Wall Street en ordre dispersé, après des 'stats' contrastées
Avant la pause de Thanksgiving
Wall Street hésite sur les sommets avant bourse ce mercredi, le S&P 500 demeurant proche de l'équilibre, contre une hausse de 0,1% du Dow Jones et un repli de 0,2% du Nasdaq. Hier soir, S&P et Dow Jones avaient terminé sur des plus hauts historiques, suite aux Minutes de la Fed qui n'ont pas révélé de grande surprise - la politique monétaire n'étant pas sur une trajectoire préétablie.
Plus tôt cette semaine, les opérateurs avaient salué la nomination attendue de Scott Bessent au poste de Secrétaire au Trésor de l'administration Trump. Ils ont aussi pris connaissance hier des projets immédiats de droits de douane proposés par Donald Trump visant le Canada, le Mexique et bien entendu la Chine. L'ex-nouveau président qui prendra ses fonctions le 20 janvier, a ainsi indiqué son intention de mettre en place, dès son arrivée début 2025, de nouveaux "tarifs douaniers". Ces droits de douane pourraient atteindre 25% sur les produits en provenance du Canada et du Mexique, et ce jusqu'à ce que les deux pays freinent le trafic de stupéfiants, fentanyl notamment, et les flux migratoires clandestins... "Le 20 janvier, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer des droits de douane de 25% sur TOUS les produits entrant aux États-Unis" depuis le Mexique et le Canada, a promis Trump sur Truth Social.
"Comme chacun le sait, des milliers de personnes affluent du Mexique et du Canada, portant la criminalité et la drogue à des niveaux jamais vus auparavant... À l'heure actuelle, une caravane venant du Mexique, composée de milliers de personnes, semble imparable dans sa quête pour traverser notre frontière actuellement ouverte. Le 20 janvier, dans le cadre de l'un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur TOUS les produits entrant aux États-Unis, et ses ridicules frontières ouvertes. Ce tarif restera en vigueur jusqu'à ce que les drogues, en particulier le Fentanyl, et tous les étrangers illégaux arrêtent cette invasion de notre pays !", a donc lancé Trump.
Par ailleurs, Donald Trump n'oublie donc pas la Chine et réserve à ses exportations des droits de douane majorés... "J'ai eu de nombreuses discussions avec la Chine au sujet des quantités massives de drogues, notamment de Fentanyl, envoyées aux États-Unis, mais en vain. Les représentants de la Chine m'ont dit qu'ils imposeraient la peine maximale, celle de la mort, à tout trafiquant de drogue surpris en train de faire cela, mais malheureusement, ils n'ont jamais donné suite et la drogue afflue dans notre pays, principalement via le Mexique, à des niveaux jamais vus auparavant. Jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent, nous imposerons à la Chine un tarif supplémentaire de 10%, au-dessus de tout tarif supplémentaire, sur l'ensemble de ses nombreux produits entrant aux États-Unis d'Amérique".
Donald Trump avait précédemment annoncé son intention de nommer Scott Bessent, 62 ans, gérant de fonds milliardaire, en tant que Secrétaire au Trésor, poste essentiel dans l'administration américaine, actuellement occupé par l'ex-patronne de la Fed Janet Yellen. Ainsi, le président élu a exprimé sa satisfaction de nommer Bessent comme 79e Secrétaire US au Trésor et a notamment souligné le respect inspiré par le gérant, considéré comme "l'un des plus grands investisseurs internationaux et stratèges géopolitiques et économiques".
