Wall Street : Nasdaq et Dow Jones dans vert, mais First Republic Bank s'effondre
La cote américaine tente de remonter malgré la crise bancaire ce jeudi, alors que la BCE vient quant à elle de relever ses taux de 50 points de base...

La cote américaine tente de remonter malgré la crise bancaire ce jeudi, alors que la BCE vient quant à elle de relever ses taux de 50 points de base et d'adopter un discours plutôt ferme. Le S&P 500 gagne actuellement 0,62% à 3.916 pts et le Dow Jones 0,23% à 31.949 pts, contre une hausse de 0,94% sur le Nasdaq à 11.541 pts. Les opérateurs demeurent néanmoins fébriles, malgré les meilleures nouvelles apparentes provenant du Credit Suisse, secouru par la Banque nationale suisse. Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 0,3% à 67,4$. L'once d'or fléchit de 0,1% à 1.929$. L'indice dollar se stabilise face à un panier de devises.
Le Département américain au Travail a publié ce jeudi pour la semaine close au 11 mars, des inscriptions au chômage au nombre de 192.000, beaucoup moins élevées que prévu puisque le consensus était de 207.000 selon FactSet.
L'indice manufacturier régional de la Fed de Philadelphie pour le mois de mars 2023 s'est établi à -23,2, contre -15,1 de consensus, signalant ainsi une contraction encore plus forte qu'attendu de l'activité manufacturière dans la région considérée.
Les mises en chantier de logements aux États-Unis pour le mois de février sont ressortis sur un rythme de 1,45 million, contre 1,31 million de consensus factSet et 1,32 million environ pour la lecture révisée du mois antérieur. Les permis de construire se sont établis sur un rythme de 1,52 million, contre 1,34 million de consensus et 1,34 million un mois auparavant.
L'indice américain des prix à l'import pour le mois de février 2023 est ressorti en retrait de 0,1% en comparaison du mois précédent, contre -0,2% de consensus FactSet. L'indice des prix à l'export a en revanche progressé de 0,2%, contre une baisse attendue. En janvier, les prix à l'import avaient corrigé de 0,4%, alors que les prix à l'export s'étaient appréciés de 0,5% selon les données révisées.
Le marché a connu plusieurs jours très volatils d'affilée, balloté au gré de l'actualité ou des rumeurs sur les banques. Le sentiment paraît relativement meilleur ce jour grâce à la réception par le Credit Suisse d'une ligne de liquidité de la Banque nationale suisse, apportant une certaine stabilité aux préoccupations bancaires européennes. Les problèmes bancaires mondiaux mettent également l'accent sur les actions des banques centrales avec la BCE ce jour et la Fed la semaine prochaine. Les anticipations concernant la trajectoire des taux de la Fed ont été très volatiles ces derniers jours, car la situation bancaire a potentiellement modifié la fonction de réaction de la Fed maintenant qu'elle doit équilibrer les préoccupations en matière de stabilité financière avec une inflation toujours élevée...
Parmi les gros titres du jour, la Maison Blanche menace d'interdire TikTok à moins que le propriétaire ByteDance ne vende l'application - nouvelle qui devrait profiter aux titres Meta (+1%) ou Snap (+5%) ce jour...
First Republic Bank, banque régionale US fragilisée par les chutes de SVB et Signature Bank, envisagerait des options, y compris une vente potentielle. Le gouvernement américain travaille toujours à trouver un acheteur SVB, des rapports indiquant qu'il ne vendrait qu'à une autre banque.
Un certain nombre d'articles de presse ont signalé des craintes croissantes de récession, tandis que Goldman Sachs a déclaré qu'il voyait désormais 35% de probabilité d'une récession. GS a aussi réduit ses prévisions de croissance du PIB américain compte tenu des normes de prêt bancaires plus strictes... Le Financial Times a lui indiqué que la CFTC évaluait le risque des options ODTE, ces fameuses options expirant dans la journée dont les volumes de transactions ont flambé ces derniers mois et qui pourraient à en croire certains experts accentuer l'instabilité financière.
Ailleurs dans le monde ce jeudi, la production industrielle japonaise finale de janvier a chuté de 5,3% en comparaison du mois antérieur, contre -4,6% de consensus...
En Europe, les opérateurs suivent la BCE et la conférence de presse de Christine Lagarde. La Banque centrale européenne vient d'annoncer une hausse de 50 pts de base de ses taux directeurs. Les traders estimaient ce matin à hauteur de 50% la probabilité d'un relèvement de 50 points de base des taux de la Banque centrale européenne après l'annonce de Credit Suisse de l'obtention d'une ligne de prêt de 50 milliards de francs suisses auprès de la Banque nationale suisse... Christine Lagarde, patronne de la BCE, maintient le cap ce jour et juge l'inflation toujours trop élevée, ajoutant qu'il n'y a "pas de compromis" entre la stabilité des prix et la stabilité financière. Lagarde juge d'ailleurs que le secteur bancaire est dans une situation "bien plus solide" qu'en 2008. La patronne de la BCE a poursuivi en estimant qu'elle "ne voyait pas la nécessité d'étudier des outils alternatifs, pour le moment". Luis de Guindos, vice-président de l'institution monétaire, a estimé pour sa part que "des taux plus élevés étaient positifs sur les marges des banques", soulignant au passage de l'exposition générale au Credit Suisse était "très limitée".
