Wall Street résiste malgré la purge du secteur bancaire
Wall Street s'est affichée en baisse modérée lundi, malgré la correction du secteur bancaire, le Nasdaq reprenant même du terrain, en hausse de 0,45%...

Wall Street s'est affichée en baisse modérée lundi, malgré la correction du secteur bancaire, le Nasdaq reprenant même du terrain, en hausse de 0,45% à 11.188 points en clôture. Les mesures d'urgence prises par les autorités américaines pour sauver les dépôts des clients de la Silicon Valley Bank et stabiliser le système bancaire ont permis de limiter la casse. Ces initiatives accompagnées de mesures plus large visant à éviter une contagion dans le système bancaire ont permis au S&P 500 de limiter son repli à 0,15% à 3.855 pts et au Dow Jones de terminer en baisse contenue de 0,28% à 31.819 pts. Sur le Nymex, le baril de brut WTI trébuche de 2% à 74$. L'once d'or regagne 2,5% à 1.913$ et l'argent prend plus de 6% à 21,9$. L'indice dollar perd 0,6% face à un panier de devises de référence, tandis que l'euro remonte sur les 1,07/$. Le Bitcoin grimpe enfin à 24.568$.
L'agitation dans le secteur bancaire américain dans le sillage d'effondrement de la Silicon Valley Bank a fait retomber de manière spectaculaire les anticipations de durcissement monétaire de la Fed : Selon l'outil FedWatch en temps réel, la Fed pourrait ne plus toucher à ses taux le 22 mars prochain (probabilité de 36% d'un statu quo), la fourchette restant alors entre 4,5 et 4,75%, ou bien les remonter de 25 points de base entre 4,75 et 5% (probabilité 64%). Goldman Sachs a été l'un des premiers à anticiper un statu quo monétaire... GS note aussi une "incertitude considérable" concernant les actions à venir. La probabilité actuelle d'un statu quo d'ici au 3 mai, à l'occasion de la réunion FOMC suivante, est de 23% selon ce même outil du CME Group, contre 54% de probabilité pour la fourchette 4,75 à 5%. Il est même possible désormais que la fourchette 4,75-5% constitue le 'pic de taux', alors que des taux jusqu'à 6% étaient encore récemment 'pricés' !
A noter que l'indice américain des prix à la consommation du mois de février sera communiqué mardi à 13h30. Le consensus de marché est situé à +0,4% en comparaison du mois antérieur et de +6% en rythme annuel, ou bien de +0,4% et +5,5% respectivement, hors alimentation et énergie. Ces chiffres seront surveillés très attentivement, alors que la Fed a de moins en moins de marge de manoeuvre pour contrôler l'inflation dans un contexte difficile sur le segment bancaire...
Les régulateurs américains ont donc agi dans l'urgence ce week-end pour éteindre l'incendie bancaire qui s'est déclaré en Californie : Ils ont annoncé que les dépôts à la Silicon Valley Bank, qui vient de s'effondrer, seraient intégralement garantis. Le but était bien évidemment d'éviter la contagion, alors que la garantie habituelle en pareil cas ne s'applique qu'aux dépôts inférieurs à 250.000$... Mieux encore, les détenteurs de comptes chez SVB auront accès à l'intégralité de leur argent. Les autorités américaines ont aussi annoncé la saisie de Signature Bank, deuxième banque régionale US à succomber, mais les dépôts seront garantis dans les mêmes conditions. En outre, des facilités seront mises en place pour permettre de couvrir les retraits de dépôts à travers le système financier...
Dans son intervention du jour, le président Joe Biden a confirmé que les déposants seront protégés, mais pas les investisseurs. Il a ajouté que les dirigeants des banques défaillantes seraient évincés...
La FDIC, organisme de garantie des dépôts bancaires, la Fed de Jerome Powell et le Département américain au Trésor, ont planché sans relâche ces derniers jours sur le cas SVB... L'effondrement de cette banque régionale californienne aurait en effet pu créer une onde de choc et dans la pire hypothèse un 'bank run' des autres établissements régionaux américains. Janet Yellen, Secrétaire au Trésor, a approuvé les actions permettant à la FDIC de finaliser son plan de résolution concernant la Silicon Valley Bank, afin de "pleinement protéger les déposants". Dans un communiqué commun, FDIC, Fed et Trésor US ont affirmé que le contribuable américain n'assumerait aucune perte dans cette affaire, alors que les Américains n'avaient dans l'ensemble pas d'affection particulière pour SVB, considérée bien souvent comme "la banque des capital-risqueurs et des startups déficitaires".
