Wall Street : un puissant rebond, mené par le Nasdaq
Wall Street, malmené hier soir après les annonces de la Fed et surtout des commentaires peu engageants de Janet Yellen concernant le secteur bancaire,...

Wall Street, malmené hier soir après les annonces de la Fed et surtout des commentaires peu engageants de Janet Yellen concernant le secteur bancaire, rebondit aussi vite ce jeudi. Le S&P 500 remonte de 1,43% à 3.993 pts, le Dow Jones de 1,16% à 32.401 pts et le Nasdaq de 2,24% à 11.931 pts. Les opérateurs achètent donc aussi vite la faiblesse de la veille. Pourtant, rien n'est réellement résolu sur le segment bancaire, et la Fed se trouve confrontée à une situation délicate, prise entre ralentissement économique, perturbations financières, et poursuite d'une inflation élevée. Sur le Nymex, le baril de brut WTI prend 0,4% à 71,2$. L'once d'or gagne 1,8% à 1.985$. L'indice dollar fléchit de 0,1%.
Les inscriptions américaines au chômage ont légèrement diminué la semaine passée. Le Département américain au Travail a annoncé, pour la semaine close au 18 mars, des inscriptions nouvelles au chômage au nombre de 191.000, en repli de 1.000 par rapport à la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 197.000. La moyenne à quatre semaines s'établit à 196.250, en baisse de 250. Enfin, le nombre de chômeurs indemnisés sur la semaine close le 11 mars atteint 1,694 million, en hausse de 14.000 sur sept jours (1,684 million de consensus).
L'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago pour le mois de février s'est affiché à -0,19, contre +0,18 de consensus. Il signale une croissance inférieure à la normale...
La balance des comptes courants du quatrième trimestre 2022 s'est affichée déficitaire de près de 207 milliards de dollars, contre 213 milliards de consensus et 219 milliards pour la lecture révisée du trimestre antérieur.
D'après le rapport du jour, les ventes américaines de logements neufs du mois de février 2023 sont ressorties sur un rythme de 640.000, proches du consensus FactSet qui se situait à 643.000. La lecture révisée du mois antérieur se situe à 633.000, contre 670.000 précédemment évalué.
Wall Street était retombé rapidement hier soir, après le verdict monétaire sans surprise de la Fed et une intervention de la Secrétaire au Trésor Janet Yellen laissant peu d'espoir de garantie générale des dépôts bancaires. Nasdaq et Dow Jones avaient ainsi reperdu environ 1,6% en fin de journée. La Fed a comme attendu relevé sa fourchette entre 4,75 et 5% sur le taux des 'fed funds', soit une augmentation d'un quart de point votée de manière unanime, en ligne avec le consensus de place, face à une inflation toujours pesante.
Ainsi, relativisant la crise bancaire, la Fed a relevé ses taux au plus haut depuis octobre 2007. La banque centrale américaine note que l'inflation reste élevée et indique qu'elle demeure très attentive aux risques d'inflation. Elle juge dans le même temps "sain et résilient" le système bancaire, relativisant les effondrements récents de Silicon Valley Bank et Signature Bank. La banque centrale US admet tout de même que les récents événements devraient se traduire par des conditions de crédit plus serrées pour les ménages et les entreprises, ce qui devrait peser sur l'activité économique, l'embauche... et espérons-le l'inflation. De manière notable, la Fed a abandonné dans son discours l'expression de "hausses de taux à venir", ce qui signale comme attendu que le cycle de resserrement monétaire touche très probablement à sa fin.
Les responsables de la Fed entendent surveiller attentivement les informations futures et en mesurer les implications en termes de politique monétaire. Le Comité de politique monétaire "prévoit qu'un resserrement supplémentaire de la politique pourrait être approprié afin d'atteindre une orientation de la politique monétaire suffisamment restrictive pour ramener l'inflation à 2% au fil du temps", ce qui pourrait signaler encore une hausse d'un quart de point, mais sans doute pas plus. Les responsables de la Fed s'attendent à poursuivre le QT, resserrement monétaire quantitatif, ou réduction du bilan de la Fed.
Les responsables de la Fed n'ont pas modifié le niveau de hausse des taux qu'ils prévoient, maintenant les taux d'intérêt de pointe pour cette année dans une fourchette de 5 à 5,25%, comme prévu en décembre. Sept responsables voient des taux possiblement supérieurs à 5,25% cette année, un membre voyant même les taux atteindre 6%. Aucun responsable ne prévoit de baisse des taux cette année. Jerome Powell a confirmé cette posture durant sa conférence de presse, excluant pour l'heure un assouplissement cette année...
