Wall Street recule face à un regain de tension sur les taux
La prudence est aussi de mise avant l'annonce par Joe Biden des détails de son plan pour les infrastructures.

Les indices boursiers américains évoluent dans le rouge mardi, les investisseurs s'inquiétant notamment d'une nouvelle tension sur les taux d'intérêts. La prudence est aussi de mise avant l'annonce par Joe Biden des détails de son plan pour les infrastructures, dont le volet fiscal inquiète les marchés, qui redoutent des hausses d'impôts. Le taux à 10 ans américain est monté à 1,77% en séance, au plus haut depuis la fin 2019, ce qui a pesé sur les actions. Parmi les rares hausses, les bancaires profitent de la hausse des taux et se remettent du choc de la liquidation du hedge fund Archegos, qui a occasionné des pertes pour certaines banques.
A deux heures de la clôture, le Dow Jones cède 0,33% à 33.060 points, tandis que l'indice large S&P 500 recule de 0,39% à 3.955 pts, et que le Nasdaq Composite, riche en valeurs technologiques et biotechs, lâche 0,32% à 13.018 pts.
Entre 1.800 et 3.000 Mds$ de hausses d'impôts en vue ?
Les marchés sont partagés entre les espoirs suscités par le futur nouveau plan de relance massif de l'administration Biden (3.000 à 4.000 milliards pour les infrastructures, la lutte contre le changement climatique, l'emploi ou la réduction des inégalités) et les craintes concernant une hausse des impôts sur les sociétés et les ménages les plus aisés.
Le 'Washington Post' a évoqué lundi un package en deux volets comprenant jusqu'à 4.000 milliards de dollars de dépenses et plus de 3.000 milliards de dollars de taxes, deux montants plus élevés qu'initialement attendu. De son côté, le 'New York Post' affirme que la Maison Blanche aurait prévu de relever 4 taxes pour un montant global de 1.800 milliards de dollars. L'impôt sur les sociétés devrait notamment être relevé de 21% à 28%, selon le journal. Joe Biden doit détailler son plan mercredi lors d'un déplacement dans la ville industrielle de Pittsburgh.
Par ailleurs, une potentielle résurgence de l'épidémie commence à préoccuper les marchés, même si les campagnes de vaccination accélèrent aux Etats-Unis et dans une moindre mesure en Europe. En outre, les inquiétudes relatives à l'inflation et aux rendements obligataires sont toujours présentes. Enfin, les opérateurs tentent de digérer l'épisode Archegos, les liquidations forcées des positions du fonds ayant fait trembler le petit monde de la finance. Les répercussions sont encore imprécises, même si l'on sait déjà que Nomura ou le Credit Suisse connaîtront un impact important. Nomura a fait état d'une perte de 2 milliards de dollars, et la presse évoque entre 1 et 4 Mds$ de pertes pour la banque allemande.
Les taux US montent, la confiance des consommateurs aussi
Sur les marchés obligataires, les cours font du yo-yo mardi, entraînant en début de séance une nouvelle poussée des taux d'intérêts (qui évoluent en sens inverse des cours). Le taux de l'emprunt d'Etat américain (T-Bond) à 10 ans a bondi jusqu'à 1,77% avant de revenir à 1,72% (+1 point de base), approchant de ses plus hauts depuis la fin 2019, à 1,73%, atteints il y a 2 semaines.
Parmi les indicateurs "macros" du jour aux Etats-Unis, l'indice S&P Case-Shiller des prix des maisons pour le mois de janvier 2021 est ressorti conforme au consensus à +1,2% pour l'indicateur ajusté 20-City des 20 principales zones métropolitaines, en comparaison du mois antérieur (+0,9% hors ajustement). L'indice des prix des maisons de la Federal Housing Finance Agency (FHFA) pour le même mois a augmenté comme prévu de +1% en comparaison du mois précédent.
L'indice de confiance des consommateurs américains pour le mois de mars est ressorti à 109,7 selon le Conference Board, très nettement supérieur au consensus qui se situait à 96. La lecture révisée du mois de février s'établit quant à elle à 90,4.
Randal Quarles, Raphael Bostic et John Williams de la Fed, interviendront durant la journée sur divers sujets économiques et monétaires.
90% des Américains éligibles à la vaccination dès le 19 avril
Sur le front sanitaire, le président américain Joe Biden a fixé lundi soir l'objectif d'ouvrir la vaccination à 90% des Américains dès le 19 avril. Ce nouvel objectif montre la rapidité du déploiement des vaccins aux Etats-Unis, du moins en comparaison de certains autres pays, européens notamment. Vendredi, l'administration Biden a doublé son objectif en matière d'inoculations de vaccins à 200 millions de doses d'ici au 20 avril, contre 100 millions auparavant.
Dans le même temps, le président américain a alerté lundi soir au sujet d'une nouvelle progression du nombre de cas de Covid dans certains Etats américains qui ont assoupli les mesures sanitaires, et a rappelé de l'utilité des masques et des autres mesures de précaution.
