Wall Street : montagnes russes avec Nvidia
La cote américaine reste très dépendante ce mardi du dossier Nvidia, qui avait dopé le Nasdaq en tout début de séance et pèse désormais sur l'indice...

La cote américaine reste très dépendante ce mardi du dossier Nvidia, qui avait dopé le Nasdaq en tout début de séance et pèse désormais sur l'indice riche en valeurs technologiques. Il faut dire que le titre affiche une extrême volatilité à l'approche de la publication trimestrielle du groupe, attendue demain soir. Le Nasdaq, qui avait ouvert en vive hausse, ne prend plus désormais que 0,48% à 13.562 pts. Le S&P 500 grappille 0,09% à 4.404 pts, alors que le Dow Jones fléchit de 0,26% à 34.375 pts. Les marchés américains avaient été sauvés hier de la glissade par le concepteur de processeurs et le leader des véhicules électriques Tesla. Le Nasdaq bondissait ainsi de 1,56% en clôture, avec un gain de 8,5% de Nvidia et un sursaut de 7,3% de Tesla.
Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd actuellement 0,3% à 79,8$. L'once d'or se stabilise à 1.923$. L'indice dollar gagne 0,4% face à un panier de devises de référence. Sur les marchés obligataires, le rendement du T Bond à 10 ans atteint désormais 4,33%, contre 4,43% pour celui du 30 ans.
Dans l'actualité macroéconomique américaine ce jour, les opérateurs suivent les reventes de logements et l'indice manufacturier de Richmond. D'après la National Association of Realtors américaine ce mardi, les reventes de logements du mois de juillet se sont établies sur un rythme de 4,07 millions d'unités, à comparer à un consensus FactSet de 4,15 millions et un niveau de 4,16 millions rapporté un mois auparavant. Ainsi, ces reventes ressortent en déclin de 2,2% d'un mois sur l'autre et de 16,6% sur un an.
L'indice d'activité manufacturière régionale de la Fed de Richmond pour le mois d'août 2023 est ressorti négatif à -7, en ligne avec le consensus FactSet, contre -9 un mois auparavant.
Demain mercredi, l'indice flash PMI composite américain et les ventes de logements neufs seront annoncés. Les commandes de biens durables, les inscriptions au chômage et l'indice d'activité nationale de la Fed de Chicago seront dévoilés jeudi. L'indice du sentiment des consommateurs américains de l'Université du Michigan sera révélé vendredi.
Du côté, de la Fed, Thomas Barkin, Michelle Bowman et Austan Goolsbee interviennent ce mardi, mais c'est surtout Powell qui retiendra l'attention vendredi. Alors que les Minutes de la Fed publiées la semaine dernière ont montré une fois encore la détermination des banquiers centraux américains à terminer le travail et à ramener l'inflation vers l'objectif des 2%, les opérateurs se tournent donc désormais vers le symposium de Jackson Hole. Le président de la Fed, Jerome Powell, doit prendre la parole le vendredi 25 août dans le cadre de la conférence. Les investisseurs demeurent toutefois sceptiques quant au fait que Powell fournisse un éventuel signal politique explicite compte tenu des données supplémentaires sur l'inflation et l'emploi attendues avant la réunion du FOMC des 19 et 20 septembre.
Powell pourrait camper sur ses positions en réaffirmant que la politique de la Fed n'est pas sur une trajectoire définie et reste dépendante des données. Il pourrait ainsi se contenter de préciser que les décisions seront prises réunion par réunion. Il devrait aussi confirmer l'engagement à viser un objectif d'inflation de 2% et noter que malgré certains progrès, la Fed a besoin d'observer des améliorations supplémentaires sur le front de l'inflation. Certains se demandent s'il repoussera les attentes de baisse des taux de 2024, avec les meilleures perspectives de croissance aux États-Unis. Le thème central de cette conférence de Jackson Hole sera "les changements structurels dans l'économie mondiale". Certains pensent que cela pourrait inciter à discuter d'un taux neutre plus élevé, mais il est peu probable que la Fed signale pour l'heure un changement significatif compte tenu de l'incertitude entourant les perspectives.
