Wall Street : un 'bull market', vraiment ?
Wall Street poursuit sur sa lancée ce vendredi, les principaux indices étant orientés encore dans le vert...

Wall Street poursuit sur sa lancée ce vendredi, les principaux indices étant orientés encore dans le vert. Le S&P 500 gagne 0,62% à 4.076 pts. Le Dow Jones affiche une hausse de 0,54% à 33.037 pts, tandis que le Nasdaq remonte de 0,83% à 12.113 pts. Les opérateurs semblent avoir vite surmonté leur stress bancaire récent, et s'accrochent à quelques signes d'apaisement de l'inflation, avec aujourd'hui l'indice 'core PCE' américain et plusieurs indicateurs européens moins dramatiques que redouté. Les marchés notent également que le Nasdaq 100 vient d'entrer techniquement en zone de "bull market", puisqu'il a regagné près de 22% depuis le 28 décembre. On serait donc dans la définition technique du "bull market", qui correspond à un gain de 20% sur un plancher de marché baissier.
D'après le rapport gouvernemental du jour aux États-Unis, les revenus personnels des ménages américains pour le mois de février 2023 sont ressortis en augmentation de 0,3% en comparaison du mois antérieur, en ligne avec le consensus FactSet, tandis que les dépenses personnelles se sont améliorées de 0,2% seulement, deux fois moins que la hausse anticipée de 0,4%. Un mois plus tôt, les revenus personnels avaient augmenté de 0,6% et les dépenses de 2%. L'indice des prix 'core PCE' rattaché aux dépenses a quant à lui affiché une hausse de 0,3% en comparaison du mois antérieur, contre 0,4% de consensus et 0,5% un mois plus tôt. Il s'agit donc plutôt d'une bonne surprise, sur cet indicateur d'inflation très suivi par la Fed. L'indice traduit une augmentation des prix "core" (ajustée) de 4,6% sur un an contre 4,7% de consensus.
L'indice manufacturier PMI de Chicago du mois de mars 2023 est ressorti à 43,8, toujours en zone de contraction sous les 50, mais supérieur au consensus FactSet qui se situait à 43,6 et au niveau du mois de février qui était de 43,6 également.
L'indice final du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan pour le mois de mars s'est affiché à 62, contre 63,4 de consensus FactSet et 63,4 également en lecture préliminaire.
Les responsables de la Fed étaient de la fête hier à Wall Street, mais leur discours est resté très prudent. Dans une allocution au NABE, la présidente de la Fed de Boston, Susan Collins (non-votante), a fait valoir que l'inflation restait trop élevée et qu'il restait du travail à faire pour la ramener vers l'objectif de 2%. Elle a noté que les données récentes montraient plus de vigueur dans l'économie sous-jacente que beaucoup ne l'avaient prévu, mais aussi qu'il était peut-être encore trop tôt pour voir le plein effet de la politique restrictive des taux d'intérêt. Et même si elle a déclaré que le système bancaire américain était "solide et résilient", les tensions sur le secteur financier ont accru l'incertitude entourant une politique monétaire appropriée. Elle estime enfin qu'il pourrait y avoir un resserrement supplémentaire de la politique avant que la Fed ne fasse une pause jusqu'à la fin de l'année.
Ailleurs, le président de la Fed de Richmond, Thomas Barkin (non-votant), a déclaré lors d'un événement en Virginie que la politique monétaire devrait être agile compte tenu de la dynamique actuelle de l'inflation et des inquiétudes concernant la contagion bancaire, et que l'éventail des résultats potentiels était large.
Enfin, Neel Kashkari, le président de la Fed de Minneapolis, estime encore nécessaire de relever les taux et juge que la Fed perdrait en crédibilité si elle abandonnait son objectif d'inflation de 2%. Ainsi, Kashkari confirme qu'il reste plus de travail à faire concernant l'inflation, afin de ramener cette dernière vers l'objectif. Il n'a pas spécifié cependant de combien les taux devaient encore être rehaussés pour y parvenir.
Les fans de la Fed pourront encore suivre ce vendredi les interventions de John Williams et Lisa Cook.
Selon l'outil FedWatch en temps réel du CME Group, la Fed pourrait encore relever ses taux de 25 points de base le 3 mai, à l'issue de la prochaine réunion, la probabilité de cette hypothèse se situant à 51%, contre 49% de chances d'un statu quo. Pour la réunion suivante, des 13 et 14 juin, l'hypothèse dominante est celle d'une fourchette allant de 5 à 5,25% sur le taux des 'fed funds' (51% de probabilité).
La Maison Blanche devrait chercher à établir des règles plus strictes concernant les banques régionales, suite à la crise récente. Le Washington Post rapporte que l'administration américaine devrait appeler les régulateurs à imposer de nouvelles règles aux banques de taille moyenne dans le but de rétablir les règles annulées dans la loi bancaire de 2018, y compris des exigences de capital et de trésorerie immédiates plus élevées, ainsi que des tests de résistance plus fréquents. Cependant, il est peu probable que la Maison Blanche demande au Congrès d'abroger la législation de 2018...
Ces développements interviennent alors que les responsables de la Fed, du Trésor US et de la FDIC ont tous déclaré cette semaine qu'ils soutenaient une réglementation plus stricte sur les banques de plus de 100 milliards de dollars d'actifs, y compris le président de la FDIC, Martin Gruenberg, qui a affirmé que l'échec de SVB et de Signature Bank n'était pas systémique en vertu des dispositions réglementaires existantes et que les banques aux dépôts de 100 milliards de dollars ou plus méritaient une attention particulière.
