Wall Street : forte volatilité malgré des premier résultats solides et une autre bonne nouvelle du côté de l'inflation
Du vert en début de séance ?

Forte volatilité sur les futures américains en pré-séance. Wall Street s'oriente désormais vers une ouverture dans le vert au lendemain d'une nette rechute, malgré l'intensification de la guerre commerciale ente Washington et Pékin. La Maison Blanche a décidé de rehausser à 145% les surtaxes visant Pékin qui, en réponse, a annoncé ce matin un relèvement de 84% à 125% des droits de douane sur les importations américaines qui doivent entrer en vigueur samedi.
Les valeurs refuges telles que le yen, le franc suisse ou l'or profitent de cet environnement adverse tandis que le rendement des bons du Trésor à 10 ans se maintient au-dessus de 4,4%, après avoir gagné 50 points de base cette semaine. "Le rôle traditionnel des bons du Trésor américain en tant que valeur refuge en cas de baisse des risques a été remis en question cette semaine en raison de l'incertitude de la demande étrangère", soulignent les analystes de Société Générale.
"Les perspectives à court terme pour les actifs à risque mondiaux restent incertaines compte tenu des préoccupations en matière de croissance et d'inflation, des sentiments fluides et des évolutions rapides sur les plans du commerce et des droits de douane", déclare Vasu Menon, directeur général de la stratégie d'investissement chez OCBC Bank à Singapour.
Hier soir, Donald Trump a déclaré que ses droits de douane pourraient entraîner des " problèmes de transition ", mais a exprimé sa confiance dans son plan, après que la Maison Blanche a clarifié que les droits de douane américains sur la Chine avaient atteint 145%. "Il y aura un coût de transition et des problèmes de transition, mais au final, ce sera une belle chose", a indiqué le président jeudi lors d'une réunion du Cabinet à la Maison Blanche. "Nous sommes en très bonne position", a-t-il ajouté selon des propos repris par les grands médias américains.
"Le principal acteur du commerce mondial vient de bouleverser les règles du jeu et nous ignorons quel sera son objectif final", indique à 'Bloomberg' Olivier Baduel, responsable des actions européennes chez OFI Invest AM. "Nous assistons à une perte de visibilité et nous sommes toujours dans une phase d'incertitude".
Dans l'agenda macro du jour, l'indice des prix à la production est ressorti en repli surprise de 0,4% en mars, contre +0,2% de consensus, et +0,1% en lecture révisée pour février. Sur un an, l'indice progresse de 2,7% contre +3,3% attendu. Hors alimentaire et énergie cette fois, l'indice 'core' des prix à la production recule de 0,1% en comparaison du mois antérieur, contre +0,3% de consensus, et grimpe de 3,3% sur un an contre 3,6% de consensus. L'indice préliminaire de l'Université du Michigan sur le moral des consommateurs pour le mois d'avril sera à suivre à 16H.
Les anticipations de nouvel assouplissement de la politique monétaire de la Fed continuent à varier fortement, en fonction des déclarations du président républicain... Pour la prochaine réunion des 6 et 7 mai, la probabilité d'une réduction de taux d'un quart de point est remontée à 35,5% selon l'outil CME FedWatch. Le même outil montre une probabilité de 35,4% d'une fourchette de 3,25 à 3,50% sur les taux en fin d'année, soit une baisse de 100 points de base. La probabilité d'un assouplissement de 125 points de base est de 20,2%.
Dans l'actualité des entreprises à Wall Street, la saison des résultats trimestriels débute véritablement ce vendredi avec des comptes plutôt solides de JP Morgan, Wells Fargo, BlackRock et Bank of New York Mellon. Les commentaires des dirigeants des grands établissements de Wall Street appellent néanmoins à la prudence. "Les clients sont devenus plus prudents face à la volatilité accrue des marchés, alimentée par les tensions géopolitiques et commerciales", a par exemple déclaré Jamie Dimon. "L'économie est confrontée à des turbulences considérables, notamment géopolitiques", a souligné l'emblématique DG de JP Morgan.