Selon l'outil FedWatch du CME Group, la probabilité est actuellement de 84% d'un statu quo monétaire le 20 septembre, à l'issue de la prochaine réunion de la Fed, ce qui laisserait les taux entre 5,25 et 5,5%. La probabilité d'un relèvement d'un quart de point est de 16%. Pour la réunion suivante, la probabilité d'un relèvement d'un quart de point atteint près de 40%. Si l'économie américaine confirme sa résilience, il est donc envisageable que la Fed procède encore à un tour de vis supplémentaire dans le cadre de son cycle actuel de durcissement.
Dans l'actualité des entreprises cotées à Wall Street, Lowe's, Medtronic, Baidu, Dick's Sporting Goods, BJ's Wholesale et Coty ont annoncé ce mardi, alors que Toll Brothers dévoile ses comptes après la clôture. Nvidia publie demain soir, après bourse, en même temps que Snowflake, Splunk, NetApp et Autodesk. Analog Devices, Bath & Body Works, Kohl's, Foot Locker et Williams-Sonoma seront aussi de la partie avant bourse mercredi. Intuit, Marvell Technology et Dollar Tree annonceront jeudi.
Les valeurs
Nvidia (-1% désormais après une ouverture en hausse) rebondissait hier soir de 8,5% vers les 470$ à Wall Street, non loin des sommets historiques à l'approche des trimestriels attendus mercredi soir, et alors que HSBC vient de porter de 600 à 780$ son objectif de cours, visant 12 milliards de CA pour le 2e trimestre du géant des processeurs. KeyBanc Capital Markets a pour sa part renforcé hier son objectif de 70$ sur le dossier, à 620$ désormais, malgré les contraintes d'approvisionnement. L'intermédiaire maintient son avis à 'surpondérer' et s'attend à ce que Nvidia dépasse significativement les attentes en termes de résultats et de guidance, sur la base de la flambée de la demande et de l'amélioration de la chaîne d'approvisionnement. HSBC, pour sa part, qui affiche le second objectif le plus élevé de Wall Street désormais, évoque une forte demande qui continue de dépasser l'offre, particulièrement sur le segment des produits IA.
Le titre s'était envolé d'un peu moins de 25% le 25 mai après des résultats du premier trimestre meilleurs que prévu et, plus important encore, des prévisions explosives pour le deuxième trimestre. À l'approche des résultats du deuxième trimestre, de nombreux analystes ont livré des commentaires positifs et renforcé leurs estimations 'en mode FOMO', ainsi que leurs objectifs de cours. La barre est certes haute, mais la demande actuelle pour les produits d'intelligence artificielle est telle que nul ne peut vraiment savoir de quoi Nvidia sera capable, ce qui éclipse aussi pour l'heure les préoccupations relatives à la Chine et aux restrictions à l'exportation. Les résultats et perspectives de Nvidia pourraient aussi grandement influer sur le sentiment plus large du marché, dans le bon ou le mauvais sens, étant donné que le dossier est le meilleur "pure player" sur le thème de l'adoption de l'IA et qu'il a joué un rôle clé dans le rallye des 'Magnificent Seven', entraînant près de 75% des gains du S&P 500 sur le premier semestre.
Nvidia est la valeur qui a sans doute le plus profité à Wall Street ces derniers mois de l'incroyable engouement autour de la thématique de l'intelligence artificielle. Le groupe publie ses résultats financiers après-demain. Il s'agira donc d'un test majeur pour les marchés. Les résultats de Nvidia seront d'autant plus scrutés que les annonces de poids sont rares cette semaine à Wall Street. Le groupe, avec sa capitalisation boursière de plus de 1.000 milliards de dollars, sera donc LA valeur de la semaine. Le consensus de place pour ce trimestre de juillet est désormais de 2,07$ de bénéfice par action pour 11,17 milliards de dollars de revenus, alors que le groupe avait très agréablement surpris en mai en livrant une guidance de revenus de 11 milliards de dollars - alors que le consensus était logé à 7,2 milliards seulement. Les analystes ont été nombreux ces derniers jours à doper encore leurs estimations et objectifs sur Nvidia, du fait de la très forte demande lui assurant une performance probablement très solide sur les prochains trimestres.