L'autorité monétaire européenne a aussi revu au passage ses prévisions d'inflation en baisse, bien que supérieures à l'objectif des 2% pour les années à venir : Elle table ainsi désormais sur une inflation de 5,3% en moyenne cette année dans la zone euro, contre 6,3% prévu en décembre dernier. La prévision pour 2024 est revue à 2,9% et celle pour 2025 à 2,1%. L'institution monétaire précise que ses nouvelles projections macroéconomiques ont été finalisées début mars, donc avant "l'émergence des récentes tensions sur les marchés financiers". La BCE a également révisé ses perspectives concernant l'inflation de base, c'est-à-dire hors énergie et alimentation, à 4,6% en moyenne cette année. Concernant la croissance économique, la BCE anticipe une hausse du produit intérieur brut de 1% en 2023 contre 0,5% auparavant.
Concernant la Fed cette fois, qui se réunit les 21 et 22 mars, l'outil FedWatch montre une probabilité de 73% d'une hausse des taux de 25 points de base portant le taux des fed funds entre 4,75 et 5%, et une probabilité de 27% environ d'un statu quo. Les mesures demeurent très volatiles, mais ce même outil privilégie ensuite, pour le 3 mai, des fourchettes de 4,75-5% ('proba' 44%) ou 5-5,25% (probabilité 47%). Les attentes redescendent dès le 14 juin, avec des hypothèses à 4,5-4,75% (41% de 'proba') et 4,75-5% (probabilité 46%), ce qui signale donc un possible assouplissement.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street ce jour, au lendemain des résultats d'Adobe, Dollar General, Jabil ou Williams-Sonoma publient avant bourse leurs derniers comptes. FedEx annonce après la clôture.
Les valeurs
Berkshire Hathaway (stable), la firme d'investissement de Warren Buffett, se renforce encore sur le dossier du groupe pétrolier Occidental Petroleum (+1%), portant sa participation à plus de 23% selon les dernières déclarations à la SEC, autorité américaine de marché. Berkshire a acquis ainsi des titres Occidental supplémentaires de lundi à mercredi à des cours allant de 56 à 61$. Berkshire avait repris ses achats en début de mois. La firme de l'oracle d'Omaha n'avait auparavant pas fait évoluer sa position au tour de table du groupe pétrolier et gazier des mois durant. Berkshire, dont la participation à fin décembre était de 21,4%, vient donc de monter à 23,1%.
Dollar General (-1%), le détaillant discount américain, a affiché un bénéfice net de 659 millions de dollars et 2,96 dollars par action pour le quatrième trimestre, contre 597,4 millions de dollars un an plus tôt. Le consensus FactSet était de 2,95$ par action. Le groupe a enregistré des revenus de 10,2 milliards de dollars sur la période, en ligne avec le consensus, contre 8,7 milliards de dollars un an auparavant. La croissance a été soutenue par l'expansion des ventes à comparable et les contributions des nouveaux magasins, bien que certaines fermetures de magasins aient pesé. Les ventes des magasins comparables ont augmenté de 5,7%, très légèrement inférieures aux attentes. Pour l'exercice 2023, Dollar General prévoit une croissance de 3 à 3,5% à comparable. La société s'attend à une croissance d'environ 5,5 à 6% de ses ventes nettes, avec un impact négatif anticipé de deux points lié au fait que l'exercice 2022 comptait 53 semaines.
Jabil (-6%), le sous-traitant américain de production électronique, a dévoilé ce jeudi des résultats supérieurs aux attentes de marché et des prévisions plutôt rassurantes. Le bénéfice net pour le deuxième trimestre fiscal clos au 28 février a atteint 207 millions de dollars, 1,52$ par action, contre 222 millions de dollars un an avant. Hors éléments non récurrents, le bénéfice ajusté par action a été de 1,88$, contre un consensus FactSet de 1,85$. Les revenus ont augmenté de 8% pour atteindre 8,13 milliards de dollars, dépassant également le consensus qui était de 8,09 milliards de dollars. Jabil s'attend à un chiffre d'affaires de 7,9 milliards de dollars à 8,5 milliards de dollars au troisième trimestre, entourant le consensus FactSet qui était de 8,14 milliards. Le groupe vise un chiffre d'affaires de 34,5 milliards de dollars pour l'exercice complet, à comparer à un consensus de 33,9 milliards.
