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Wall Street : après le "rallye Trump", la purge est brutale !

| Boursier | 443 | 1 par 2 internautes

Les indices retombent, après l'intervention de Jerome Powell et une série de 'stats'

Wall Street : après le "rallye Trump", la purge est brutale !
Credits Reuters

Wall Street, qui corrigeait déjà hier soir suite aux commentaires prudents du patron de la Fed, accélère en baisse ce vendredi. Le S&P 500 dévisse de 1,19% désormais à 5.878 pts, tandis que le Dow Jones trébuche de 0,72% à 43.436 pts. Le Nasdaq plonge de 1,96% à 18.733 pts ! La sanction s'est aggravée suite également à la publication d'indicateurs contrastés ce jour, avec notamment une bien faible hausse des ventes de détail hors automobile, mais aussi un indice Empire State étonnamment fort...

Le facteur négatif essentiel pour les marchés reste cependant la posture assez dure adoptée hier soir par Jerome Powell, qui n'entend pas se presser pour réduire les taux. L'autre catalyseur baissier concerne l'évolution du narratif autour de la future politique de Donald Trump, dont les marchés perçoivent désormais certains éléments susceptibles d'être adverses, pas seulement concernant les tarifs douaniers et l'inflation tenace.

La nomination programmée de Robert F. Kennedy Jr au poste de Secrétaire à la Santé aux États-Unis a fait retomber hier soir les valeurs des grands laboratoires Pfizer, Moderna ou Eli Lilly. Il faut dire que notre homme a propagé des théories diverses et variées sur le sujet, notamment concernant la vaccination. Il avait affiché par exemple une position clairement antivaccin durant l'épidémie de Covid-19. "Pendant trop longtemps, les Américains ont été écrasés par le complexe agroalimentaire et les sociétés pharmaceutiques qui se sont livrées à la tromperie, à la mauvaise information et à la désinformation en matière de santé publique. La sécurité et la santé de tous les Américains sont le rôle le plus important de toute administration, et le HHS jouera un rôle important en contribuant à garantir que tout le monde sera protégé des produits chimiques, polluants, pesticides, produits pharmaceutiques et additifs alimentaires nocifs qui ont contribué à la crise sanitaire écrasante dans ce pays. M. Kennedy ramènera ces agences aux traditions de la recherche scientifique de référence et aux phares de la transparence, pour mettre fin à l'épidémie de maladies chroniques et pour rendre à l'Amérique sa grandeur et sa santé", a asséné par ailleurs Trump sur le réseau social X.

Concernant le dossier phare Tesla, dopé initialement par la victoire de Trump, la spéculation est plus que retombée. Le titre a reperdu 5,8% hier soir et reste sous pression ce jour, alors que Reuters suggère que les crédits d'impôt pour les véhicules électriques aux États-Unis pourraient être supprimés sous la nouvelle administration Trump.

Du côté de la Fed, les responsables ont multiplié les interventions cette semaine, mais c'est surtout Jerome Powell qui a eu hier soir le dernier mot. Il a déclaré qu'il n'était pas nécessaire pour l'institution de se précipiter pour réduire les taux d'intérêt, du fait de la croissance économique, de la solidité du marché de l'emploi et d'une inflation supérieure à l'objectif de 2%. Ces commentaires renforcent l'hypothèse que la Fed ralentira l'an prochain le rythme de son assouplissement monétaire par rapport à ce qui était anticipé au préalable... Si Powell a noté que les responsables de la Fed considéraient toujours l'inflation sur une trajectoire durable vers les 2% qui permettrait à la banque centrale américaine de rapprocher "avec le temps" les taux du niveau de neutralité, il a ajouté que le rythme de cet assouplissement monétaire n'était pas prédéterminé. "L'économie n'envoie aucun signal indiquant que nous devons nous précipiter pour baisser les taux", a martelé le patron de la Fed lors d'un événement de la Fed de Dallas. "La solidité que nous constatons actuellement dans l'économie nous donne la capacité d'aborder nos décisions avec prudence".