En termes de perspectives économiques, les responsables de la Fed ont précisé que les gains d'emplois avaient augmenté ces derniers mois et se déroulaient à un rythme soutenu, les prévisions de la Fed étant d'un taux de chômage de 4,5% en fin d'année, contre 4,6% précédemment attendu en décembre. L'inflation devrait terminer cette année à 3,6% selon la Fed, au-dessus des 3,5% projetés en décembre, tandis que la croissance devrait s'établir à seulement 0,4%, en baisse par rapport au niveau de 0,5% prévu précédemment.
Powell a aussi commenté hier soir la situation sur le secteur bancaire, tentant de rassurer. Selon lui, la Silicon Valley Bank a "gravement échoué" et serait une sorte d'aberration à ne pas généraliser, dans un système bancaire par ailleurs sain. Le patron de la Fed a ainsi évoqué le très haut niveau de dépôts non assurés de la banque et son portefeuille obligataire, des faiblesses qui ne seraient "pas du tout" généralisées dans le système bancaire.
Alors que la Fed et le Trésor US avaient rapidement réagi, avec la FDIC, en assurant la garantie de tous les déposants de la SVB et de Signature Bank, Yellen a séparément fait vaciller le secteur en bourse hier en laissant entendre que l'administration américaine n'étudiait pas de garantie générale étendue. Alors que Powell a souligné hier que les économies des déposants étaient en lieu sûr dans le système bancaire, Yellen a adopté simultanément un ton beaucoup plus dur. Les régulateurs US n'envisageraient ainsi aucun plan pour assurer tous les dépôts bancaires américains sans l'approbation du Congrès, a déclaré mercredi la secrétaire au Trésor aux membres d'un sous-comité des crédits du Sénat.
Les valeurs
Accenture (+7%) bondit à Wall Street suite à sa publication trimestrielle. Le groupe a dévoilé des bénéfices et des revenus supérieurs aux attentes de marché, tout en affichant une guidance relativement prudente du fait de plus faibles dépenses technologiques. Ainsi, le groupe abaisse ses estimations annuelles de revenus et de rentabilité. Il annonce aussi sa décision de réduire de 2,5% ses effectifs, ce qui représente... 19.000 postes. Pour son deuxième trimestre fiscal juste clos, le groupe a affiché des revenus de 15,8 milliards de dollars en augmentation de 5% en dollars et de 9% en devises locales. Le 'new bookings' atteint un record de 22,1 milliards, en augmentation de 13%. Le bénéfice ajusté par action progresse de 6% à 2,69$.
Plus de la moitié des licenciements affecteront le personnel des fonctions d'entreprise non facturables, a déclaré Accenture. Le groupe s'attend désormais à une croissance annuelle des revenus comprise entre 8 et 10%, par rapport à la projection précédente de 8 à 11%. La marge opérationnelle ajustée est désormais attendue entre 15,3 et 15,5%, tandis que le bpa ajusté est anticipé entre 11,41 et 11,63$. En revanche, le cash flow opérationnel est attendu plus important, entre 8,7 et 9,2 milliards de dollars, pour un free cash flow allant de 8 à 8,5 milliards.
KB Home (+8%), le promoteur immobilier américain, a battu le consensus hier soir pour son premier trimestre fiscal 2023. Le groupe est parvenu à dégager un bénéfice ajusté par action de 1,45$, à comparer à un consensus... de 1,05$ et un niveau de 1,47$ un an plus tôt. Les revenus ont totalisé quant à eux 1,38 milliard de dollars sur ce trimestre clos en février, 6% de plus que le consensus de marché, alors qu'ils se situaient à 1,4 milliard de dollars un an auparavant. Le bénéfice net consolidé a été de 125 millions de dollars. Le groupe fait aussi état d'une nouvelle autorisation de rachat d'actions de 500 millions de dollars. Pour l'exercice 2023, le groupe envisage des revenus immobiliers allant de 5,2 à 5,9 milliards de dollars, un prix moyen de vente dans une fourchette de 480.000 à 490.000$, et une marge d'exploitation allant de 10 à 11%.
Chewy (-7%), détaillant américain en ligne actif dans les aliments et produits pour animaux de compagnie, recule à Wall Street. Le groupe a pourtant dépassé les attentes de marché pour le quatrième trimestre. Le bénéfice ajusté par action est ressorti positif de 16 cents, contre -12 cents de consensus et -11 cents un an auparavant. Les revenus ont totalisé 2,71 milliards de dollars sur ce trimestre clos en janvier 2023, 2% de mieux que le consensus. Ainsi, le groupe a réalisé une croissance de 13,4% en glissement annuel, pour une marge brute améliorée de 270 points de base à 28,1% et un bénéfice net de 6 millions de dollars - comprenant des dépenses de compensations en actions de 50 millions. La marge d'Ebitda ajusté a augmenté de 460 points de base à 3,4%. La pression sur le titre en bourse s'explique par une baisse de 1,2% du nombre des clients actifs, à 20,4 millions, et une guidance de marge d'Ebitda ajusté 2024 stable ou en baisse de 50 points de base.