Zoom Video Communications, géant californien des services de conférence à distance et collaboration mobile, perd 3% désormais. Pour son deuxième trimestre fiscal, le groupe a réalisé des revenus de 1,14 milliard de dollars en augmentation de 3,6% en glissement annuel et de 4,5% à devises constantes. Le consensus était de 1,11 milliard de dollars. La marge opérationnelle non-GAAP a été de 40,5%. Le bpa ajusté a été de 1,34$, contre 1,05$ un an avant et 1,05$ de consensus. Des consommateurs et des petites entreprises qui avaient afflué vers Zoom pendant la pandémie ont délaissé la plateforme au cours des derniers trimestres, ce qui a nui à la rentabilité. Ce groupe de clients se stabilise maintenant. La société basée à San Jose, en Californie, a aussi relevé sa guidance de bénéfice par action entre 4,63 et 4,67$ pour l'exercice, contre 4,32$ de consensus. Les revenus sont attendus entre 4,49 et 4,5 milliards de dollars, une révision en légère hausse, alors que la compagnie entend aussi capitaliser sur l'IA.
Nordson gagne 1% à Wall Street. Le groupe a pourtant dépassé les attentes de profits pour son troisième trimestre fiscal, affichant sur la période un bénéfice ajusté par action de 2,35$, à comparer à un consensus de 2,31$ et un niveau de 2,49$ un an plus tôt. Les revenus du producteur d'équipements et machineries industrielles ont été de 649 millions de dollars pour la période, contre 662 millions de dollars un an plus tôt. Les revenus sont ainsi inférieurs quant à eux aux anticipations moyennes des analystes de la place. Le bénéfice opérationnel trimestriel a été de 171 millions, alors que l'Ebitda a atteint 208 millions soit 32% des ventes. Le groupe envisage une croissance de 0 à 2% sur l'exercice, pour un bpa ajusté allant de 8,9 à 9,05$.
Lowe's (+4%), le détaillant américain rival de Home Depot, a annoncé pour le trimestre clos des profits et ventes au-dessus des attentes de marché, ainsi qu'une baisse moins importante que prévu de l'activité à comparable. Le détaillant en produits liés à la maison a ainsi dégagé sur la période un bénéfice ajusté par action de 4,56$ à comparer à un consensus de 4,47$ mesuré par FactSet. Les ventes à comparable ont décliné de 1,6% pour ce deuxième trimestre, contre -2,4% de consensus. Le bénéfice net a été de 2,7 milliards de dollars sur la période close début août. Un an avant, le bpa était de 4,67$. Les ventes trimestrielles totales ont été de 25 milliards de dollars, contre 27,5 milliards pour la période comparable, l'an dernier. Pour l'exercice, les ventes sont attendues entre 87 et 89 milliards de dollars, avec une baisse à comparable de l'activité allant de 2 à 4%. La marge opérationnelle ajustée annuelle est anticipée entre 13,4 et 13,6%. Le bpa ajusté est attendu entre 13,2 et 13,6$.
Baidu (+1%), le moteur de recherche chinois coté à Wall Street, gagne du terrain. Le groupe a affiché un bénéfice net du deuxième trimestre en croissance de 43% en glissement annuel avec la croissance des activités marketing et du streaming vidéo. Le "Google chinois" a ainsi largement dépassé les attentes de profits. La société a annoncé une hausse de 15% de ses ventes à 34,1 milliards de yuans (4,7 milliards de dollars) pour le trimestre de juin, contre un consensus de 33,3 milliards de yuans. Le bénéfice net a augmenté de 43% à 5,2 milliards de yuans, environ 718 millions de dollars. Le bénéfice net de Baidu Core a été de 5 milliards de yuans pour une marge nette de 19%.
Medtronic (+2%), le fournisseur de technologies médicales, a publié pour son premier trimestre fiscal 2024 des revenus de 7,7 milliards de dollars en augmentation de 4,5% en glissement annuel et de 6% en organique. Le bénéfice ajusté par action a été de 1,20$, en hausse de 6% en comparaison de l'an dernier. Le consensus était de 1,11$ de bpa ajusté et 7,57 milliards de dollars de revenus. Le groupe a aussi relevé ce jour ses estimations de croissance des revenus et de bénéfice par action. La croissance organique de l'activité est ainsi attendue à 4,5%. Le bénéfice ajusté par action est maintenant anticipé entre 5,08 et 5,16$, soit une progression de 7% pour le milieu de fourchette.
