Wall Street sous pression, avant les discussions sur le plafond de la dette
Wall Street s'affiche incertain ce mardi, en retrait en attendant des nouvelles des négociations sur le plafond de la dette américaine...

Wall Street s'affiche incertain ce mardi, en retrait en attendant des nouvelles des négociations sur le plafond de la dette américaine. Le S&P 500 perd 0,34% à 4.122 pts, le Dow Jones 0,51% à 33.179 pts et le Nasdaq 0,14% à 12.348 pts. Sur le Nymex, le baril de brut WTI fléchit de 0,3% à 70,9$. L'once d'or perd 0,8% à 2.007$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises de référence.
D'après le rapport du jour, les ventes de détail aux USA pour le mois d'avril 2023 se sont établies en augmentation de 0,4% seulement en comparaison du mois antérieur, contre +0,8% de consensus et -0,7% pour la lecture révisée du mois antérieur. Hors automobile, les ventes de détail s'affichent en hausse de 0,4% également, en ligne cette fois avec les attentes de marché. Enfin, hors automobile et essence, les ventes ont grimpé de 0,6%.
L'indice du marché immobilier américain de la National Association of Home Builders pour le mois d'avril 2023 s'est établi à 50, largement au-dessus du consensus de place qui était de 45. Un mois auparavant, cet indicateur était également situé à 45.
Les investisseurs continuent de suivre les progrès des pourparlers sur le plafond de la dette américaine à Washington, qui n'ont pas encore éliminé le risque d'un tout premier défaut américain. La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que le ministère pourrait manquer d'argent dès le 1er juin ou dans les semaines qui suivront. Les opérateurs restent nerveux avant une réunion entre le président Joe Biden et le président de la Chambre des Représentants Kevin McCarthy prévue ce jour à Washington. Yellen a tiré la sonnette d'alarme hier lundi, prévenant que si le Congrès n'avait pas relevé ou suspendu le plafond de la dette au début du mois prochain, cela pourrait causer "de graves difficultés aux familles américaines", les États-Unis pouvant faire défaut dès le 1er juin. La réunion ce mardi comprendra le chef de la majorité au Sénat Chuck Schumer, le chef de la minorité au Sénat Mitch McConnell et le chef démocrate à la Chambre Hakeem Jeffries. Cela fait suite à une réunion de la Maison Blanche la semaine dernière qui n'a pas réussi à produire de solution.
En outre, les responsables de la Fed seront très nombreux à s'exprimer durant la semaine et le ton récent est plutôt 'faucon', signalant la volonté de laisser les taux à un niveau durablement haut afin de lutter encore contre l'inflation. Raphael Bostic, John Williams, Loretta Mester et Lorrie Logan interviennent ce jour. Philip Jefferson et Lorrie Logan seront de la partie jeudi. La semaine se clôturera sur des interventions de John Williams et Jerome Powell.
Loretta Mester, présidente de la Fed de Cleveland, s'exprime à son tour ce mardi. Elle se refuse à commenter les perspectives monétaires à court terme, à quelques jours seulement de la réunion FOMC. Elle estime néanmoins que l'inflation élevée affiche des coûts à la fois sur le court et le plus long terme. Elle juge que les tendances actuelles montrent une possible croissance ralentie à plus long terme.
L'inflation demeure trop élevée, selon le président de la Fed de Chicago Austan Goolsbee, qui plaidait hier sur CNBC pour une poursuite du rééquilibrage, ajoutant qu'il s'agit d'exercer une extrême prudence "si nous voulons réduire l'inflation vers son niveau cible sans déclencher de récession". Goolsbee estime qu'il ne semble pas que la crise bancaire soit comparable à celle de 2008, alors que le 'stress' est concentré sur certaines parties du secteur financier. Il juge qu'une grande partie de l'impact de la hausse des taux doit encore se matérialiser. Ce membre votant a déclaré qu'une grande partie de l'impact des hausses de taux était encore à venir et que la Fed allait continuer de surveiller les données.
Sur CNBC également, Raphael Bostic de la Fed d'Atlanta (membre non votant) a déclaré qu'il ne prévoyait pas de baisse des taux cette année, même en cas de récession, et que son parti pris était d'augmenter les taux plutôt que de les réduire. Le patron de la Fed d'Atlanta a estimé hier que l'inflation américaine élevée suggérait qu'il pourrait y avoir besoin de relever encore les taux, alors qu'une politique appropriée consiste pour l'heure à attendre à observer les effets du resserrement déjà opéré. Bostic juge qu'il existe certes des risques de récession, mais que si nous connaissions une récession, elle ne serait ni longue ni profonde. Le responsable n'anticipe pas d'apaisement rapide de l'inflation, et ne voit donc pas de motif pour réduire les taux avant l'année prochaine.