Sur le marché des changes, l'indice dollar abandonne encore 1,1% tandis que l'euro s'envole de près de 1,6% face au billet vert, à 1,135$. Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance timidement de 0,2% à 60,2$ ! Enfin, l'once d'or gagne 1,6% à 3.226$.
Les valeurs
* JPMorgan Chase gagne du terrain avant bourse après avoir dévoilé de solides résultats trimestriels. Le bénéfice net de la banque a progressé de 9% à 14,6 milliards de dollars, soit 5,07$ par action, au premier trimestre, grâce à la hausse des commissions liées aux transactions et à une performance record du trading d'actions. Les revenus ajustés ont atteint 46,1 Mds$ sur la période contre 44,39 Mds$ de consensus. Les revenus issus des marchés actions ont bondi de 48% pour atteindre un record de 3,8 milliards de dollars, contre 3,18 Mds$ de consensus. L'activité a été largement portée par l'optimisme du président américain Donald Trump quant à la mise en oeuvre de politiques favorables à la croissance, à l'assouplissement des réglementations et à la baisse des impôts au cours des trois premiers mois de 2025. Les commissions de la banque d'investissement ont augmenté de 12% à 2,2 milliards de dollars.
Le revenu net d'intérêts devrait atteindre environ 94,5 milliards de dollars sur l'ensemble de l'année, contre environ 94 Mds$ initialement prévu, et 93,98 Mds$ estimés par le marché. Le premier trimestre plein d'espoirs autour de l'économie américaine apparaît désormais bien loin, la guerre commerciale menée par Donald Trump ayant bouleversé toutes les attentes. La plus grande banque américaine a augmenté ses provisions pour pertes sur créances à 3,3 milliards de dollars, contre 1,9 Md$. Cette constitution de réserves plus importante que prévu est le dernier signe en date que les entreprises américaines se préparent à un ralentissement économique, alors que leurs dirigeants sont confrontés à l'évolution de la politique tarifaire du président Donald Trump.
* Morgan Stanley grimpe en pré-séance après avoir dévoilé des résultats supérieurs aux attentes de la place au premier trimestre. La banque d'affaires new-yorkaise a dégagé sur les trois premiers mois de l'année un bénéfice net de 4,3 milliards de dollars, soit 2,60 dollars par action, contre un profit de 3,4 Mds$ et 2,02$ par action il y a un an. Le chiffre d'affaires a atteint le niveau record 17,7 milliards de dollars, contre 15,1 Mds$ un an plus tôt et 16,56 Mds$ de consensus. Les revenus issus du trading actions ont bondi de 45% à 4,13 milliards de dollars. Le chiffre d'affaires du trading obligataire a aussi progressé, les craintes renouvelées de stagflation liées aux droits de douane de Trump ayant incité les investisseurs à se couvrir de manière agressive et à se repositionner sur le crédit et la duration.
* Wells Fargo a amélioré ses profits de 6% au premier trimestre grâce à l'augmentation des commissions perçues dans la gestion de patrimoine et la banque d'investissement. Le bénéfice net est ainsi ressorti à 4,89 milliards de dollars, soit 1,39 dollar par action, contre 4,62 Mds$ et 1,20 dollar par action un an plus tôt. Les revenus nets d'intérêts de la banque - ou la différence entre ce qu'elle gagne sur les prêts et ce qu'elle verse sur les dépôts - ont reculé de 6% à 11,50 Mds$. Les turbulences tarifaires ont suscité des inquiétudes quant à l'augmentation du nombre d'emprunteurs qui ne rembourseraient pas leurs prêts. Néanmoins, la qualité du crédit s'est maintenue au premier trimestre chez Wells Fargo, ce qui a permis à la banque de réduire ses provisions. Les provisions pour pertes sur créances ont ainsi totalisé 932 millions de dollars, soit moins que les 1,22 milliard de dollars prévus par les analystes. La banque a continué à réduire ses effectifs dans le cadre d'un effort plus large pour économiser de l'argent, tout en investissant dans la technologie pour améliorer l'efficacité. Le management a laissé ses prévisions annuelles inchangées et continue de prévoir une croissance du revenu net d'intérêts de 1% à 3%.