"Avec les vaccins, il y a de l'espoir, ce qui est une très bonne chose, pour dire l'évidence. Mais les gens abandonnent les précautions, ce qui est une très mauvaise chose", a déclaré Biden. "Nous renonçons à des gains durement acquis et durement gagnés", a déploré le leader américain, selon lequel il est "temps d'en faire encore plus".
Ainsi, certains Etats dont l'Alabama, le Mississippi ou le Texas ont levé des restrictions à mesure que les vaccinations augmentaient. Une résurgence de l'épidémie n'est donc pas exclue, et Biden prévient que "le combat contre le Covid-19 est loin d'être gagné".
Le pétrole repart en baisse avant la réunion de l'Opep+
D'après l'Université Johns Hopkins, le nombre de cas confirmés du nouveau coronavirus dans le monde depuis le début de l'épidémie se chiffre à près de 128 millions, dont 30,3 millions aux USA, 12,6 millions au Brésil et 12,1 millions en Inde. Le virus a fait officiellement 2,79 millions de morts, dont plus de 550.000 aux Etats-Unis, près de 314.000 au Brésil et environ 202.000 au Mexique.
Les prix du pétrole repartent à la baisse mardi, après la libération du Canal de Suez bloqué pendant 6 jours par le porte-conteneurs géant Ever Given d'Evergeen, qui s'était échoué en travers du cours d'eau. Le contrat à terme de mai sur le baril de pétrole brut WTI cède 1,8% à 60,46$ sur le Nymex, tandis que le baril de Brent d'échéance mai perd 1,5% à 64$.
Les pays producteurs de l'Opep+ se réuniront jeudi pour décider si le groupe va accroître sa production en mai, ou poursuivre sa politique actuelle de restriction, compte-tenu des incertitudes sur la demande pétrolière liées à la résurgence de l'épidémie de coronavirus, en Europe notamment. Selon Reuters, l'Arabie saoudite voudrait que l'OPEP+ étende ses réductions de production aux mois de mai et de juin.
VALEURS A SUIVRE
Tesla (+1,3%). Elon Musk a prévenu dans un tweet que les problèmes d'approvisionnement en cellules à court terme allaient contrarier la production du 'Semi' de Tesla, son tant attendu camion semi-remorque électrique qui avait été initialement présenté fin 2017 et dont la production est attendue cette année. Selon Musk, "la demande n'est pas un problème" pour le 'Semi', mais ces contraintes d'approvisionnement de court terme rendent donc difficile la production. "Cette limitation sera moins coûteuse l'année prochaine", assure le CEO, qui répondait à un autre tweet évoquant la réception d'une commande pour 10 de ses Semi Trucks de la part de MHX Leasing LLC.
BioNTech bondit de 9% à Wall Street, après avoir publié de très bons résultats pour le 4e trimestre 2020, porté par les ventes de son vaccin contre le coronavirus développé avec l'américain Pfizer. BioNTech a en outre fait savoir qu'il tablait, avec Pfizer, sur une capacité de production de vaccins portée à 2,5 milliards de doses d'ici à la fin 2021, contre un objectif précédent de 2,3 à 2,4 milliards de doses. Les deux partenaires ont jusqu'ici signé des contrats de commande pour 1,4 milliard de doses, dont 200 millions ont déjà été livrés au 23 mars, a indiqué la société.
Au 4e trimestre 2020, la biotech allemande a dégagé avec un profit net de 366,9 millions d'euros contre une perte de 58,2 ME pour la même période de 2020. Les revenus ont été multiplié par plus de 12, pour atteindre 345,5 ME contre 28 ME un an plus tôt.
Pfizer (-1,4%) et Moderna (-4,7%) reculant malgré l'annonce que leurs vaccins anti-Covid se sont révélés très efficaces en conditions réelles, de l'ordre de 90%, dans la prévention des infections aux Etats-Unis parmi les personnels de santé et les autres travailleurs essentiels.
ViacomCBS (+3,6%), Discovery (+3,9%), Tencent Music (+3%) et Baidu (+5,2%), quatre des titres les plus affectés ces derniers jours par les ventes par blocs intervenues dans l'affaire Archegos, rebondissent ce jour à Wall Street. Credit Suisse a rehaussé son conseil à 'neutre' sur ViacomCBS.
GameStop (+9,8%) grimpe également, alors que la chaîne de distribution de jeux vidéo et de matériel, grande vedette des nouveaux traders sociaux américains, a annoncé la nomination d'un ancien d'Amazon, Elliott Wilke, en tant que directeur de la croissance.
PayPal (+0,19%) vient d'annoncer accepter à son tour les paiements en cryptomonnaies. Visa (-0,8%) avait fait sensation plus tôt cette semaine en annonçant son intention de permettre des transactions via un 'stability coin' adossé au dollar américain.
T-Mobile US (+1%) arrêtera fin avril son offre de télévision en direct, remplacée par un accès à YouTube TV et YouTube Premium dans le cadre d'un partenariat avec Alphabet, maison-mère de YouTube et Google.
Notons enfin que BlackBerry, Chewy, Lululemon, Riot Blockchain et PVH annoncent après Bourse ce soir à Wall Street leurs derniers résultats financiers trimestriels.
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