Wall Street : nouvelle correction ?
Wall Street poursuit sa glissade avant bourse ce vendredi, toujours sous pression alors que les espoirs s'amenuisent d'un assouplissement rapide de la...

Wall Street poursuit sa glissade avant bourse ce vendredi, toujours sous pression alors que les espoirs s'amenuisent d'un assouplissement rapide de la politique monétaire, et que la Fed semble même considérer une poursuite durable du resserrement quantitatif (QT). La tendance de pré-séance est lourdement négative, malgré des trimestriels assez solides du côté d'Applied Materials, de Ross Stores ou encore de Deere. Le S&P 500 perd 0,7% avant bourse, le Dow Jones 0,5% et le Nasdaq près de 1% ! Sur le Nymex, le baril de brut WTI fléchit de 0,8% à 79,8$. L'once d'or fin grappille 0,2% à 1.919$. L'indice dollar recule de 0,1% face à un panier de devises. Sur les marchés obligataires, le rendement du T-Bond US à 30 ans se stabilise vers les 4,4%, alors que celui du '10 ans' se tasse un peu à 4,27%.
Il n'y aura pas de statistique notable outre-Atlantique ce vendredi. Pendant ce temps, les craintes persistent sur la consommation américaine avec le potentiel épuisement de l'épargne pandémique. La Fed de San Francisco juge ainsi que le stock d'épargne excédentaire post-pandémique des Américains est retombé à environ 190 milliards de dollars en juin, contre un pic de 2.100 milliards de dollars en août 2021. Cela suggère que l'excédent d'épargne global sera probablement épuisé d'ici le troisième trimestre de 2023. Dans le même temps, l'antenne de la Fed note l'incertitude importante concernant ces estimations d'épargne excédentaire, alors qu'une autre étude de la Fed datant de juin suggérait quant à elle que l'excédent était déjà épuisé au premier trimestre...
Alors que les Minutes de la Fed publiées cette semaine ont montré une fois encore la détermination des banquiers centraux américains à terminer le travail et à ramener l'inflation vers l'objectif des 2%, les opérateurs se tournent déjà vers le symposium de Jackson Hole. Le président de la Fed, Jerome Powell, devrait probablement prendre la parole le 25 août dans le cadre de la conférence. Les investisseurs demeurent toutefois sceptiques quant au fait que Powell fournisse un éventuel signal politique explicite compte tenu des données supplémentaires sur l'inflation et l'emploi attendues avant la réunion du FOMC des 19 et 20 septembre.
Powell pourrait camper sur ses positions en réaffirmant que la politique de la Fed n'est pas sur une trajectoire définie et reste dépendante des données. Il pourrait ainsi se contenter de préciser que les décisions seront prises réunion par réunion. Il devrait aussi confirmer l'engagement à viser un objectif d'inflation de 2% et noter que malgré certains progrès, la Fed a besoin d'observer des améliorations supplémentaires sur le front de l'inflation. Certains se demandent s'il repoussera les attentes de baisse des taux de 2024, avec les meilleures perspectives de croissance aux États-Unis. Le thème central de cette conférence de Jackson Hole sera "les changements structurels dans l'économie mondiale". Certains pensent que cela pourrait inciter à discuter d'un taux neutre plus élevé, mais il est peu probable que la Fed signale pour l'heure un changement significatif compte tenu de l'incertitude entourant les perspectives.
Selon l'outil FedWatch du CME Group, la probabilité est de 90% que la Fed laisse ses taux inchangés entre 5,25 et 5,50% le 20 septembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire. La probabilité d'une nouvelle hausse de taux d'un quart de point n'est pas négligeable à près de 10%, alors que l'économie américaine demeure résiliente et que le marché du travail ne montre pas de signe évident de faiblesse. Pour la réunion suivante, au 1er novembre, l'outil FedWatch indique une probabilité de 63% d'une fourchette inchangée entre 5,25 et 5,50%, mais aussi une probabilité de plus de 34% que les taux montent encore d'un quart de point, entre 5,50 et 5,75%. Ainsi, les marchés sont nettement moins confiants désormais dans l'atteinte du 'pic de taux'.
Ailleurs dans le monde, pas de surprise du côté des prix à la consommation dans la zone euro. Le taux d'inflation annuel dans la région s'est bien établi à 5,3% en juillet, contre 5,5% en juin, montrent les données finales d'Eurostat. L'inflation annuelle 'core' s'est de son côté maintenue à 5,5% le mois passé... Au Japon, l'IPC de juillet n'a pas vraiment surpris non plus ce matin avec une inflation de 3,3%, certes supérieure aux attentes, mais une lecture "core" (ajustée) en ligne avec le consensus à +3,1%... Au Royaume-Uni, les chiffres de la consommation ont déçu, avec une baisse de 3,2% des ventes de détail en glissement annuel et un recul de 1,4% hors automobile et essence. La baisse des ventes atteint 1,2% d'un mois sur l'autre.
Les valeurs
Applied Materials, géant des équipements de production de semi-conducteurs, s'adjugeait 2,4% après bourse hier soir à Wall Street. Le groupe a battu le consensus pour son troisième trimestre fiscal et livré une guidance solide. Sur le trimestre clos, le bénéfice ajusté par action a été de 1,90$, environ 10% de plus que le consensus, tandis que les revenus ont reculé de 1,5% à 6,43 milliards de dollars, à comparer à un consensus de 6,2 milliards environ. Pour son quatrième trimestre fiscal, Amat prévoit des ventes d'environ 6,51 milliards de dollars, à comparer à un consensus de 5,9 milliards. Le bpa ajusté du trimestre d'octobre est anticipé entre 1,82 et 2,18$, contre 1,6$ de consensus.