Adobe (+4%), le groupe software américain connu pour ses produits Acrobat, inDesign, Flash ou Photoshop, gagne du terrain à Wall Street au lendemain de comptes trimestriels solides et de prévisions de profits rehaussées pour l'exercice 2023. Ainsi, le groupe se permet de relever ses anticipations de bénéfice et de nouveaux revenus nets récurrents Digital Media. Pour le premier trimestre fiscal 2023, Adobe a affiché un bénéfice ajusté par action de 3,8$, à comparer à un consensus d'environ 3,7$. Les revenus, de 4,66 milliards de dollars, ont aussi battu le consensus, en croissance de 9% en glissement annuel pour ce trimestre clos début mars. Le bénéfice net a reculé quant à lui modestement à 1,25 milliard de dollars. Le segment Digital Media, qui comprend Creative Cloud, a généré 3,4 milliards de dollars de recettes sur le trimestre écoulé, soit une progression de 9% et une performance également légèrement supérieure au consensus.
Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe envisage un bénéfice ajusté par action de 3,75 à 3,8$, ainsi que des revenus allant de 4,75 à 4,78 milliards de dollars. Ces anticipations, en milieu de fourchette, sont légèrement au-dessus du consensus. Le groupe a enfin relevé ses estimations annuelles de bpa ajusté entre 15,3 et 15,6$. Il anticipe 1,7 milliard de dollars de nouveaux revenus nets annualisés Digital Media.
Apple (+1%). Foxconn, sous-traitant taïwanais majeur d'Apple, a indiqué hier son intention d'accroître ses investissements hors de Chine afin d'attirer notamment la clientèle automobile. Le groupe a aussi fait état d'une plus faible demande en électronique de consommation. Foxconn, l'assembleur de 70% des iPhone, entend donc se diversifier hors de Chine après les mouvements sociaux et les restrictions sanitaires qui ont frappé son activité locale en fin d'année dernière. Guidé par la demande des clients, le groupe voit donc des perspectives à l'international aux États-Unis, au Mexique, en Inde, au Vietnam (...). Ainsi, la proportion des revenus des produits fabriqués hors de Chine est appelée à augmenter. Foxconn se montre assez prudent en termes de perspectives, envisageant des revenus stables au premier trimestre et sur l'année, du fait de la moindre demande en produits d'électronique grand public, et malgré la croissance dans d'autres segments tels que le cloud, les réseaux et les composants.
Williams-Sonoma (stable), le groupe américain de distribution de meubles, fournitures de cuisine et accessoires pour l'habitat, vient de battre le consensus de profit sur le trimestre clos et de relever son dividende. Le détaillant a annoncé un bénéfice du quatrième trimestre fiscal de 355 millions de dollars, 5,28 dollars par action, contre 403 millions de dollars un an avant. Hors éléments non récurrents, le bénéfice ajusté par action a été de 5,50$, contre un consensus FactSet de 5,46$. Les revenus ont corrigé de 2% à 2,45 milliards de dollars, en dessous du consensus FactSet qui était de 2,61 milliards. Williams a augmenté son dividende trimestriel à 90 cents par action contre 78 cents, le nouveau dividende étant payable le 26 mai aux actionnaires inscrits le 21 avril. Le groupe a enfin annoncé un programme de rachat d'actions d'un milliard de dollars.
First Republic Bank (-21% !) plonge encore à Wall Street ce jeudi. Selon l'agence Bloomberg, la banque régionale américaine explorerait des options stratégiques, y compris une cession. Des personnes connaissant le sujet ont indiqué à l'agence que l'établissement californien devrait susciter l'intérêt de grands rivaux, bien qu'elle envisage toujours des options pour renforcer ses liquidités. Normalement, une rumeur de cession aurait tendance à faire flamber un cours de bourse, mais ici, les choses sont bien différentes. "Toute vente potentielle serait probablement un résultat difficile pour les actionnaires existants, étant donné la comptabilisation au prix du marché des prêts", indique ainsi l'analyste Christopher McGratty de Keefe, Bruyette & Woods, cité par Bloomberg.
La banque régionale américaine, qui s'était déjà effondrée vendredi puis lundi dans le sillage de Silicon Valley Bank et Signature, est déjà retombée hier de 21% à Wall Street après avoir tenté mardi un audacieux sursaut spéculatif. La firme a bénéficié dans l'urgence d'un soutien de JP Morgan Chase et de la Fed, mais les agences de notation ne sont pas convaincues. Alors que Moody's menaçait plus tôt cette semaine de déclasser le dossier, S&P Global Ratings et Fitch Ratings sont passées à l'acte, dégradant dans la catégorie spéculative 'junk' l'établissement californien de services bancaires et patrimoniaux. Les agences s'inquiètent fort logiquement que les clients retirent leurs avoirs en masse de la banque, même après le soutien affirmé des régulateurs US. S&P a revu sa note à 'BB+' contre 'A-' et conserve First Republic sous surveillance négative.
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