Wall Street : Nasdaq et Dow Jones plongent, avec les craintes de contagion bancaire
Wall Street, qui s'était offert hier un joli sursaut technique (+0,8% sur le DJIA et +2,1% sur le Nasdaq), retombe aussi vite avant bourse ce...

Wall Street, qui s'était offert hier un joli sursaut technique (+0,8% sur le DJIA et +2,1% sur le Nasdaq), retombe aussi vite avant bourse ce mercredi, sur des craintes de contagion bancaire, alors que la situation de Credit Suisse inquiète tout particulièrement et que celle des banques régionales américaines est loin d'être réglée. Le S&P 500 chute de 2% en pré-séance, alors que le Dow Jones trébuche de 1,9% et que le Nasdaq dévisse de 1,6%. La tendance est donc extrêmement fébrile et défensive. Sur le Nymex, le baril de brut WTI cède 2,6% à 69,5$. L'once d'or monte de 1,2% à 1.934$. L'indice dollar gagne 1% face à un panier de devises.
L'indice américain des prix à la production du mois de février est ressorti en baisse inattendue de 0,1% en comparaison du mois antérieur et en hausse de 4,6% sur un an, alors que le consensus se situait à +0,3% par rapport à janvier et +5,4% en glissement annuel. Hors alimentaire et énergie, cet indicateur est stable, alors qu'il était anticipé en hausse de 0,4%. Cela représente une hausse de 4,4% du PPI hors éléments volatils en comparaison de l'an dernier, contre 5,2% de consensus.
Les ventes américaines de détail, également publiées ce jour pour le mois de février, ont décliné de 0,4% par rapport au mois précédent, contre -0,1% de consensus FactSet. Hors automobile, elles ont baissé de 0,1%, contre +0,1% de consensus. Hors automobile et essence, ces ventes sont quasiment stables, mieux que la baisse redoutée.
Enfin, l'indice manufacturier régional de la Fed de New York, dit Empire State, a plongé à -24,6 en mars contre -7,7% de consensus. Cela signale une forte contraction de l'activité manufacturière dans la région considérée.
Les efforts pour trouver un acquéreur pour les restes de la SVB et de la banque Signature se poursuivent. Le Financial Times et Bloomberg ont signalé que de grandes entreprises de capital-investissement examinaient le portefeuille de prêts de 74 milliards de dollars de SVB. Bloomberg a noté que les régulateurs américains recherchaient l'intérêt d'acheteurs potentiels pour Signature Bank. Bloomberg a souligné également comment Bank of America avait récupéré plus de 15 milliards de dollars de nouveaux dépôts au milieu de la tourmente. D'autres grandes banques ont également engrangé des milliards de nouveaux dépôts. Washington intensifie son examen de la situation, NBC News expliquant que les démocrates dévoileront jeudi un projet de loi abrogeant une partie de la loi de 2018 qui a relevé le seuil d'actif pour les exigences de capital renforcées sur les banques de taille moyenne de 50 milliards de dollars à 250 milliards de dollars. Le New York Times a rapporté que le ministère de la Justice avait ouvert de son côté une enquête sur SVB. Un membre senior du 'GOP' du comité des services financiers de la Chambre des représentants a rompu quant à lui avec ses collègues en appelant le gouvernement à garantir temporairement tous les dépôts dans le but de renforcer la confiance...
La Fed envisage désormais des règles plus strictes pour les banques de taille moyenne, indique l'agence Bloomberg. Des personnes proches du dossier ont précisé ainsi qu'à la suite de la disparition de Silvergate Capital, SVB Financial Group et Signature Bank, la Fed examinait des exigences plus strictes en matière de capitaux et de liquidités et des mesures pour renforcer les tests de résistance annuels, avec des plans potentiels pour voir des entreprises avec 100 à 250 milliards d'actifs confrontées à des règles plus dures.
Les attentes concernant la trajectoire des taux d'intérêt se sont fortement aplaties au beau milieu des retombées de l'affaire SVB, bien qu'elles soient très volatiles depuis lundi. Les marchés évaluent désormais environ 56% de chances d'une hausse des taux de 25 pb lors de la réunion du FOMC de mars (22 mars) contre 44% de probabilité d'un statu quo. Le taux médian actuel des fonds fédéraux est quant à lui nettement retombé, sous les 5%. Des baisses de taux sont également envisagées à partir de juin, les marchés s'attendant à trois à quatre baisses de 25 points de base d'ici la fin de l'année à 3,5-3,75% ou 3,75-4%. Ces données FedWatch sont extrêmement volatiles, plus encore aujourd'hui. Les opinions des économistes de Wall Street sur la trajectoire des taux de la Fed ont également été assez larges. Les économistes de Goldman Sachs ont déclaré qu'ils ne voyaient plus de hausse de 25 points de base en mars, avec une incertitude considérable au-delà de ce mois. Les analystes de Bank of America ont maintenu leur prévision de hausse des taux de 25 pb pour mars et celle d'un taux maximal de 5,25 à 5,5%, affirmant que si les mesures de la Fed pour limiter le stress bancaire réussissaient, cela lui permettrait de continuer à resserrer sa politique jusqu'à un niveau suffisamment restrictif. Nomura affiche l'une des perspectives les plus accommodantes, déclarant s'attendre à une baisse des taux de 25 points de base ce mois-ci, ainsi qu'à un arrêt de la réduction du bilan de la Fed !
Les stocks des entreprises américaines et l'indice du marché immobilier sont attendus à 15 heures, en même temps que l'indice des anticipations d'inflation de la Fed d'Atlanta. Le rapport hebdomadaire sur les stocks pétroliers domestiques américains du Département à l'Energie pour la semaine close le 10 mars sera dévoilé à 15h30.