Neel Kashkari, le président de la Fed de Minneapolis, s'exprimait aussi hier. Selon lui, le marché américain du travail n'est pas aussi dynamique qu'il y a neuf mois, mais demeure fort dans l'ensemble. Kashkari estime que la Fed a toujours du travail pour ramener l'inflation vers l'objectif des 2%. L'inflation est selon lui "bien bien trop élevée", même si elle commence à redescendre. Il ajoute qu'il ne faut pas se laisser berner par quelques mois de meilleures données. Il juge donc que la Fed doit "finir le travail", ce qui laisse entendre que la politique monétaire devra encore rester durablement restrictive. Kashkari ajoute qu'il estime qu'une fois cette période d'inflation élevée terminée, "nous reviendrons dans un environnement à faible inflation et faibles taux".
Enfin, Thomas Barkin, président de la Fed de Richmond (non votant) a déclaré au Financial Times que si l'inflation persistait ou s'accélérait, il n'y avait aucun obstacle dans son esprit à de nouvelles hausses des taux...
Selon l'outil FedWatch du CME Group, la probabilité est actuellement de près de 78% que la Fed laisse ses taux inchangés entre 5 et 5,25% à l'issue de sa prochaine réunion monétaire des 13 et 14 juin, contre 22% de probabilité d'une hausse de taux supplémentaire de 25 points de base.
Les valeurs
Baidu (+1%), le groupe internet chinois coté à Wall Street, a aisément dépassé les attentes pour le trimestre clos. Ainsi, les revenus pour ce premier trimestre 2023 ont totalisé 31,1 milliards de yuans ou 4,54 milliards de dollars, en croissance de 10% en glissement annuel. Le bénéfice d'exploitation ajusté a été de 936 millions de dollars. Le bénéfice net ajusté part du groupe a été de 834 millions de dollars, pour un bénéfice ajusté par ADS de 2,34$. Le consensus était logé à 1,79$ de bénéfice ajusté trimestriel par action pour 4,31 milliards de dollars de revenus. Au 31 mars 2023, la trésorerie, les équivalents de trésorerie, la trésorerie affectée et les placements à court terme s'élevaient à 194 milliards de yuans soit 28,25 milliards de dollars. Le flux de trésorerie disponible était de 4,5 milliards de yuans (661 millions de dollars).
"Au premier trimestre 2023, Baidu Core a réalisé une solide performance, avec une croissance des revenus en glissement annuel qui s'est accélérée par rapport aux trimestres précédents, soutenant l'amélioration de la marge opérationnelle grâce à l'effet de levier opérationnel", a déclaré Robin Li, cofondateur et DG de Baidu.
Sea Limited, le groupe de Singapour actif dans l'internet grand public et notamment le divertissement numérique ou le commerce en ligne, décroche de 12% à Wall Street suite à ses comptes trimestriels. Le groupe diversifié a raté les estimations de bénéfices pour le premier trimestre, après des provisions supérieures aux attentes pour pertes de crédit sur l'activité de services financiers numériques. Le groupe avait auparavant profité d'un boom de l'activité durant la pandémie. Pour le trimestre clos, Sea Limited a réalisé un bénéfice net de 87,3 millions de dollars, un Ebitda ajusté de 507 millions de dollars et des revenus de 3 milliards de dollars américains, en croissance de 4,9% en comparaison de l'an dernier. La provision pour pertes sur créances de son segment de services financiers numériques a augmenté de 120% pour atteindre 177 millions de dollars. Hors éléments, le bénéfice par action au premier trimestre a été de 15 cents par action, inférieur au consensus. Les revenus sont également un peu plus courts que prévu.
Home Depot (-2%), le géant américain de la distribution de produits d'équipement de la maison, a annoncé pour le trimestre clos des profits supérieurs aux attentes de marché mais des ventes décevantes. Le groupe réduit par ailleurs ses prévisions après ce premier trimestre contrasté. Home Depot s'attend désormais à ce que ses ventes à comparable diminuent de 2% à 5% au cours de l'exercice 2023, tandis qu'il prévoyait auparavant des ventes presque stables. Les analystes s'attendaient à une baisse des ventes comparables de 1% cette année. Le détaillant prévoit une baisse du bénéfice par action allant de 7 à 13% sur l'exercice, par rapport aux attentes antérieures d'une baisse à un chiffre 'moyen'.