Les analystes de Goldman Sachs ont noté que les décideurs politiques pourraient finalement augmenter la limite d'assurance des dépôts au-dessus des 250.000$, bien que toute nouvelle décision du Congrès demeure incertaine sur le sujet. Raymond James a noté que la Fed avait le pouvoir discrétionnaire de mettre en oeuvre de nouvelles règles compte tenu des exigences "sur mesure" de la loi de 2018, ce qui pourrait conduire à de nouvelles exigences de TLAC (capacité totale d'absorption des pertes) de la dette à long terme et à des normes de liquidité améliorées, et a déclaré que les législateurs pourraient adopter des réformes de surveillance compte tenu notamment du cas SVB.
Après les défaillances de la Silicon Valley Bank et de Signature Bank aux États-Unis, la Secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a indiqué hier que les règles étaient effectivement devenues trop souples pour les banques. Ainsi, Yellen juge incomplets les efforts pour protéger la stabilité financière. Rappelons que les autorités américaines de la Fed, de la FDIC et du Trésor US ont dû intervenir en urgence ce mois pour secourir les banques, suite aux effondrements de SVB et de Signature Bank, qui ont provoqué une vague massive de retraits et de transferts des dépôts des banques régionales vers les grandes banques 'systémiques'.
Les valeurs
Tesla (+3%). Elon Musk, l'emblématique et fantasque patron du constructeur texan de véhicules électriques, prévoit selon Reuters de se rendre en Chine dès le mois prochain. Il souhaiterait à cette occasion rencontrer le Premier ministre chinois Li Qiang, d'après deux sources de Reuters au fait des préparatifs. La Chine reste un élément essentiel de la stratégie du groupe, puisque le pays est le deuxième marché de Tesla et que l'usine de Shanghai est son plus important centre de production. Il s'agirait de la première en Chine de Musk depuis le début de la pandémie...
Tesla envisage aussi de construire une usine de batteries aux États-Unis, selon des personnes proches du dossier citées cette fois par Bloomberg. Le projet entrerait dans le cadre d'un accord avec le principal fabricant chinois de batteries de véhicules électriques, Contemporary Amperex Technology Co. Ltd. Tesla aurait discuté de ces plans impliquant CATL avec la Maison Blanche ces derniers jours. Les représentants de Tesla auraient demandé des éclaircissements sur les règles de la loi sur la réduction de l'inflation que l'administration Biden finalise cette semaine.
Netflix (+1%) va réduire sa production de films et consolider ses unités cinématographiques, selon Bloomberg, citant le géant du streaming. La firme combinera ses activités de réalisation de films dans le but d'atteindre l'objectif du dirigeant des opérations cinéma Scott Stuber de réduire la production afin d'améliorer la qualité. Netflix rapprochera donc des unités de production d'images de petite et moyenne taille, un changement qui entraînera des licenciements et les départs de deux de ses cadres les plus expérimentés. Lisa Nishimura, qui a dirigé Netflix dans la comédie stand-up et les documentaires originaux, partira après plus de 15 ans au sein de l'entreprise. Ian Bricke, vice-président au sein de l'activité cinéma, quittera aussi Netflix après plus d'une décennie au sein du géant du streaming.
BlackBerry (+14%) a publié hier soir, pour son quatrième trimestre fiscal, une perte ajustée par action de 2 cents à comparer à un profit d'un cent un an plus tôt. Le déficit est en fait un peu moins lourd que prévu sur la période close, mais les revenus ressortent quant à eux à 151 millions de dollars seulement, contre 185 millions un an plus tôt et 157 millions de dollars de consensus. Les revenus IoT ont été de 53 millions, alors que ceux de cybersécurité se sont élevés à 88 millions de dollars. Sur l'ensemble de l'exercice décalé 2023, la star déchue des assistants personnels a affiché des revenus de 656 millions de dollars et une perte ajustée par action de 18 cents. John Chen, président exécutif et directeur général de l'affaire, souligne que BlackBerry maintient une claire concentration sur la rentabilité et l'atteinte d'un cash flow positif.
Rumble (+5%), la plateforme canadienne de partage de vidéos, cotée à Wall Street, a publié des revenus record pour le quatrième trimestre et l'exercice 2022. Les revenus du seul quatrième trimestre ont grimpé de... 579% en glissement annuel à 20 millions de dollars, alors que les revenus annuels ont quadruplé. Le nombre moyen d'utilisateurs actifs mensuels a progressé de 142% en comparaison du quatrième trimestre 2021, pour atteindre les 80 millions. Notons tout de même que la perte des opérations ressort massive, à 19,2 millions de dollars sur le trimestre clos contre 8,5 millions de dollars un an plus tôt. La perte annuelle 2022 des opérations totalise 35,6 millions de dollars. La perte nette pour l'exercice atteint 11,4 millions de dollars, alors que les revenus s'élèvent à 43,7 millions de dollars.
Verizon (stable). L'administration fédérale américaine de l'aviation civile a attribué à l'opérateur un contrat de 2,4 milliards de dollars sur 15 ans pour la conception, la construction et l'exploitation de la nouvelle plateforme de communication de nouvelle génération de l'agence.
Virgin Orbit, la société de Richard Branson fournissant des services de lancement de satellites, plonge de plus de 40% ce vendredi à Wall Street. Le groupe va en effet cesser ses opérations dans un futur prévisible, faute d'avoir pu sécuriser une ligne de financement. C'est du moins ce qu'a annoncé Dan Hart, directeur général de l'affaire, aux employés, selon des commentaires relayés notamment par CNBC. Virgin Orbit va licencier pratiquement tous ses employés, à l'exception d'une petite centaine de personnes. Hart aurait ainsi indiqué, selon CNBC, que le groupe n'avait d'autre choix que d'implémenter des changements immédiats et extrêmement douloureux. Les licenciements affecteront toutes les équipes et départements. Dans une déclaration à la SEC, le groupe mentionne 675 suppressions de postes.
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