Le directeur financier, Brice Hill, a indiqué qu'environ 5% des équipements de fabrication de 'wafers' (plaque de matériau semi-conducteur) d'Applied Materials étaient dédiés au marché de l'IA. Cela se compare à 20% pour les puces des centres de données et à 10% à 15% pour les équipements dédiés à l'Internet des objets. "Si vous considérez 5% comme un montant relativement faible, nous pensons qu'il augmente rapidement et constituera une charge de travail importante à l'avenir", a glissé le dirigeant.
Ross Stores, le groupe américain de distribution discount, bondit avant bourse à Wall Street, au lendemain de ses résultats financiers trimestriels. Le groupe a publié pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 1,32$, contre 1,17$ de consensus et 1,11$ un an plus tôt. Les revenus se sont élevés à 4,93 milliards de dollars, 4% de mieux que le consensus, alors qu'ils étaient de 4,58 milliards de dollars pour la période comparable de l'année antérieure. Le groupe prévoit que le bénéfice par action pour les 53 semaines se terminant le 3 février 2024 devrait se situer entre 5,15 et 5,26$, comparativement à 4,38$ pour l'exercice 2022. "Nous restons concentrés sur la fourniture des aubaines les plus attrayantes possibles tout en gérant soigneusement nos dépenses et nos stocks afin de maximiser notre potentiel de croissance des ventes et des bénéfices. À plus long terme, nous croyons que l'exécution rigoureuse de notre modèle d'affaires nous permettra de fournir constamment des résultats solides", ajoute le management.
Keysight Technologies décroche avant bourse à Wall Street, au lendemain de sa publication financière. Pour le troisième trimestre fiscal, le groupe américain, qui fournit des instruments de mesure et de test et des logiciels, a dégagé un bénéfice ajusté par action de 2,19$ à comparer à un consensus de 2,04$. Un an plus tôt, le bpa ajusté se situait à 2,01$. Les revenus ont totalisé 1,38 milliard de dollars, juste en ligne avec les attentes et stables en glissement annuel. Le bénéfice net consolidé a été de 288 millions de dollars, contre 338 millions un an plus tôt. La guidance est toutefois décevante. Le chiffre d'affaires du quatrième trimestre fiscal 2023 de Keysight devrait se situer entre 1,29 et 1,31 milliard de dollars, contre 1,39 milliard de consensus. Le bénéfice ajusté par action est attendu entre 1,83 et 1,89$, contre 1,99$ de consensus.
Deere, le géant américain des engins agricoles, vient de relever ses prévisions annuelles de profits, avec la forte demande en tracteurs. Le groupe s'attend à des profits de 9,75 à 10 milliards de dollars pour 2023, contre 9,25 à 9,50 milliards de dollars auparavant. Deere a tiré parti des augmentations de prix sur ses gammes d'équipements pour compenser la hausse des coûts de matériel et logistique. Avec l'élimination des goulots d'étranglement de la chaîne d'approvisionnement, Deere a augmenté sa capacité de production pour réduire son arriéré de production, note Reuters. Le groupe de Moline, dans l'Illinois, dépasserait donc nettement le consensus de profit annuel qui se situait à 9,4 milliards de dollars. Pour le trimestre clos, le bénéfice net a atteint 2,98 milliards de dollars, ou 10,20 dollars par action, contre 1,88 milliard de dollars un an plus tôt. Les ventes trimestrielles ont augmenté de 12% à 15,80 milliards de dollars.
Estée Lauder, la chaîne américaine de cosmétiques, perd du terrain avant bourse à Wall Street, alors que le groupe table sur une performance annuelle plus faible avec la lente reprise asiatique. Le groupe s'attend à ce que les ventes de l'année 2024 augmentent de 5 à 7%, contre un consensus de 9% environ. Estée prévoit un bénéfice ajusté par action pour l'année 2024 logé entre 3,50 et 3,75$, contre 4,8$ de consensus. Sur le trimestre clos, quatrième trimestre fiscal, les ventes ont atteint 3,61 milliards de dollars contre 3,56 milliards de dollars un an plus tôt. Le consensus était de 3,5 milliards de dollars environ. sur l'exercice clos, les ventes ont décliné de 10%, alors que le bpa dilué a chuté de 57% à 2,79$. Les ventes ont baissé de 6% en organique et le bpa ajusté a trébuché de 49% à devises constantes. Le groupe anticipe le retour à la croissance organique et une amélioration graduelle des marges sur l'exercice entamé...
Palo Alto Networks, le géant californien de la sécurité informatique, qui vient de faire son entrée sur le S&P 500, interpelle les marchés. Fait extrêmement rare pour une société américaine cotée, Palo Alto a choisi de publier ses résultats financiers du quatrième trimestre fiscal un vendredi soir, après la clôture ! Le titre s'affiche encore en hausse de près de 50% cette année, mais Bloomberg relève qu'il a corrigé de 18% depuis l'annonce du timing de la publication, qui semble avoir fait peur. Le récent avertissement du comparable Fortinet explique sans doute aussi en partie la sous-performance des derniers jours. Le titre avait atteint fin juin ses sommets historiques sur les 250$. La tendance devrait être encore très volatile ce jour, en attendant la publication, qui sera accompagnée d'une revue stratégique et de nouveaux objectifs financiers de moyen terme.
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