Les responsables de la banque centrale tentent désormais d'évaluer l'impact potentiel des premières décisions que prendra Donald Trump début 2025, concernant particulièrement les baisses impôts et les hausses de droits de douane qui pourraient avoir un impact sur la croissance et sur le devenir de l'inflation US. En attendant, Jerome Powell a estimé que le tableau économique actuel était "remarquablement bon", avec notamment un taux de chômage toujours bas (4,1%) et une croissance annuelle de 2,5% "solide", supérieure aux estimations de la banque centrale américaine. Cependant, les principaux indicateurs de l'inflation se situent toujours "au-dessus des objectifs"...

Austan Goolsbee, patron de la Fed de Chicago, a jugé aujourd'hui que si l'inflation continuait de baisser vers l'objectif des 2%, les taux d'intérêt allaient être beaucoup plus bas dans les 12 à 18 prochains mois. Selon lui, la politique monétaire n'a rien à voir avec l'élection présidentielle, mais tout à voir avec les conditions économiques. A moins que les conditions n'évoluent, Goolsbee se montre confiant dans un chemin de 12 à 18 mois vers la neutralité des taux.

Susan Collins, qui dirige la Fed de Boston, a précisé ce jour que la baisse de taux n'était pas assurée pour décembre. Il n'y a pas en effet selon elle de trajectoire prédéfinie pour la politique monétaire. Parmi les autres commentaires de la dirigeante, Collins note que les changements technologiques pourraient améliorer le système financier...

Les investisseurs anticipent toujours une baisse des taux supplémentaire de 25 points de base à l'issue de la prochaine réunion de la Fed, des 17 et 18 décembre, mais avec un peu moins de conviction. Ainsi, la probabilité d'un ajustement de 25 pb le 18 décembre, qui ramènerait les taux à 4,25-4,50%, est retombée à 58,7% selon l'outil CME FedWatch, contre 41,3% de probabilité d'un statu quo. Pour le 29 janvier et la réunion suivante, il est possible que les taux n'aillent pas plus bas que les 4,25-4,50% déjà anticipés en décembre, le même outil FedWatch donnant une probabilité de 53,3% à cette fourchette.

Sur le front économique aux États-Unis ce vendredi, les ventes de détail pour le mois d'octobre 2024 se sont établies en hausse de 0,4% d'un mois sur l'autre, une performance légèrement supérieure au consensus (0,3%). Néanmoins, hors automobile, la progression n'est plus que de 0,1%, contre 0,3% de consensus de marché. Hors automobile et essence, les ventes n'affichent qu'une maigre hausse de 0,1% contre 0,3% attendu.

Parmi les autres statistiques du jour, l'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York du mois de novembre s'est en revanche enflammé à +31,2, alors que le consensus était de... zéro ! Un mois avant, l'indice était négatif à -11,9. Cela signale donc un retour en forte expansion de l'activité manufacturière dans la région.

L'indice des prix à l'import du mois d'octobre vient aussi d'être publié et ressort en hausse de 0,3% d'un mois sur l'autre contre -0,1% de consensus. L'indicateur grimpe de 0,8% sur un an. L'indice des prix à l'export augmente lui aussi beaucoup plus qu'attendu, en croissance de 0,8% par rapport au mois précédent, contre +0,1% de consensus FactSet.

La production industrielle américaine du mois d'octobre 2024 a comme attendu reculé de 0,3% par rapport au mois précédent, a rapporté la Fed. La production manufacturière ressort elle aussi conforme aux anticipations, en déclin de 0,5% d'un mois sur l'autre. Le taux d'utilisation des capacités s'affiche également en ligne avec le consensus FactSet, à 77,1%.

Les stocks des entreprises pour septembre se sont établis quant à eux en hausse de 0,1% par rapport au mois précédent (consensus +0,2%).

