Bilan hebdo : le CAC40 recule après l'élection de Trump

Il fallait être du bon côté de l'Atlantique cette semaine. Même si Wall Street a tendance à surperformer les bourses européennes, l'écart était criant ces derniers jours : pendant que New York enregistre sa meilleure semaine de l'année et évolue sur de nouveaux records (le S&P500 flirte avec les 6.000 points), le CAC40 abandonne 0,95% sur cinq séances, à 7.339 points ce vendredi soir. L'élection de Donald Trump explique évidemment cette divergence. Les opérateurs estiment que le programme pro-croissance du président nouvellement élu continuera à profiter aux entreprises américaines, notamment grâce aux baisses d'impôts et à la dérégulation de certains secteurs. A l'inverse, ses promesses de forte hausse des taxes douanières risquent de pénaliser les acteurs non-américains.

Du côté de la politique monétaire, la Fed n'a pas surpris en réduisant comme attendu ses taux d'un quart de point, ce mouvement faisant suite à un premier geste d'un demi-point en septembre. La décision de la Fed hier a été prise à l'unanimité. "L'activité économique continue de progresser à un rythme solide", a souligné la Banque centrale. L'institution a réitéré que les risques sur l'inflation et le marché de l'emploi étaient plus ou moins équilibrés. "La performance de l'économie américaine est remarquable", a précisé Jerome Powell, patron de la Fed. "Nous sommes plus confiants dans le retour de l'inflation à 2% (...) nous n'avons pas besoin d'un nouveau ralentissement du marché du travail pour atteindre cet objectif".

Sur le front des entreprises, les publications étaient encore très nombreuses à New York comme à Paris. Sur Euronext, ArcelorMittal et Aperam ont séduit. A l'inverse, Air France KLM, JC Decaux ou encore Legrand ont déçu.

Sur le marché pétrolier, le baril de Brent de la mer du Nord affiche une légère hausse hebdomadaire à 74$. L'once d'or retombe autour des 2.685$. Après une semaine très volatile, l'euro rechute sur les 1,0750$ face au billet vert alors que le Bitcoin évolue au sommet autour des 76.000$, porté par l''effet Trump'.

LES VALEURS

* Ayvens flambe de 14,1%, dopé par des bruits de couloir. La société de leasing automobile contrôlée par Société Générale susciterait l'intérêt de sociétés d'investissement telles que Blackstone, selon des personnes proches du dossier citées par 'Bloomberg'. Brookfield Asset Management et CVC Capital Partners étudieraient également le dossier alors qu'Ayvens vaut désormais environ 5,5 milliards d'euros en Bourse après que le titre eut chuté de près de 50% par rapport à son récent pic de début 2023. Le groupe spécialisé dans la location longue durée et dans la gestion de flotte automobile pourrait également susciter l'intérêt d'acteurs du secteur tels que JA Mitsui Leasing, selon les sources. Un des candidats au rachat d'Ayvens pourrait chercher à s'associer à la SocGen, qui en détient 53% du capital, afin de privatiser l'entreprise, estiment également certaines personnes. L'entreprise est présente dans 42 pays avec une flotte totale de 3,4 millions de véhicules, selon son site Web. Les délibérations sont en cours et rien ne garantit que les soumissionnaires potentiels décideront de passer à l'action.

* Viridien rebondit de 12,4%, après la victoire de Donald Trump. Le candidat républicain est perçu comme hostiles aux énergies renouvelables et a répété haut et fort son soutien aux producteurs de pétrole américains comme l'illustre un de ses slogans de campagne : "drill, baby, drill!". Le dirigeant a également promis de diviser par deux les factures d'énergie des Américains dès sa première année de mandat grâce à une dérégulation en faveur du secteur pétrolier et gazier.

* Pluxee prend encore 10%, toujours porté par la révision à la hausse de ses objectifs 2025 et 2026.

* Aperam grimpe de 9,8%, recherché après la publication de résultats supérieurs aux attentes et à ses propres prévisions, le groupe disant avoir été porté par un meilleur mix produits et le développement au Brésil. Aperam a réalisé un nouveau trimestre de bonne qualité, dépassant les attentes qui avaient déjà été revues à la hausse en octobre, note Oddo BHF.

* Thalès avance de 7,8% et Dassault Aviation s'octroie 6,5%, soutenus par le retour au pouvoir de Donald Trump. La présidence du candidat républicain renforce l'opinion positive de Morgan Stanley sur les valeurs de défense européennes, malgré son appel à un règlement négocié du conflit entre l'Ukraine et la Russie. MS affirme que l'Europe cherchera à réduire sa dépendance aux États-Unis, et que les demandes de dépenses de l'OTAN pourraient également grimper. Le " marché semble ignorer le risque à court terme et envisager une augmentation potentielle des dépenses de défense européennes à moyen terme ", soulignent les équipes de la banque américaine.

* Vicat prend 6,3% après l'annonce d'un chiffre d'affaires consolidé de 979 millions d'euros au troisième trimestre, en progression de +0,7% à périmètre et change constants mais en baisse de -6,6% en base publiée, impacté par l'évolution négative des taux de changes et par un effet de base défavorable. Le cimentier a confirmé ses perspectives pour 2024, visant une progression de l'Ebitda comprise entre 3% et 8%.