Coinbase, la plateforme américaine d'échange de cryptomonnaies, dévisse de 13% à Wall Street. La Securities & Exchange Commission (SEC), gendarme des marchés financiers aux États-Unis, a menacé de poursuivre Coinbase Global concernant certains des produits de la plateforme, faisant par ailleurs monter ainsi la pression sur le secteur. "Nous avons demandé à la SEC des règles cryptos raisonnables pour les Américains. Nous avons reçu des menaces légales à la place", titre Coinbase. Ainsi, la SEC a adressé au groupe une 'Wells notice' concernant une partie indéfinie de ses actifs numériques répertoriés, son service de staking Coinbase Earn, Coinbase Prime et Coinbase Wallet "après une enquête sommaire", explique la plateforme. "Nous sommes préparés à cette évolution décevante. Nous sommes confiants dans la légalité de nos actifs et services, et si nécessaire, nous nous félicitons d'un processus juridique pour apporter la clarté que nous avons préconisée et pour démontrer que la SEC n'a tout simplement pas été juste ou raisonnable en ce qui concerne son engagement sur actifs numériques", indique le groupe.
Boeing (+2%). Japan Airlines a privilégié le 737 MAX à l'A320neo pour le renouvellement d'une partie de sa flotte à fuselage étroit. La compagnie nippone va acquérir 21 appareils dans le cadre d'un accord de 2,5 milliards de dollars au prix catalogue. Le président de JAL, Yuji Akasaka, a déclaré à la presse que la société avait l'intention d'intégrer les nouveaux avions à partir de 2026. Le rayon d'action et l'efficacité énergétique du 737 MAX réduiront les émissions de carbone de 15% par rapport aux avions qu'ils remplacent, a-t-il souligné. "Je pense que c'est un avion à très haut potentiel".
Ford (+2%), le constructeur automobile américain, prévoit que son activité dédiée aux véhicules électriques perde 3 milliards de dollars cette année, mais se dit toujours en bonne voie pour atteindre... en 2026 une marge avant imposition de 8% sur cette activité. Le groupe a aussi annoncé une réorganisation de ses activités et de son reporting financier, utilisant les segments d'activité Ford Blue (véhicules essence et hybrides), Ford Model e (véhicules électriques) et Ford Pro (produits commerciaux et services). Ainsi, le groupe entend transformer sa manière de penser, de prendre des décisions et de mener la compagnie, ainsi que d'allouer ses capitaux.
General Mills (+3%) gagne du terrain à Wall Street, alors que le groupe alimentaire américain a renforcé ses estimations annuelles en marge de sa publication du troisième trimestre fiscal. Sur le trimestre clos, le groupe a affiché des revenus en augmentation de 13% à 5,1 milliards de dollars, ainsi qu'une croissance organique de 16%. Le profit opérationnel a décliné de 10% à 730 millions de dollars, alors que le profit opérationnel ajusté a augmenté de 20%. Le bpa dilué ajusté a progressé de 17% à devises constantes à 97 cents.
Darden Restaurants (-1%), la chaîne américaine de restauration, a offert des prévisions de revenus assez solides et fait état pour son troisième trimestre fiscal de ventes totales de 2,8 milliards de dollars, en augmentation de 14%, avec une expansion de 11,7% à comparable. Le bénéfice net dilué par action s'est apprécié de 21% à 2,34$.
Block s'effondre de 13% à Wall Street, alors que le groupe de services de paiements de Jack Dorsey est la cible des vendeurs à découvert d'Hindenburg Research, qui viennent de dévoiler leur position 'short'. Hindenburg, comme à son habitude, ne se contente pas de sa position vendeuse et y joint un rapport plutôt accablant, du moins s'il se révèle exact. Ainsi, la firme accuse Block de surévaluer ses chiffres d'utilisateurs et de sous-estimer au contraire ses coûts d'acquisition client.
Charles Schwab (stable), l'un des établissements financiers les plus malmenés en bourse à Wall Street depuis deux semaines et l'accélération de la crise bancaire, a repoussé les craintes actuelles relatives aux pertes non réalisées et au risque de 'bank run'. Dans une interview accordée au Wall Street Journal, le directeur général de Schwab a même déclaré que le géant du courtage et de la finance... pourrait continuer à fonctionner même s'il perdait la plupart de ses dépôts au cours de l'année prochaine. "Il y aurait une quantité suffisante de liquidités pour couvrir même si 100% des dépôts de notre banque s'enfuyaient", a ainsi lancé Walt Bettinger, coprésident du conseil d'administration et directeur général de Schwab.
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