Les banques américaines ont abordé l'année 2025 avec des perspectives optimistes, soutenues par une économie résiliente, une résurgence des transactions et des déclarations favorables aux entreprises de la part de la nouvelle administration. L'optimisme s'est toutefois effiloché la semaine dernière, les annonces fluctuantes du président Donald Trump sur les droits de douane ayant alimenté les craintes d'une inflation qui pourrait faire basculer l'économie américaine dans la récession et pénaliser l'activité des établissements financiers.
* BlackRock a dévoilé un bénéfice net ajusté par action en hausse de 15% au premier trimestre à 11,30 dollars, supérieur aux 10,11$ attendus par le marché. Le chiffre d'affaires a progressé de 12% à 5,3 milliards de dollars. Le total des actifs sous gestion de la société s'élevait à 11.600 milliards de dollars au 31 mars, un niveau pratiquement inchangé par rapport aux trois derniers mois de 2024, et globalement en ligne avec les attentes du marché. La collecte nette a atteint 84,17 milliards de dollars sur le trimestre (+47% en glissement annuel) contre un consensus de 96,02 Mds$.
"L'incertitude et l'anxiété concernant l'avenir des marchés et de l'économie dominent les conversations des clients ", a déclaré le DG du géant new-yorkais de la gestion d'actifs, Larry Fink. "Nous avons déjà connu des périodes comme celle-ci, marquées par d'importants changements structurels dans les politiques et les marchés, comme la crise financière, la Covid et la flambée de l'inflation en 2022".
* Tesla a lancé ses activités en Arabie saoudite jeudi et annoncé le lancement d'une nouvelle version du Cybertruck aux États-Unis. Cependant, le groupe a suspendu la prise de nouvelles commandes de véhicules Model S et Model X sur son site internet chinois, selon des vérifications effectuées par 'Reuters' vendredi.
* Frontier Group, la maison mère de Frontier Airlines, a retiré ses prévisions pour l'ensemble de l'année et averti d'une perte au premier trimestre, alors que la guerre commerciale déclenchée par le président américain Donald Trump affecte la demande de voyages.
* Bank of New York Mellon a fait état d'un bond de 17% de son bénéfice au premier trimestre vendredi à 1,15 milliard de dollars, grâce à la gestion d'actifs en dépôt plus importants qui ont stimulé ses revenus de commissions. Le bpa ajusté est ressorti à 1,57$ contre 1,58$ de consensus. Les revenus nets d'intérêt ont progressé de 11% à 1,16 Md$ contre 1,14$ attendu. "Pour l'avenir, nous sommes préparés à un large éventail de scénarios macroéconomiques et de marché, car les perspectives d'évolution de l'environnement opérationnel deviennent plus incertaines", a déclaré le directeur général, Robin Vince.
* Lucid Group va acquérir des installations et des actifs basés en Arizona qui appartenaient auparavant au fabricant de camions électriques et à hydrogène Nikola Corp, qui a fait faillite. La transaction n'inclut pas l'acquisition de l'activité, de la clientèle ou de la technologie liée aux camions électriques à pile à hydrogène de Nikola, a déclaré le fabricant de véhicules électriques dans un communiqué. Le Groupe californien a ajouté qu'il prévoyait d'offrir un emploi à plus de 300 anciens employés de Nikola dans les installations reprises, y compris divers postes techniques salariés et horaires dans plusieurs départements. Le mois dernier, le fondateur de Nikola, Trevor Milton, qui a été reconnu coupable de fraude et condamné à quatre ans de prison en 2023, a été gracié par le président américain Donald Trump.
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