La Fed a également déclaré qu'elle offrirait un financement aux banques par le biais d'une nouvelle facilité pour aider à garantir que les banques puissent faire face à tous les retraits des déposants, en soutenant essentiellement tous les dépôts assurés ou non assurés à travers le système financier américain. Le financement de la Fed sera mis à disposition par la création d'un nouveau programme de financement à terme bancaire (BTFP), offrant des prêts pouvant aller jusqu'à un an aux banques, aux établissements d'épargne et aux coopératives de crédit mettant en gage des bons du Trésor américain, des dettes d'agence et des titres adossés à des hypothèques, et d'autres actifs éligibles en garantie. Le fameux BTFP sera une source supplémentaire de liquidité contre des titres de haute qualité, éliminant le besoin d'une institution de vendre rapidement ces titres en période de crise, ont assuré Fed, FDIC et Trésor US. La Fed a en outre déclaré qu'elle surveillait attentivement l'évolution des marchés financiers, qui pour l'heure semblent soulagés selon la première tendance de début de semaine, mais risquent de rester très nerveux encore un temps. La Fed est prête à faire face à toute pression de liquidité qui pourrait survenir, afin de renforcer la capacité du système bancaire à protéger les dépôts et à assurer la fourniture continue d'argent et de crédit à l'économie. La facilité de prêt est conçue pour couvrir tous les dépôts assurés dans le système bancaire américain et sera soutenue par un fonds de stabilisation des changes.
La Fed n'achètera pas de titres auprès des banques et ne prêtera que contre leur valeur comptable. Les responsables de la Fed ont souligné qu'aucune banque n'était "renflouée" au sens propre, mais que les banques recevaient plutôt des liquidités à plus long terme à une valorisation plus élevée et à un risque moindre.
Ces actions protègent donc dans leur ensemble les déposants, mais pas les investisseurs, en particulier les actionnaires de ces banques qui vont tout perdre... Les régulateurs US ont repoussé l'idée que ces actions constituaient un renflouement étant donné que les actions et les détenteurs d'obligations de la Silicon Valley Bank seraient sacrifiés. Notons que la fermeture de Signature Bank marque la troisième faillite bancaire en importance aux États-Unis, juste derrière SVB.
Les valeurs d'autres banques moyennes américaines demeuraient sous haute pression lundi. En particulier, First Republic Bank qui a perdu les trois quarts de sa valeur à Wall Street, alors même que cet établissement vient d'annoncer un financement additionnel de la Fed et JP Morgan Chase, qui gonfle encore ses liquidités disponibles. Western Alliance a plongé de 47%. PacWest Bancorp a chuté de plus de 21%. Notons aussi une correction de Charles Schwab de 11,5%.
Les valeurs
Les chutes de SVB Financial et Signature Bank, prises en main par les autorités américaines, devraient se traduire par l'anéantissement total de toute valeur pour leurs actionnaires.
First Republic Bank chute de plus de 62% à Wall Street, après l'effondrement de la Silicon Valley Bank et la saisie par la FDIC de Signature Bank. Les autorités américaines ont peut-être rassuré les déposants en affichant un garantie élargie sur les banques fragilisées, mais les actionnaires ont compris que le processus de règlement en cas de trop grosse faiblesse d'une banque petite ou moyenne entraînerait une perte totale de valeur de l'action. First Republic, très attaquée déjà à Wall Street vendredi devrait donc connaître une séance mouvementée ce jour. Le groupe a pourtant obtenu un financement additionnel de la Fed et de JP Morgan Chase. Le financement donne à la banque 70 milliards de dollars de liquidités inutilisées, a tenu à rassurer FRB. Cela n'inclut pas l'argent auquel la banque serait éligible à travers la nouvelle facilité de crédit de la Fed destinée à aider les établissements bancaires à faire face aux retraits.