Sur le Nymex, le baril de brut WTI perd 1% à 68$ environ. L'once d'or fin se stabilise à 2.568$. L'indice dollar gagne 0,2% face à un panier de devises de référence. Le bitcoin évolue pour sa part sur les 88.000$, toujours nerveux et volatil suite aux récents records.

Les valeurs

La firme de Warren Buffett, Berkshire Hathaway, a acheté des actions de la chaîne de restauration rapide Domino's Pizza (+2%) et du spécialiste des équipements pour piscines Pool Corp. (+2%), ce qui dope les deux valeurs à Wall Street. Les achats ont eu lieu durant le troisième trimestre et viennent d'être révélés. Dans le même temps, rappelons que Berkshire réduit ses participations sur d'autres dossiers, en particulier Apple (-2%), rééquilibrant son portefeuille d'investissements et gonflant sa position de trésorerie. Le conglomérat d'Omaha, dans le Nebraska, a acheté environ 1,3 million de titres Domino's, ce qui correspond à une participation conséquente de 3,6% valorisée environ 570 millions de dollars. Berkshire a aussi déclaré l'acquisition d'une part d'environ 1% au capital du grossiste en équipements pour piscines Pool Corp, part valorisée environ 150 millions de dollars.

Parmi les autres opérations déclarées, Berkshire a cédé pratiquement toutes ses parts dans Ulta Beauty (-2%), qui devrait donc souffrir ce jour en bourse. Les cessions de titres Apple ont réduit encore de 3% l'exposition de Berkshire sur le secteur technologique. La firme d'investissement a affiché des cessions nettes de 34,6 milliards de dollars sur le trimestre clos en septembre, ce qui porte sa montagne de cash à plus de 325 milliards de dollars.

Tesla (+1%), qui avait connu un rallye impressionnant de 40% environ suite à l'élection de Donald Trump - dont Elon Musk est un grand soutien -, tremble depuis mardi. Il est vrai que le constructeur texan de véhicules électriques s'était envolé de manière spectaculaire en bourse, gagnant plus de 300 milliards de dollars de capitalisation boursière et franchissant au passage la barre des 1.000 milliards de dollars de valorisation. Mais après avoir misé sur le pouvoir d'influence de Musk auprès de la future nouvelle administration Trump, les investisseurs reprennent leurs esprits et temporisent.

Le titre a reperdu 5,8% hier soir à Wall Street et reste hésitant ce jour, alors que Reuters suggère que les crédits d'impôt pour les véhicules électriques aux États-Unis pourraient être réduits sous la nouvelle administration Trump. L'agence a indiqué que l'équipe de Trump avait élaboré des plans pour éliminer le crédit d'impôt de 7.500$ pour les acheteurs de véhicules électriques dans le cadre d'une réforme fiscale plus large. Le rapport cite deux sources ayant connaissance de la question. L'article précise aussi que... des représentants de Tesla en contact avec l'équipe de Trump soutiendraient la fin de la subvention... Jeudi sur X, Musk n'a pas dit autre chose d'ailleurs en jugeant que les États-Unis devaient "mettre un terme à toute forme de subvention gouvernementale, y compris celles relatives aux VE, au pétrole et à l'essence".

L'équipe de transition de Trump a donc discuté pour sa part de la fin de la subvention pour les voitures électriques. L'abrogation de la subvention, élément majeur de l'Inflation Reduction Act de l'administration Biden, porterait un coup dur à l'adoption des véhicules électriques aux États-Unis selon Bloomberg, qui note que cette adoption a déjà été compliquée par les prix élevés des véhicules et une infrastructure de recharge inégale. Trump a déjà déclaré qu'il annulerait la politique de Biden en matière de véhicules électriques dès le premier jour de sa présidence. "Le peuple américain a réélu le président Trump avec une large majorité, lui donnant pour mandat de mettre en oeuvre les promesses qu'il a faites pendant la campagne électorale", a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de l'équipe de transition de Trump. Le président élu aura besoin de l'approbation du Congrès pour abroger l'IRA. Reuters précise que l'équipe de transition a déterminé que certaines politiques contenues dans la loi seraient difficiles à annuler car certains programmes ont déjà commencé à allouer de l'argent...