Ce diplômé de Yale, où il a aussi enseigné, est bien connu des marchés : Le gestionnaire de fonds est en effet le fondateur de Key Square et a également travaillé pour George Soros. Il a par ailleurs été conseiller économique durant la campagne de D. Trump. Bessent affiche une image assez rigoureuse, partisan de la réduction des déficits, mais se dit aussi en faveur de la dérégulation. Ancien soutien des démocrates, il est passé ensuite dans le clan Trump et apparaît aujourd'hui dans la droite ligne de la politique que veulent mettre en place le tandem Trump/Musk visant à contrôler les dépenses... tout en réduisant l'imposition. Il s'est déjà exprimé à plusieurs reprises concernant les tarifs douaniers, qu'il voit comme un mode de sanction, un "ajustement de prix ponctuel" qui ne serait "pas inflationniste" contrairement à l'idée reçue...
Le marché new-yorkais n'a pas vraiment réagi hier soir au compte rendu prudent de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed des 6 et 7 novembre dernier. Selon ces "Minutes", les responsables de la Fed sont ressortis partagés sur l'ampleur de futures baisses de taux d'intérêt, tout en estimant que le moment n'était pas opportun pour fournir des indications trop précises sur l'évolution de la politique monétaire aux États-Unis...
Sur le front économique aux USA ce mercredi, les commandes nouvelles de biens durables du mois d'octobre se sont affichées en augmentation de 0,2% en comparaison du mois antérieur contre +0,5% de consensus. Hors transport, ces mêmes commandes se sont appréciées de 0,1% contre 0,3% de consensus.
La deuxième estimation préliminaire du PIB américain du troisième trimestre a confirmé une croissance au rythme de 2,8%, en ligne avec les anticipations de marché, tandis que les dépenses personnelles de consommation ont augmenté sur un rythme de 3,5%, à comparer à un consensus de 3,7% et à une lecture initiale de 3,7% également. L'indice des prix rattaché au PIB a augmenté sur un rythme de 1,9% contre 1,8% de consensus.
Les inscriptions hebdomadaires au chômage pour la semaine close le 23 novembre, qui viennent aussi d'être publiées, se sont établies au nombre de 213.000, contre 216.000 de consensus et 215.000 pour la lecture révisée de la semaine précédente.
La balance du commerce international des biens pour octobre est ressortie déficitaire de 99,1 milliards de dollars, contre -104 milliards de consensus et -108,7 milliards un mois auparavant.
Un indicateur clé d'inflation sera communiqué par ailleurs ce mercredi à 16 heures, celui de l'indice des prix 'core PCE' cher à la Fed. Pour le mois d'octobre, il est attendu en hausse de 0,3% d'un mois sur l'autre et de 2,8% sur un an selon FactSet. Les dépenses personnelles de consommation du mois d'octobre sont attendues à +0,25%, alors que les revenus personnels sont anticipés à +0,3%.
L'indice des promesses de ventes de logements aux États-Unis pour octobre mesuré par la National Association of Realtors sera aussi annoncé à 16 heures mercredi (consensus -1,5% en comparaison du mois précédent)... Le rapport hebdomadaire du Département américain à l'Energie sur les stocks pétroliers domestiques, pour la semaine close le 22 novembre, sera connu à 16h30.
Les marchés marqueront ensuite une pause à Wall Street demain pour Thanksgiving. La place américaine sera fermée, et ne rouvrira vendredi que pour une demi-séance (clôture à 19 heures).
Sur le Nymex, le baril de brut WTI regagne 0,7% à 69,2$. L'once d'or fin avance de 0,9% à 2.656$. L'indice dollar perd 0,8% face à un panier de devises. Le bitcoin prend 2% sur 24 heures, vers les 94.000$.
Les valeurs
Dell Technologies décroche à Wall Street, sur des revenus trimestriels décevants et des perspectives un peu courtes, la reprise du marché PC peinant à se concrétiser. Au troisième trimestre, les revenus PC ont reculé de 1% à 12,1 milliards de dollars, inférieurs aux anticipations de brokers. L'unité d'infrastructure comprenant les serveurs, dopée quant à elle par la demande de l'IA, a vu ses revenus progresser de 34% sur la période et en glissement annuel, à 11,4 milliards de dollars, légèrement au-dessus des attentes. Ainsi, les revenus totaux du groupe sur le T3 ont augmenté de 10% à 24,4 milliards de dollars, à comparer à un consensus de 24,6 milliards. Le bénéfice ajusté par action a été de 2,15$, contre 2,06$ de consensus et 1,88$ un an avant.
