Wall Street hésite sur les sommets. Peur des Sorcières ?
Wall Street hésite avant bourse ce vendredi, au lendemain d'un puissant rallye alimenté par les espoirs de baisse des taux et d'atterrissage...
Wall Street hésite avant bourse ce vendredi, au lendemain d'un puissant rallye alimenté par les espoirs de baisse des taux et d'atterrissage économique en douceur. Le Dow Jones, qui gagnait hier soir 1,26%, grappille encore 0,1% en pré-séance aujourd'hui, au plus haut historique. Le S&P 500, également au plus haut niveau, fléchit de 0,1% avant bourse. Le Nasdaq cède 0,2%, après un bond de 2,5% hier soir.
La tendance est donc un peu plus prudente ce jour, d'autant qu'il s'agit de la journée dite des "Quatre Sorcières", marquée souvent par une certaine volatilité. Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd du terrain sous les 71$. L'once d'or fin prend 1,1% à 2.616$, explorant de nouveaux sommets. L'indice dollar grappille 0,1% face à un panier de devises de référence.
Hier, les indices s'étaient donc envolés après digestion des annonces de la Fed de Jerome Powell. Ainsi, comme attendu, la Fed a donc réduit mercredi sa fourchette sur le taux des 'fed funds' d'un demi-point, entre 4,75 et 5%. Le mouvement était attendu, avec environ 60% de probabilité avant le verdict, d'après l'outil CME FedWatch. Ce même baromètre montre une probabilité de 59,6% d'une nouvelle baisse des taux d'un quart de point le 7 novembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire. La réunion des 17 et 18 décembre pourrait quant à elle se solder par une fourchette de 4-4,25% sur les taux ('proba' de 49,4% selon FedWatch) ou bien 4,25-4,50% (probabilité de 31,6%).
Rappelons que le cycle antérieur de durcissement monétaire a duré du 17 mars 2022 au 26 juillet 2023, avec un relèvement des taux de 0-0,25% jusqu'à 5,25-5,5%. Au premier trimestre 2022, la Fed affichait donc encore des taux proches de zéro, et depuis juillet 2023, le niveau des taux n'avait plus bougé et les opérateurs avaient spéculé considérablement sur l'assouplissement monétaire ultérieur, maintes fois reporté du fait du niveau élevé de l'inflation et d'une économie résiliente. Les taux étaient ainsi restés depuis plus d'un an sur ce niveau restrictif des 5,25-5,5%, au plus haut de 23 ans.
Il s'agissait donc de la première baisse de taux de la Fed depuis mars 2020 et la période Covid-19. La banque centrale américaine avait réduit ses taux de 50 points de base le 3 mars 2020, entre 1 et 1,25%, puis de 100 points de base de plus le 16 mars, entre 0 et 0,25%. La décision de mercredi a été presque unanime parmi les banquiers centraux américains, à une voix près, celle de la gouverneure Michelle Bowman - première dissidence depuis 2005.
Toute la question est donc désormais de savoir si l'atterrissage de l'économie américaine sera doux ou pas. Jerome Powell, patron de la Fed, a tenu à rassurer en affirmant que cette importante réduction des taux, la première en plus de quatre ans, était destinée à maintenir la force de l'économie. Ainsi, Powell a insisté sur la nécessité de soutenir l'activité, alors que l'inflation semble vouloir retourner vers sa cible des 2% et que le marché du travail affiche quelques signaux de faiblesse. Le dirigeant de la Fed a indiqué que les risques à la hausse sur l'inflation étaient donc moindres, alors que les risques concernant le marché de l'emploi seraient plus importants.
Powell a jugé que la Fed n'était pas en retard et que l'ajustement entamé permettrait de maintenir la force de l'économie et du marché du travail. "Le moment où il convient de soutenir les marchés de l'emploi est lorsqu'ils sont forts", a asséné Powell, laissant entendre que la faiblesse des derniers chiffres de l'emploi ne serait pas alarmante. Il n'y aurait pas selon le dirigeant besoin d'attendre que les marchés du travail s'affaiblissent encore pour que l'inflation retourne vers l'objectif. Powell a aussi précisé qu'il ne voyait rien actuellement dans l'économie américaine qui suggère des risques élevés de récession. Il ne s'agirait donc pas d'une baisse de taux dans la panique, mais plutôt d'un ajustement logique après une longue période restrictive ayant produit ses effets sur les prix.
La Fed devrait poursuivre ce cycle d'assouplissement monétaire, décidant réunion par réunion, mais il ne faudrait pas selon Powell s'attendre à un rythme comparable. Autrement dit, les prochaines baisses de taux pourraient donc plutôt être d'un quart de point, même si tout cela dépendra des données.
Les projections économiques et monétaires de la Fed mises à jour montrent que les membres prévoient 50 points de base d'assouplissement supplémentaire d'ici la fin de l'année, puis 100 points de base en 2025 et 50 de plus en 2026. Le taux terminal serait ainsi de 2,9% contre 2,8% attendu en juin, d'après le "dot plot", qui présente sous forme de diagramme à points les prévisions pour les taux des responsables de la Fed.
Les marchés suivaient aussi hier des inscriptions hebdomadaires au chômage moins élevées que prévu, autre élément rassurant concernant la première économie mondiale... Les signaux adverses ne viennent donc pas forcément des statistiques, mais plutôt des prévisions des entreprises, comme celles de FedEx hier soir, qui confirment le ralentissement déjà palpable à la lecture des derniers comptes du rival UPS.