* ArcelorMittal (+6,2%) a fait état d'une baisse moins élevée que prévu de son résultat opérationnel au troisième trimestre, malgré un environnement de marché difficile marqué par la hausse des prix de l'acier. Le sidérurgiste a enregistré un Ebitda de 1,58 milliard de dollars, en repli de 26% sur un an, contre un consensus de 1,48 Md$. Le bénéfice net ressort à 287 M$ pour un chiffre d'affaires de 15,2 milliards de dollars, contre 16,62 milliards de dollars il y a un an et 15,23 Mds$ attendus. La production d'acier brut s'est élevée à 14,8 millions de tonnes sur la période et celle de minerai de fer à 10,1 millions de tonnes.

A l'inverse, * JCDecaux trébuche de 14,7%. Malgré un bon troisième trimestre, la prudence affichée par le management pour la fin d'exercice est sanctionnée par les opérateurs. Après une croissance organique de 11,1% sur les trois mois clos fin septembre, le numéro un mondial de l'affichage publicitaire a indiqué s'attendre à une croissance modérée à un chiffre (" low single-digit ") au quatrième trimestre. Il évoque notamment les "incertitudes macroéconomiques telles que les débats budgétaires en cours en France et au Royaume-Uni".

* Air France KLM chute de 11,7%. La compagnie aérienne a annoncé des résultats trimestriels inférieurs aux attentes, plombée par la hausse de ses coûts unitaires et l'effet JO. La perspective d'une hausse des taxes en France et à Schiphol l'an prochain inquiète également. "Le troisième trimestre a révélé des tendances contrastées pour le groupe Air France-KLM. Le chiffre d'affaires a continué de croître, porté par l'augmentation de notre offre et soutenu par une forte demande. Cependant, le résultat opérationnel a été significativement impacté par les Jeux olympiques de Paris, affectant Air France comme annoncé précédemment", affirme Benjamin Smith, directeur général du groupe franco-néerlandais.

* Solvay cède 9,6%, le secteur de la chimie étant jugé à risque après la victoire de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis... Le groupe a par ailleurs publié un chiffre d'affaires net du T3 de 1,16 milliard d'euros, en hausse organique de +3,9%, avec un impact positif des volumes pour le troisième trimestre consécutif, alors que les prix sont en baisse d'une année sur l'autre. L'EBITDA sous-jacent est resté stable à 259 millions d'euros (-0,3%), l'impact négatif modéré de l'effet net des prix étant compensé par l'impact positif des volumes. Solvay s'attend à ce que les tendances des 9 premiers mois se poursuivent au dernier trimestre 2024, avec quelques effets de saisonnalité potentiels à la fin de l'année. Dans ce contexte, Solvay confirme son objectif de croissance organique de l'EBITDA sous-jacent pour l'année entière de "-10 % à -15 %" et s'attend à se situer dans le haut de la fourchette.

* Nexans abandonne 8,7%. Bank of America a dégradé le câblier à 'sous-performer' afin de prendre en compte l'incertitude accrue autour des perspectives du marché américain des énergies renouvelables, " d'autant plus que la dynamique des bénéfices stagne". Selon les estimations de la banque, environ 10% du carnet de commandes de Nexans concerne l'éolien offshore américain, mais ce dernier pourrait représenter plus de 25% du carnet, qui est actuellement supérieur à 13 milliards d'euros. Le groupe a par ailleurs conclu un accord en vue de la cession à Mattr d'AmerCable, producteur majeur nord-américain de câbles d'alimentation, d'instrumentation et de contrôle pour les environnements hostiles, pour une valeur d'entreprise établie à 280 millions de dollars.

* Crédit Agricole recule de 6,7% malgré l'annonce d'un repli moins important que prévu de son bénéfice net au troisième trimestre. La banque a dégagé sur la période un profit net de 1,67 milliard d'euros, juste au-dessus des estimations des analystes, la performance record de la banque de financement et d'investissement (BFI) ayant compensé certaines activités de banque de détail. Néanmoins, ce chiffre est inférieur de 4,7 % à celui de l'année précédente en raison d'effets de base. Le produit net bancaire a progressé de 2,3% sur la période à 6,49 MdsE, contre un consensus de marché situé à 6,56 MdsE après la contraction de ses activités de banque de proximité en France et en Italie. Le coût du risque s'est établi à 433 ME, inférieur aux attentes. Bank of America a par ailleurs dégradé le titre de la banque verte à 'neutre', affirmant qu'il s'agit d'une " banque de qualité " mais que l'action manque de catalyseur.

* Legrand a été sanctionné (-6,5%) après un léger avertissement sur sa rentabilité. Le spécialiste mondial des infrastructures électriques et numériques du bâtiment a fait état d'un résultat net part du groupe de 833,7 ME sur neuf mois (-11%) pour un chiffre d'affaires de 6,229 MdsE, en recul de 1,2%. La marge opérationnelle ajustée est de 20,5%, en repli de 110 pb. 7 acquisitions ont été annoncées depuis le début de l'année, dont 4 dans les centres de données (datacenters), soit près de 350 ME de chiffre d'affaires additionnel sur un rythme annuel. Tenant compte des réalisations sur les neuf premiers mois de l'année ainsi que des perspectives macroéconomiques mondiales actuelles, et confiant dans son modèle de création de valeur intégrée, Legrand vise désormais un chiffre d'affaires organique et par acquisitions en légère croissance Low Single Digit (inchangé) et une marge opérationnelle ajustée de 20% à 20,4% après acquisitions, contre entre 20% et 20,8% avant acquisitions précédemment.