Le groupe a livré pour 2,9 Mds$ de serveurs optimisés pour l'IA sur le trimestre contre 3,1 Mds$ un trimestre avant. Jeff Clarke, directeur des opérations, estime quoi qu'il en soit que "l'IA est une opportunité robuste pour nous sans signe de ralentissement". Il note que les commandes de serveurs d'IA sur le trimestre ont totalisé 3,6 milliards de dollars, avec des croissances sur tous les types de clientèle. Pour son quatrième trimestre fiscal clos en février, Dell prévoit des revenus voisins de 24,5 milliards de dollars, contre 25,4 milliards de consensus. Le bénéfice ajusté par action est attendu entre 2,40 et 2,60$, lui aussi inférieur au consensus.
HP Inc chute également à Wall Street. Sur son quatrième trimestre fiscal, le groupe a affiché un bénéfice ajusté par action de 93 cents, contre 94 cents de consensus et 90 cents un an avant. Les revenus ont été de 14,1 milliards de dollars, contre 13,8 milliards pour la période comparable de l'an dernier. L'activité PC a affiché des revenus en hausse de 2% à 9,6 milliards de dollars, contre 9,7 milliards de consensus. Le segment imprimantes a progressé de 1% à 4,5 milliards de dollars, première croissance sur cette activité depuis 2021 - alors que les analystes envisageaient un repli. Hors éléments, le bpa ajusté sur le trimestre entamé est anticipé entre 70 et 76 cents, alors que les analystes tablaient en moyenne sur 86 cents. Sur l'exercice juste entamé, le bpa ajusté est anticipé entre 3,45 et 3,75$, fourchette entourant le consensus.
CrowdStrike, le groupe américain de cybersécurité qui avait décroché en bourse l'été dernier suite à une mise à jour logicielle défectueuse ayant provoqué une panne informatique mondiale, a publié des prévisions inférieures aux attentes, tablant sur un bpa ajusté allant de 84 à 86 cents sur son quatrième trimestre fiscal, à comparer à un consensus de 87 cents. Les résultats du troisième trimestre ont en revanche positivement surpris, puisque le groupe a réalisé des ventes de plus d'un milliard de dollars, dépassant les attentes, pour un bpa ajusté de 93 cents à comparer à un consensus de 81 cents. En outre, la guidance annuelle demeure en ligne avec les anticipations d'analystes en termes de chiffre d'affaires, entre 3,92 et 3,93 milliards de dollars. "Suite à l'incident de cet été, en tant qu'entreprise, nous avons été mis à l'épreuve", a déclaré le DG du groupe, George Kurtz. "Nous avons réagi avec rapidité, soin et détermination et nous nous sommes concentrés pour devenir encore meilleurs".
Workday, le groupe américain spécialiste des applications cloud dans le domaine des ressources humaines, décrochait de 10% après bourse à Wall Street hier soir. Sur son troisième trimestre fiscal, le groupe a réalisé des revenus de 2,16 milliards de dollars, légèrement au-dessus des attentes, alors que les revenus d'abonnements ont été de 1,96 milliard de dollars, en ligne avec les prévisions de brokers. Le bénéfice ajusté par action a représenté 1,89$ contre 1,76$ de consensus. Le groupe prévoit toutefois des revenus d'abonnements du quatrième trimestre inférieurs aux attentes de marché, avec la faiblesse des dépenses des clients dans un contexte de détente du marché du travail. Le groupe envisage des revenus d'abonnements de 2,03 milliards de dollars sur le quatrième trimestre, contre 2,04 milliards de consensus. Sur l'exercice, ces revenus d'abonnements sont attendus à 7,7 milliards de dollars.