La séance du jour pourrait être quant à elle volatile, puisqu'il s'agit de la journée des Quatre Sorcières, avec l'expiration simultanée des options sur indices, options sur actions, et contrats à terme sur indices ou actions.
En ce qui concerne les entreprises cotées à Wall Street, Lennar et FedEx dévoilaient hier soir leurs résultats après bourse.
Les valeurs
Lennar, le promoteur immobilier américain, a publié pour son troisième trimestre fiscal clos en août des revenus de 9,42 milliards de dollars, en croissance de 8% en glissement annuel, pour un bénéfice ajusté par action de 3,90$ en très léger repli en comparaison de l'an dernier. Le consensus était voisin de 9,3 milliards de dollars de revenus et 3,6$ de bénéfice par action. Le bénéfice net trimestriel a été de 1,16 milliard de dollars, 4,26$ par titre. Le groupe de Miami a donc facilement battu le consensus de bénéfice, avec la force de la demande et l'offre limitée, ainsi que le déclin des taux de prêt immobilier. Les taux hypothécaires fixes sur 30 ans sont en effet retombés vers les 6%, contre un sommet récent de 8%. Lennar table désormais sur des livraisons allant de 22.500 à 23.000 unités sur le quatrième trimestre fiscal, contre 21.516 au troisième trimestre.
FedEx s'écroulait hier soir de 11% après bourse à Wall Street. Le groupe a en effet raté le consensus de profit pour le trimestre clos et livré des prévisions très prudentes pour l'exercice 2025. Au-delà de la mauvaise surprise concernant le géant des livraisons, il s'agit également d'un signal peu engageant relatif à l'état plus général de l'économie américaine. Sur le premier trimestre fiscal 2025 clos fin août, le groupe a annoncé des revenus de 21,6 milliards de dollars en GAAP et sur une base ajustée, contre 21,7 milliards de dollars un an plus tôt. Le bénéfice opérationnel a représenté 1,21 milliard de dollars en base ajustée contre 1,59 milliard un an auparavant. Le bénéfice net a été de 0,79 milliard de dollars, tandis que le bénéfice net ajusté a représenté 0,89 milliard de dollars et 3,60$ par titre - contre 1,16 milliard soit 4,55$ par action un an plus tôt. Le bpa ajusté est très éloigné des attentes, puisque le consensus Bloomberg était de 4,77$. Les revenus sont également décevants, puisque le consensus se situait à 21,9 milliards.
FedEx envisage désormais un bénéfice ajusté annuel par action allant de 20 à 21$, à comparer à un consensus de 22$. Lee Klaskow, analyste de Bloomberg Intelligence, constate que "le sens de l'urgence n'est pas là" pour payer pour des suppléments pour des livraisons ultra-rapides, ce qui pourrait signifier que "les choses sont un peu dures" et que "les gens tentent d'économiser". Le géant des colis a été touché en effet par un retrait dans les services prioritaires, les clients ayant opté pour des options d'expédition moins chères. Raj Subramaniam, CEO, a évoqué un trimestre difficile. Le groupe a engagé des efforts importants pour réduire les coûts, ce qui n'a que partiellement compensé les effets adverses. Le groupe de Memphis a affiché des volumes d'expédition intérieure aux États-Unis en retrait de 3% dans le segment Express en raison d'une demande interentreprises plus faible.
General Motors rappelle 449.671 véhicules aux États-Unis en raison d'un avertissement de niveau de liquide de frein inopérant, indique Reuters, citant la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) américaine. Ford Motor rappelle pour sa part plus de 144.000 véhicules Ford Maverick 2022-2024 aux États-Unis du fait du gel de l'image de la caméra de recul lorsque le véhicule est en marche arrière, d'après cette même NHTSA.
Nike bondit à Wall Street ce vendredi. Le groupe vient en effet d'annoncer la nomination d'Elliott Hill en tant que nouveau directeur général et président, remplaçant John Donahoe qui tire sa révérence dès le mois prochain. Hill reviendra donc en tant que CEO le 14 octobre, après avoir quitté le groupe en 2020. Les performances récentes du Nike de John Donahoe ont amplement déçu, et le titre perd un quart de sa valeur cette année. Sur le dernier trimestre publié, les revenus ont reculé de 2%, le management évoquant des challenges de court terme. Nike mène actuellement des initiatives sur trois ans visant à réduire ses coûts de 2 milliards de dollars.
Elliott Hill - contrairement à Donahoe qui avait dirigé eBay, Bain Capital ou ServiceNow - est quasiment un "pur produit Nike". Il avait rejoint le groupe juste après ses études dès 1988 - la période du fameux slogan "Just do it". Après de nombreux rôles au sein du groupe à la virgule, Hill a pris notamment la tête de la division des sports d'équipe de Nike et la vice-présidence de la vente au détail mondiale. Il était, avant de quitter Nike en 2020, président du segment Consumer & Marketplace pour Nike et la marque Jordan.
Nvidia. G42, société d'IA basée aux Émirats arabes unis, s'est alliée au géant américain des puces graphiques et d'IA pour créer un laboratoire dédié aux technologies climatiques. G42 indique que les deux partenaires vont travailler sur des solutions d'IA qui amélioreraient les prévisions météorologiques à l'échelle mondiale. Le laboratoire et la base opérationnelle de l'alliance s'établira à Abou Dabi. Les travaux devraient reposer sur la plateforme ouverte Earth-2 de Nvidia. Le laboratoire de technologie climatique servira de plaque tournante pour la recherche et le développement, renforçant ainsi l'engagement des deux entreprises en faveur de la durabilité environnementale.
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