Charles Schwab dérape de 11,5%, alors que le titre avait déjà perdu 11,7% vendredi soir. Les mesures d'urgence prises par les autorités américaines n'ont visiblement pas totalement rassuré les marchés concernant les établissements financiers US. Schwab pesait plus de 100 milliards de dollars à la clôture de vendredi à Wall Street, beaucoup plus que les banques régionales américaines actuellement "attaquées" en bourse dans le sillage de Silicon Valley Bank et Signature Bank. Les opérateurs s'inquiètent désormais des pertes "non réalisées" des plus grandes banques, malgré les actions de stabilisation décidées par la Fed, le Trésor américain et la FDIC.
Wells Fargo (-7,1%) vient de relever sa recommandation sur JP Morgan Chase (-1,8%), en pleine panique sur le secteur bancaire américain... Wells estime que "Goliath gagnera", alors que l'incertitude est à son comble dans le compartiment suite aux chutes de Silicon Valley Bank et Signature Bank. Ainsi, Wells Fargo pense que la banque de Jamie Dimon devrait ressortir une fois de plus grandie de cet épisode de faiblesse sectorielle. Wells rehausse son conseil à 'surpondérer' et porte son objectif de 148 à 155$... Plus audacieux encore, notons que Citigroup (-7,4%) vient pour sa part de relever à l'achat sa recommandation sur Charles Schwab, très attaqué ces derniers jours en bourse. Le spécialiste de Citi voit un rapport risque sur récompense désormais attractif aux niveaux actuels sur le dossier Schwab.
Applied Materials (+1,2%), géant américain des équipements destinés à la production de semi-conducteurs, a annoncé une hausse de 23% de son dividende, le coupon trimestriel passant de 26 à 32 cents. En outre, Amat indique que son conseil d'administration a approuvé 10 milliards de dollars de rachats d'actions additionnels, qui s'ajoutent à l'autorisation antérieure dans le cadre de laquelle 4,7 milliards de dollars de titres peuvent encore être acquis. Concernant le dividende, le management souligne qu'il s'agit de la plus forte augmentation en cinq ans. Ces actions reflètent, selon le directeur général Gary Dickerson, la vision positive de long terme de l'industrie des semi-conducteurs et la confiance du groupe dans ses opportunités de croissance, compte tenu de son leadership technologique, de son large portefeuille de produits différenciés et du solide engagement des clients.
Pfizer (+1,1%), le géant pharmaceutique américain, vient d'annoncer l'acquisition de Seagen (+14,5%) pour 229$ par titre en cash, soit une valeur totale d'entreprise de 43 milliards de dollars environ. La combinaison proposée renforcera la position de Pfizer en tant que leader dans l'oncologie. Le groupe estime que les traitements de Seagen, ses programmes en phase avancée de développement et son expertise pionnière sur le segment des ADCs (conjugués anticorps-médicaments) sont fortement complémentaires de son portefeuille en oncologie. Les conseils d'administration des deux groupes ont approuvé l'opération. Les deux compagnies entendent finaliser la transaction en fin d'année 2023 ou début 2024, sous réserve des conditions usuelles.
Seagen prévoit de générer environ 2,2 milliards de dollars de revenus en 2023, soit une croissance de 12% d'une année sur l'autre, à partir de ses quatre médicaments, des royalties et des accords de collaboration et de licence. En combinant les trajectoires de forte croissance attendues pour ces médicaments avec des candidats qui pourraient émerger du pipeline de Seagen, sous réserve d'essais cliniques et de succès réglementaires, Pfizer pense que Seagen pourrait apporter plus de 10 milliards de dollars de revenus ajustés des risques en 2030, avec une croissance potentielle significative au-delà de 2030.
Pfizer entend financer la transaction en grande partie par 31 milliards de dollars de nouvelles dettes à long terme, et le solde par une combinaison de financement à court terme et de liquidités existantes. La transaction devrait avoir un effet neutre à légèrement relutif sur le bénéfice dilué par action ajusté au cours de la troisième à la quatrième année complète suivant la clôture. Pfizer s'attend à réaliser près d'un milliard de dollars de réduction des coûts au cours de la troisième année complète suivant la finalisation de la transaction.
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