Dépassée par Bardella, Le Pen réaffirme sa primauté
Surclassée par son dauphin dans les sondages, Marine Le Pen a encore martelé mardi qu'elle se présentera en 2027 "si (elle) peut être candidate", tout en vantant la "force de (son) duo" avec Jordan Bardella, appelé à la remplacer en cas d'empêchement judiciaire.
On ne change pas une équipe donnée gagnante. Jusqu'à nouvel ordre, c'est donc Marine Le Pen la titulaire et Jordan Bardella le suppléant. "Nous en avons décidé ainsi", a affirmé la patronne du Rassemblement national sur BFMTV et RMC.
Un "choix commun" pris avec son cadet, qui ne souffre aucune discussion. "Si je peux être candidate je le serai, si je ne peux pas être candidate, il le sera", a-t-elle développé. Parole de cheffe : "Il n'y a pas de primaire chez nous, donc les choses sont extrêmement claires.
La mise au point s'imposait pourtant, une semaine après un nouveau sondage fracassant pour le jeune président du parti à la flamme, donné gagnant de la prochaine présidentielle face à tous ses adversaires potentiels au second tour.
De quoi semer le trouble après les sorties fatalistes de la triple candidate à l'Elysée, assurant qu'elle ne se présenterait "évidemment pas" une quatrième fois si son procès en appel début 2026 (dans l'affaire des assistants parlementaires européens) confirmait sa peine d'inéligibilité.
Même pas proposée dans les intentions de vote, Mme Le Pen a d'abord feint de s'en amuser. "Ca ne me traumatise pas qu'un institut de sondage n'ait pas voulu me tester. Peut-être n'a-t-il pas assez d'argent (ou) pas assez de clients pour pouvoir tester les deux candidatures?", a-t-elle ainsi ironisé samedi depuis son fief du Pas-de-Calais.
Avant de s'offusquer mardi matin de "la manière dont les élites, une partie de la magistrature, les médias, maintenant les instituts de sondage cherchent à contourner les Français pour pouvoir imposer leurs vues (et) choisir les candidats".
Ce qui n'a pas empêché le parti de reprendre à son compte les résultats de l'enquête d'opinion, et de vanter "l'alternance (...) plébiscitée par une majorité de Français", visuels de ses deux têtes d'affiche à l'appui.
"Main dans la main"
Les spécialistes de l'opinion sont pourtant formels: M. Bardella a pris l'ascendant sur Mme Le Pen. Il y a six mois à peine, les deux étaient "quasiment à égalité", à présent "il la surclasse" observe Céline Bracq.
Non content de culminer à 39% de "cote d'adhésion" (contre 35% pour sa mentor), l'étoile montante du RN "creuse l'écart" chez les retraités (5 points d'avance chez les 65 ans et plus), les jeunes (+6 points chez les 25-34 ans) et surtout les sympathisants LR (63% contre 50% pour Marine Le Pen), détaille la directrice générale d'Odoxa.
"Il capte un peu plus de reports venus de la droite", confirme le patron d'Elabe, Bernard Sananès, qui constate sur la base d'études "qualitatives" que même dans l'électorat d'extrême droite, le favori ressort "en avance sur quasiment tous les traits d'image, avec un décalage net à son profit".
Consciente de cette situation, Mme Le Pen cherche à en tirer profit. "Il a une cote de popularité de plus en plus forte, je m'en réjouis", dit-elle, pour mieux mettre en avant "la force de (leur) duo" et promettre qu'ils "vont combattre ensemble".
Dans tous les cas de figure: si elle est candidate, "il sera mon Premier ministre", sinon "je serai son premier soutien", prévient celle que Matignon n'intéresse pas.
Jordan Bardella, lui, reste dans son rôle. Celui de "préparer notre mouvement à l'exercice des responsabilités" et de "créer les conditions du rassemblement le plus large possible", auquel "nous travaillons main dans la main avec Marine Le Pen", a-t-il déclaré dimanche sur CNews.
Message destiné autant aux électeurs qu'aux cadres. "Il y a un ticket, il est populaire dans l'opinion (...) on ne peut que s'en satisfaire", mais "aujourd'hui c'est Marine qui est candidate", a souligné le maire de Perpignan, Louis Aliot, mardi sur RTL.
Et si leur championne devait renoncer, "nous respecterons son choix", assure une autre cadre mariniste, certaine que Mme Le Pen "accompagnera" M. Bardella. "D'ailleurs, on le lui demandera".
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