l'ancien chef de l'Etat lui-même.
Ces derniers avaient farouchement démenti. Ziad Takieddine avait été mis en examen dans cette enquête sensible.
L'ex-chef de l'Etat (2007-2012) a été condamné le 25 septembre à cinq ans de prison dans ce dossier. Il a passé 20 jours en détention à la prison parisienne de la Santé, un fait inédit pour un ex-président dans l'histoire de la République française.
M. Sarkozy a fait appel et doit être rejugé à partir du 16 mars 2026. L'ancien président avait vivement attaqué les juges après sa condamnation, dénonçant une décision motivée selon lui par la "haine" des magistrats à son égard.
Parallèlement au réquisitoire du Parquet national financier, dirigé par le magistrat Jean-François Bohnert, qui doit très prochainement quitter ses fonctions, des demandes d'annulation de la procédure et des mises en examen sont toujours en cours devant la cour d'appel de Paris, sans qu'une date d'audience ne soit encore fixée, a appris l'AFP de source judiciaire.
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