Macy's, la chaîne américaine de grands magasins, perd 11% à Wall Street, alors que son bénéfice trimestriel a pourtant dépassé les attentes. Le management se montre néanmoins très prudent et avertit concernant la santé du consommateur américain. Pour le deuxième trimestre, le bénéfice ajusté par action a été de 26 cents, deux fois plus élevé que le consensus. Les ventes à comparable de l'enseigne Macy's ont décliné de 9,2%, alors que Bloomingdale's a corrigé de 2,7% et que Bluemercury a progressé de 5,8%. La compagnie a aussi mentionné un déclin des revenus de cartes de crédit, négativement affectés par le taux accru de délinquance. Les revenus trimestriels totaux ont été de 5,13 milliards de dollars, contre 5,1 milliards de consensus. Le groupe maintient ses estimations 2023, tablant sur des ventes allant de 22,8 à 23,2 milliards de dollars.
Dick's Sporting Goods dévisse de plus de 24% à Wall Street, ses résultats trimestriels ayant montré le ralentissement des dépenses en vêtements de sport. Le détaillant a aussi abaissé ses prévisions annuelles de résultats, évoquant les inquiétudes liées aux vols. Sur le trimestre clos fin juillet, le bénéfice a été de 244 millions de dollars et 2,82$ par titre, contre 319 millions un an avant. Le consensus de bpa est complètement raté. Les ventes ont pourtant progressé à 3,22 milliards de dollars, se rapprochant du consensus. La croissance à comparable a été de 1,8%. Le bpa annuel est désormais attendu entre 11,33 et 12,13$.
Coty (-2%) table sur un bénéfice annuel inférieur au consensus, avec les coûts d'inputs et salariaux, et malgré les hausses de prix. Le bénéfice ajusté par action de l'exercice 2024 est attendu entre 44 et 47 cents, contre 48 cents pour le consensus des analystes. Les revenus ont progressé de 16% sur le quatrième trimestre à 1,35 milliard de dollars, contre 1,31 milliard de consensus.
Microsoft (+1%), qui tente de convaincre le régulateur britannique d'approuver son accord d'acquisition de l'éditeur de jeux vidéo Activision Blizzard, a soumis un nouveau plan, suite au rejet opposé par la CMA plus tôt cette année. L'Autorité britannique de la concurrence et des marchés reconsidèrera l'offre de Microsoft pour 69 milliards de dollars, alors que le géant software vient d'annoncer son intention de vendre les droits de cloud streaming de tous les jeux Activision actuels et futurs sortis au cours des 15 prochaines années à Ubisoft. Le désinvestissement n'inclut pas l'Espace économique européen, a indiqué la CMA. "Nous craignions auparavant que Microsoft soit en mesure de contrôler la manière dont ce marché allait se développer", a déclaré Sarah Cardell, directrice générale de la CMA, dans une interview sur Bloomberg Radio. "Ce que nous constatons avec ce nouvel accord, et nous devrons le tester attentivement au cours de notre examen, c'est que plutôt que Microsoft soit en mesure de contrôler la façon dont ces droits de streaming dans le cloud sont utilisés, ce contrôle sera transféré à une société indépendante".
Dans le cadre de la transaction restructurée, Microsoft ne serait pas en mesure ni de publier les jeux Activision Blizzard exclusivement sur son propre service de streaming cloud, Xbox Cloud Gaming, ni de contrôler exclusivement les conditions de licence des jeux Activision Blizzard pour les services concurrents, selon le colosse software. L'enquête de phase 1 de la CMA va maintenant commencer et l'autorité britannique a fixé la date limite statutaire au 18 octobre.
L'agence de notation S&P Global a abaissé hier lundi ses notations et revu ses perspectives concernant de nombreuses banques américaines de taille moyenne, quelques mois après les effondrements de Silicon Valley Bank et de Signature Bank. L'agence Moody's avait livré des déclassements similaires un peu plus tôt, du fait des risques de financement et d'une rentabilité érodée. S&P a dégradé en particulier Associated Banc-Corp (-1%) ainsi que Valley National (-2%) du fait de risques de financement et de la structure des dépôts. Keycorp, Comerica et UMB Financial comptent aussi parmi les banques régionales sanctionnées par l'agence, qui évoque les retraits de dépôts et les taux d'intérêts plus élevés - qui pèsent sur le financement et la liquidité. S&P estime par ailleurs que les dépôts des banques assurées par la FDIC devraient poursuivre leur déclin aussi longtemps que la Fed maintient son resserrement monétaire quantitatif. L'agence a enfin abaissé ses perspectives à 'négatives' concernant les notations de River City Bank et S&T Bank.
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