Autodesk dévisse à Wall Street ce mercredi, alors que le groupe software a pourtant dépassé les attentes au troisième trimestre, réalisant un bénéfice ajusté par action de 2,17$, contre 2,11$ de consensus et 2,07$ un an avant, pour des revenus de 1,57 milliard de dollars en croissance de 11%. La marge opérationnelle ajustée a été de 36%, en repli de 3 points de pourcentage. Le cash flow des activités opérationnelles a représenté 209 millions de dollars et le free cash flow 199 millions de dollars. Le groupe envisage désormais des revenus annuels allant de 6,12 à 6,13 milliards, pour un bpa ajusté allant de 8,29 à 8,35$ - soit une révision en hausse des objectifs. Autodesk a annoncé la nomination de Janesh Moorjani en tant que nouveau directeur financier, son entrée en fonction étant prévue le 16 décembre.
Nutanix, le groupe américain de services de cloud d'entreprise, bondit avant bourse à Wall Street au lendemain de sa publication financière. Sur son premier trimestre fiscal, le groupe a affiché un bénéfice net de près de 30 millions de dollars, ainsi qu'un bénéfice ajusté par action de 42 cents à comparer à un consensus de 31 cents. Les revenus trimestriels ont totalisé 591 millions de dollars (+16%) contre 572 millions de consensus. La marge opérationnelle ajustée est ressortie à 20% contre 15,6% un an plus tôt. Sur le trimestre entamé, se terminant en janvier, le groupe envisage des revenus allant de 635 à 645 millions de dollars. Les revenus annuels sont anticipés entre 2,44 et 2,47 milliards de dollars.
Nordstrom, la chaîne américaine de magasins active dans les chaussures et accessoires, a annoncé pour son troisième trimestre un bénéfice ajusté par action de 33 cents, à comparer à un consensus de 23 cents et à un niveau de 25 cents un an plus tôt. Les revenus trimestriels ont totalisé quant à eux 3,46 milliards de dollars, dépassant le consensus de 4%, alors qu'ils se situaient à 3,32 milliards sur la période correspondante de l'an dernier. Le groupe se permet par ailleurs de relever ses anticipations de ventes pour l'exercice, juste avant la cruciale saison des fêtes de fin d'année. La croissance à comparable est attendue entre 1 et 2%, alors que la marge d'Ebit est estimée entre 3 et 3,4%. La marge ajustée d'Ebit est anticipée entre 3,6 et 4%. Le bpa ajusté annuel est enfin attendu entre 1,75 et 2,05$, hors impact de l'activité de rachat d'actions.
Urban Outfitters, le groupe d'habillement et de décoration, bondit de 14% avant bourse à Wall Street. Sur son troisième trimestre fiscal, le groupe a dégagé un bénéfice net de 103 millions de dollars, 1,10$ par action, bien au-dessus du consensus des analystes qui se situait à 85 cents. Les revenus ont totalisé 1,36 milliard de dollars (+6,3%), également meilleurs que prévu. L'Ebitda ajusté a été de 181 millions de dollars contre 134 millions de consensus. Urban table par ailleurs sur une solide demande durant la saison des fêtes.
Apple n'a pas profité de la reprise du marché des smartphones cette année. Selon une étude IDC, relayée notamment par Bloomberg, le groupe californien de Cupertino est à peine parvenu à réaliser de la croissance en 2024, alors même que le marché mondial des smartphones s'est repris pourtant fortement suite à deux années de déclin. IDC anticipe une progression de 6,2% du marché mondial cette année à 1,24 milliard d'unités, alors que les volumes d'iPhones ne devraient quant à eux probablement progresser que de 0,4% sur la même période. Le prix moyen de vente de l'iPhone dépasse néanmoins les 1.000$, contre environ 295$ pour les rivaux Android.
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