Credit Suisse plonge de 29% à 1,59 franc suisse, au plus bas historique en bourse. Le principal actionnaire de la banque suisse, la Saudi National Bank, qui a vu la valeur de sa participation s'effondrer des mois durant, a exclu d'investir plus pour soutenir l'établissement. Ammar Al Khudairy, le président du groupe saoudien, a indiqué, cité par Bloomberg, que la réponse était "absolument négative", concernant un éventuel soutien additionnel, "pour de nombreuses raisons en dehors de la raison la plus simple qui est réglementaire et statutaire". "Nous ne pouvons pas parce que nous passerions sur les 10%", ajoute le dirigeant. La banque saoudienne avait acquis une participation de près de 10% l'année dernière en participant à une levée de fonds de Credit Suisse et s'était engagée à investir jusqu'à 1,5 milliard de francs suisses.
Le coût de l'assurance des obligations de la deuxième banque suisse contre le défaut a également grimpé en flèche. Les swaps sur défaillance de crédit à cinq ans sur la dette du Credit Suisse se sont élargis jusqu'à un record de plus de 570 points de base.
La banque de Zurich a dévoilé hier son rapport annuel, qui avait été précédemment reporté. Elle y identifie des "faiblesses importantes" des contrôles internes sur les rapports financiers et ajoute qu'elle n'a pas encore contenu les sorties de fonds des clients. Dans son rapport d'audit, le cabinet PwC a émis quant à lui une opinion défavorable sur l'efficacité des contrôles internes de l'établissement. Le Credit Suisse a enregistré des sorties de fonds de plus de 110 milliards de francs suisses durant le quatrième trimestre. Le groupe précise que les flux sortants se sont stabilisés à des niveaux beaucoup plus bas mais ne sont pas encore inversés...
Les valeurs
Lennar, le constructeur américain de maisons, grimpe avant bourse à Wall Street après les trimestriels. Le groupe vient de publier en effet des résultats et prévisions supérieurs aux attentes de marché. Le groupe a annoncé un bénéfice net du premier trimestre fiscal de 596 millions de dollars soit 2,06 dollars par action, contre 504 millions de dollars, à la même période, l'an dernier. Les revenus ont atteint 6,49 milliards de dollars, contre 6,2 milliards de dollars un an avant. Le consensus FactSet était de 1,55$ de bénéfice par action pour 5,91 milliards de revenus. "Au cours du trimestre, nous avons vu une économie généralement forte à l'intersection d'une inflation élevée et de chiffres d'emploi élevés, tandis que le marché du logement a continué sur une route sinueuse pour tenter de trouver sa place", résume Stuart Miller, le président de Lennar. Les livraisons ont augmenté de 9% par rapport à l'année précédente pour atteindre 13.659 logements, alors que les analystes prévoyaient 12.569. Lennar entend livrer 15.000 à 16.000 logements au deuxième trimestre fiscal et 62.000 à 66.000 sur l'exercice.
Walt Disney. Il serait conseillé au patron de Walt Disney, Bob Iger, de céder la plateforme en ligne de vidéo à la demande par abonnement Hulu. Dans un long article de synthèse du Financial Times, des personnes familières avec les conversations indiquent que d'éminents dirigeants des médias ont dit à Iger de vendre la participation de l'entreprise dans le service de streaming. Un ancien dirigeant de Disney a précisé au FT qu'il ne valait pas la peine de garder cet actif sans le potentiel d'expansion internationale. Certains suggèreraient également que Disney se sépare d'ESPN. Des personnes proches du dossier ont glissé au FT qu'à la fin de 2021, les dirigeants de Disney avaient discuté avec le président de Fanatics, Michael Rubin, des options pour ESPN, y compris un éventuel investissement ou une vente, bien que les discussions n'aient pas progressé à partir de là.
Charles Schwab, qui s'était écroulé à Wall Street lundi, affichant l'une des plus fortes baisses du secteur financier, a rebondi hier soir de 9,2%. Le groupe n'a pas levé de capital et n'est pas sur le marché à ce stade pour les transactions de fusion et acquisition, selon le management, cité par Reuters. Dans une interview, le directeur général de Charles Schwab, Walt Bettinger, a déclaré que le portefeuille disponible à la vente de la société était de courte duration et de haute qualité. Il insiste sur le fait que Schwab dispose de liquidités suffisantes. Le portefeuille HTM (détenu jusqu'à maturité) serait d'une duration un peu plus longue, mais toujours courte en comparaison "d'autres", et "de très haute qualité". Les banques qui catégorisent des obligations en HTM n'ont pas besoin de comptabiliser leurs changements de valeur si les titres sont conservés jusqu'au remboursement, par opposition aux obligations catégorisées en AFS (disponibles à la vente) dont la banque doit comptabiliser les pertes non réalisées.
Bettinger ajoute qu'il comprend le "scénario apocalyptique", mais pense également qu'il est très important de faire connaître les faits, à savoir que les clients de Charles Schwab ne réagissent pas de la manière que ce scénario apocalyptique indiquerait. Au contraire, Bettinger précise que la firme a vu un afflux d'actifs de 4 milliards de dollars vers sa maison-mère vendredi, alors que les clients déplaçaient des actifs d'autres firmes chez Schwab.
Parmi les autres firmes financières actuellement surveillées, le titre de la banque régionale First Republic Bank trébuche de 4% en pré-séance, après avoir plongé lundi puis flambé hier mardi. La banque a obtenu un soutien de la Fed et JP Morgan Chase, mais les marchés ne semblent toujours pas rassurés après les chutes de SVB et Signature Bank.
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