Les ventes à comparable de Home Depot au premier trimestre ont diminué de 4,5% en glissement annuel, manquant le consensus. Les ventes totales ont été de 37,3 milliards de dollars, en repli de 4,2%. Les ventes US à comparable ont baissé de 4,6%. Le bénéfice net trimestriel a été de 3,9 milliards de dollars, contre 4,2 milliards pour la période comparable de l'an dernier. La société a enregistré un bénéfice de 3,82 dollars par action, légèrement meilleur que prévu.
Berkshire Hathaway (stable), la firme de Warren Buffett, a renforcé encore sa participation sur le dossier Bank of America au premier trimestre malgré la crise des banques régionales. Berkshire a aussi initié une nouvelle position sur Capital One Financial. A l'inverse, le conglomérat de Buffett a cédé pour 1,4 milliard de dollars de ses parts restantes de Bank of New York Mellon et d'US Bancorp... Berkshire réorganise ses participations sur le segment financier depuis trois ans, mais Bank of America demeure l'une de ses principales participations. En dehors d'Apple, qui domine le portefeuille de Berkshire, les deux plus grosses participations de la firme de Buffett sont ainsi Bank of America pour 29,5 milliards de dollars et American Express pour 25 milliards de dollars. La participation sur Apple représente quant à elle 158 milliards de dollars, le critère de diversification n'étant visiblement pas essentiel pour le conglomérat. La firme d'Omaha possédait 915,6 millions de titres du groupe californien de Cupertino à la fin du premier trimestre.
Capital One (+4%). Berkshire a aussi construit une participation pour 954 millions de dollars et 9,92 millions de titres sur le dossier Capital One au premier trimestre clos fin mars, et a ajouté 10,6 millions de dollars d'actions Ally Financial à son portefeuille. Berkshire a enfin vendu quelques actions Jefferies, pour à peine plus d'un million de dollars. La participation sur la banque Citigroup n'a pas été modifiée... Le dossier le plus réactif aux annonces est Capital One à Wall Street.
Bank of America (stable). Selon les déclarations de la firme à la SEC, gendarme des marchés boursiers américains, Berkshire détenait 179,4 millions de titres pour 22% du capital de Bank of America en fin de premier trimestre, soit une hausse de sa position au capital mais une baisse de 4 milliards de dollars en valeur - avec la baisse des cours. "J'aime Bank of America et j'aime ses dirigeants", avait résumé sobrement Buffett lors de la dernière assemblée générale de Berkshire à Omaha, dans le Nebraska.
Dans ses déclarations dévoilées hier soir, Berkshire a aussi révélé une participation modeste de 41 millions de dollars sur le concepteur de boissons alcoolisées Diageo, connu pour ses marques Guinness ou Johnnie Walker. Hors secteur financier ici encore, la firme s'est débarrassée de sa participation au capital de TSMC (Taiwan Semi) en cédant ses 8,3 millions de titres restants du fait d'inquiétudes géopolitiques liées à la Chine.
Sur ce premier trimestre, Berkshire était vendeur net d'actions. La firme a acquis pour moins de 3 milliards de dollars d'actions et en a vendu pour 13,3 milliards de dollars. La plus grosse cession US concerne le dossier du groupe pétrolier Chevron (35 millions de titres vendus), mais Berkshire possède encore 23,7% du capital d'Occidental Petroleum, conservant une forte exposition sur le segment. Parmi les autres éléments marquants pour Berkshire au premier trimestre, la firme a continué de réduire sa participation au capital du géant des jeux vidéo Activision Blizzard à 49,4 millions de titres, après avoir pris cette participation juste avant l'offre de rachat de Microsoft. Le groupe de Buffett a aussi allégé à 40 millions de titres son investissement sur General Motors.
Tesla (-1%), le géant américain de l'automobile électrique, s'intéresse de nouveau à l'immense marché indien. Des cadres séniors du groupe d'Elon Musk vont rencontrer des responsables gouvernementaux indiens demain mercredi et jeudi pour discuter de l'approvisionnement local en pièces et d'autres problèmes, a déclaré à Reuters une source ayant une connaissance directe de l'affaire. Le regain d'intérêt du constructeur de voitures électriques pour l'Inde survient près d'un an après avoir suspendu ses projets de commercialisation de voitures dans le pays, le groupe n'ayant alors pas obtenu une baisse désirée des taxes à l'importation. Bloomberg ajoute que les dirigeants de Tesla doivent rencontrer notamment des représentants du bureau du Premier ministre Narendra Modi.
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