Taiwan Semiconductor Manufacturing Company (-1%), géant taïwanais des puces sous contrat, coté à Wall Street, va recevoir comme attendu 6,6 milliards de dollars de subventions dans le cadre du Chips Act, programme destiné à ramener la production de puces sur le sol américain. Le Département US au Commerce a confirmé l'attribution ce jour. Le montant avait déjà été dévoilé dans le cadre d'un accord préliminaire. L'accord est désormais juridiquement contraignant, une première dans le cadre du Chips Act. Le fabricant de puces, qui produit notamment pour Nvidia (-3%), va aussi obtenir jusqu'à 5 milliards de dollars de prêts. La finalisation de l'accord TSMC garantit que la fabrication de semi-conducteurs de pointe reviendra aux États-Unis, apportant des capacités essentielles sur place, selon la Secrétaire au Commerce Gina Raimondo. "Il s'agit de l'une des technologies les plus recherchées au monde", s'est émerveillée la responsable, évoquant la sécurité nationale et économique de l'Amérique. Dans le cas de TSMC, les fonds contribueront à financer plus de 65 milliards de dollars de dépenses pour construire un complexe de trois usines au nord de Phoenix.

Alibaba (-3%), le géant chinois du commerce en ligne, a publié pour son troisième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 15,06 yuans, environ 2,15$, pour des revenus de 236,5 milliards de yuans ou 33,7 milliards de dollars. Les revenus ont augmenté de 5% en glissement annuel mais restent inférieurs au consensus, qui était de 240 milliards de yuans. Le bénéfice a en revanche dépassé les attentes des analystes de la place. Le groupe a racheté pour 4,1 milliards de dollars de ses propres titres durant le trimestre. Le free cash flow trimestriel a reculé de 70% à 13,7 milliards de yuans, du fait des investissements d'infrastructure cloud et d'autres éléments. Les revenus de la division Cloud Intelligence d'Alibaba ont augmenté de 7% sur le trimestre écoulé à 29,6 milliards de yuans, avec l'adoption des technologies d'IA. Le groupe souligne l'accélération de l'activité cloud en comparaison des trimestres antérieurs, avec une croissance à deux chiffres des revenus issus des produits de cloud public et une croissance à trois chiffres des revenus des produits liés à l'IA selon Eddie Wu, DG de l'affaire. Autre élément favorable, la croissance de l'unité de commerce électronique international d'Alibaba est ressortie à 29%, avec des revenus de 31,7 milliards de yuans.

Super Micro Computer (-3%), qui a perdu plus de 80% de sa valeur depuis mars et son inclusion dans le S&P 500 à Wall Street, risque désormais une radiation du Nasdaq. La star déchue des serveurs d'IA a jusqu'à lundi pour communiquer son rapport annuel 10-K ou bien soumettre un plan pour déposer le formulaire auprès du Nasdaq afin de se conformer aux règles de bourse. "Comme nous l'avons annoncé précédemment, Super Micro a l'intention de prendre toutes les mesures nécessaires pour se conformer dès que possible aux exigences de cotation continue du Nasdaq", a déclaré un porte-parole de Super Micro, cité par Bloomberg. Le groupe a indiqué précédemment qu'il serait incapable de livrer dans les délais son rapport financier trimestriel pour la période de juillet à septembre, alors même qu'il avait déjà reporté son rapport annuel. Les auditeurs d'Ernst & Young ont par ailleurs démissionné, ce qui place Super Micro dans une situation très délicate, puisque le groupe doit trouver dans l'urgence un nouveau cabinet d'audit, tout cela sur fond également d'accusations d'un vendeur à découvert, Hindenburg, concernant sa comptabilité.

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