Nucléaire: Trump répète vouloir mener des essais, sans clarifier ses intentions exactes
Donald Trump a réitéré vendredi son intention de reprendre les essais d'armes nucléaires, sans toutefois lever l'ambiguïté sur ce qu'il entendait exactement par cette annonce qui a suscité inquiétude et protestations dans le monde entier.
Quand un journaliste de l'AFP lui a demandé s'il parlait de procéder à une explosion nucléaire souterraine, ce que les Etats-Unis ont fait pour la dernière fois en 1992, le président américain a répondu: "Je ne vais pas le dire".
"Vous le saurez très bientôt, mais nous allons procéder à des tests, oui. D'autres pays le font aussi. S'ils le font, nous le ferons aussi", a-t-il déclaré à bord de l'avion présidentiel Air Force One.
Jeudi, il avait annoncé avoir ordonné au Pentagone de "commencer à tester nos armes nucléaires sur un pied d'égalité" avec la Russie et la Chine.
Le doute demeure depuis - à dessein ou non - sur son propos: parle-t-il d'essais d'armes capables de porter une tête nucléaire ou bien de la détonation même d'une charge nucléaire?
Sa décision choc a suscité de vives protestations dans le monde. Dernier à réagir, l'Iran, accusé par les Occidentaux et Israël de développer l'arme atomique malgré ses démentis, a jugé que les Etats-Unis représentaient "le risque de prolifération le plus dangereux au monde".
C'est une "menace grave pour la paix et la sécurité internationales", a déclaré sur X le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi. "Le monde doit s'unir pour demander des comptes aux États-Unis".
"Dissuasion crédible"
Des survivants japonais des bombes d'Hiroshima et Nagasaki en août 1945, uniques occurrences de l'usage de l'arme suprême et symbole depuis du tabou militaire absolu, se sont joints aux protestations.
Les propos de Donald Trump vont "à l'encontre des efforts déployés par les nations pour construire un monde pacifique sans arme nucléaire et (sont) absolument inacceptables", a ainsi dénoncé l'organisation Nihon Hidankyo dans une lettre à l'ambassade des Etats-Unis au Japon.
A Kuala Lumpur, où il venait de rencontrer son homologue chinois, le ministre américain de la Défense Pete Hegseth a justifié vendredi la décision par la nécessité d'avoir une "dissuasion nucléaire crédible".
"Reprendre les essais est une manière assez responsable, très responsable de le faire", a-t-il estimé, sans lui non plus clarifier de quel type d'essais il s'agirait.
Aucune puissance n'a procédé officiellement à un essai nucléaire depuis trois décennies - à l'exception de la Corée du Nord (à six reprises entre 2006 et 2017). La Russie (alors Union soviétique) n'en a plus conduit depuis 1990 et la Chine depuis 1996.
Mais de nombreux pays, Etats-Unis en tête, effectuent régulièrement des tests de vecteurs - missiles, sous-marins, avions de chasse ou autres.
Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), la Russie dispose de 4.309 ogives nucléaires déployées ou stockées, contre 3.700 pour les Etats-Unis et 600 pour les Chinois. Ces chiffres excluent les ogives destinées à être démantelées.
"Escalade imprudente"
L'annonce de Washington intervient dans un contexte géopolitique incandescent, et alors que la rhétorique nucléaire revient périodiquement au premier plan depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.
Ces essais "ne doivent jamais être permis", a insisté jeudi Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres. "Nous ne devons pas oublier l'héritage désastreux des plus de 2.000 essais nucléaires menés ces 80 dernières années".
Washington est signataire du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (Tice). Procéder à une explosion nucléaire en constituerait une violation flagrante.
La décision de Donald Trump répond aux manoeuvres de Moscou: cette semaine, le président russe Vladimir Poutine s'est félicité de l'essai final réussi d'un missile de croisière d'"une portée illimitée", puis de celui d'un drone sous-marin, deux engins à propulsion nucléaire selon Moscou.
Mais le Kremlin a précisé jeudi qu'il s'agissait d'essais d'armes capables de porter une charge nucléaire et non de bombes elles-mêmes, disant espérer "que le président Trump en a été informé correctement".
Pékin, pour sa part, a émis le souhait que Washington respecte "sérieusement" ses obligations internationales et prenne "des mesures concrètes pour préserver le système mondial de désarmement et de non-prolifération".
La Campagne internationale pour l'abolition des armes nucléaires (Ican), prix Nobel de la paix en 2017, a jugé "pas claires" les intentions américaines et dénoncé "une escalade inutile et imprudente de la menace nucléaire".
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