Wall Street : Amazon flambe, mais Apple pèse

La cote américaine s'affiche légèrement dans le vert avant bourse ce vendredi, soutenue surtout par d'excellents résultats financiers du géant du commerce en ligne Amazon. Apple pèse toutefois, après des ventes d'iPhone un peu moins importantes que prévu. Les marchés viennent aussi de prendre connaissance de chiffres sans grande surprise de l'emploi américain pour le mois de juillet. Le S&P 500 avance de 0,2% en pré-séance, le Dow Jones de 0,1% et le Nasdaq de 0,3%. Sur le Nymex, le baril de brut WTI avance de 0,4% à 81,9$. L'once d'or grappille 0,3% à 1.975$. L'indice dollar fléchit de 0,1% face à un panier de devises de référence.

Selon le rapport du Département américain au Travail ce vendredi, les créations de postes non-agricoles aux États-Unis pour le mois de juillet se sont établies au nombre de 187.000, à comparer à un consensus FactSet de 200.000 et à un niveau de 185.000 un mois auparavant. La lecture de juin, précédemment évaluée à 209.000, est révisée en baisse. Les créations de postes dans le privé se sont affichées au nombre de 172.000, contre 165.000 de consensus. Le taux de chômage s'est tassé à 3,5%, contre 3,6% de consensus de marché et 3,6% un mois plus tôt. Des gains d'emplois ont eu lieu en juillet dans les soins de santé, l'assistance sociale, les activités financières et le commerce de gros. Le taux de chômage et le nombre de chômeurs, à 5,8 millions, ont peu évolué en juillet.

La variation de l'emploi salarié non-agricole total pour mai a été révisée à la baisse de 25.000, à +281.000, et la variation pour juin a donc été révisée à la baisse de 24.000, à +185.000. Avec ces révisions, l'emploi en mai et juin combinés est inférieur de 49.000 aux chiffres précédemment signalés. En juillet, le salaire horaire moyen de tous les salariés du secteur privé non agricole a augmenté de 14 cents, ou 0,4%, à 33,74$, soit une hausse supérieure au consensus (+0,3%). Au cours des 12 derniers mois, le salaire horaire moyen a augmenté de 4,4%.

Les valeurs

Apple corrigeait de 2% après bourse à Wall Street hier soir, repassant sous les 3.000 milliards de dollars de capitalisation boursière. Le géant californien de Cupertino a pourtant dépassé le consensus de bénéfice par action et de revenus sur le trimestre clos, mais les ventes d'iPhone ont quelque peu déçu, ressortant légèrement inférieures aux prévisions moyennes d'analystes. La performance a été jugée un peu courte au regard du rallye de près de 50% du titre depuis le début de l'année. Il faut aussi noter que les revenus du groupe à la pomme ont décliné pour le troisième trimestre consécutif, en baisse de 1,4% en glissement annuel, alors que la moitié des ventes provient de l'iPhone.

Le directeur financier Luca Maestri a confié que les revenus Mac et iPad devraient afficher des reculs à deux chiffres sur le dernier trimestre de l'exercice, du fait de la base de comparaison difficile et des fermetures d'usines. Le seul élément réellement réjouissant des trimestriels publiés hier soir réside dans la performance meilleure qu'attendu des services, affichant une croissance supérieure aux attentes de 8% en comparaison de l'an dernier. Concernant les principales mesures financières du trimestre clos, Apple a affiché des revenus de 81,8 milliards de dollars, à comparer à un consensus de 81,6 milliards et à un niveau de 83 milliards de dollars un an avant. Le bénéfice ajusté par action s'est élevé à 1,26$, contre 1,2$ de consensus et 1,2$ au troisième trimestre 2022. Les revenus de l'iPhone ont totalisé 39,7 milliards de dollars, contre 39,8 milliards de consensus et 40,7 milliards pour la période comparable, l'an dernier. Les services ont généré 21,2 milliards de dollars de revenus, contre 20,8 milliards de consensus et 19,6 milliards un an plus tôt. Les revenus Mac ont battu le consensus, à 6,8 milliards, contre 6,4 milliards en moyenne anticipés par les brokers et 7,4 milliards un an avant. Les revenus de l'iPad ont été de 5,8 milliards, contre 6,3 milliards de consensus et 7,2 milliards au troisième trimestre de l'exercice antérieur. Enfin, le segment 'wearables' des montres intelligentes a généré 8,3 milliards...

Luca Maestri s'est montré prudent concernant le trimestre de septembre, avec une performance de revenus en glissement annuel attendue "similaire" à celle du trimestre clos, sous réserve des données macroéconomiques. Le groupe présentera dans quelques semaines ses nouveaux produits, dont l'iPhone 15 et de nouvelles montres. Maestri juge que les revenus de l'iPhone et des services devraient accélérer, mais les segments Mac et iPad sont donc attendus sous pression sur le trimestre entamé. Tim Cook, directeur général du géant technologique américain, a souligné pour sa part hier soir les succès d'Apple sur les marchés émergents, avec de nouveaux records de ventes dans certaines régions telles que l'Indonésie ou l'Inde, où le groupe mène actuellement une vaste offensive et projette de développer fortement ses ventes et sa production. Cook a aussi évoqué une accélération en Chine, mais s'est montré réservé concernant le marché américain des smartphones, difficile actuellement. Il a insisté sur le record historique de revenus de services d'Apple, avec plus d'un milliard d'abonnements payants et une force continue sur les marchés émergents.

Amazon, le colosse américain du commerce en ligne, s'envolait hier soir de près de 9% après bourse à Wall Street sur les 140$. Le groupe a atomisé en effet le consensus de profit et de revenus sur le trimestre clos, livrant par ailleurs des prévisions solides. Au deuxième trimestre fiscal, les revenus ont totalisé ainsi 134,4 milliards de dollars, contre 131,6 milliards de consensus et une guidance de 127-133 milliards de dollars. Le bénéfice dilué ajusté par action a été de 65 cents, contre 35 cents de consensus. La marge opérationnelle s'est établie à... 5,7% contre 3,5% de consensus. Le bénéfice opérationnel a grimpé à 7,7 milliards de dollars, alors qu'il était attendu à seulement 4,7 milliards. Amazon Web Services (AWS), division toujours très surveillée, a aussi dépassé les attentes avec des ventes totales de 22,1 milliards de dollars, à rapprocher d'un consensus de 21,7 milliards.

Amazon a aussi publié hier une guidance de revenus robuste pour son troisième trimestre fiscal, tablant sur un niveau allant de 138 à 143 milliards de dollars, contre 138 milliards de consensus. Ainsi, le groupe a livré hier soir une publication sans faille, avec cette croissance d'AWS de 12% en glissement annuel hors effets de change, mais aussi et surtout une très nette amélioration des marges, alors que le groupe a réduit ses coûts et effectifs depuis des mois. Les plus pointilleux noteront tout de même un ralentissement confirmé d'AWS dans le cloud, après une croissance de 16% au premier trimestre, mais la performance trimestrielle de ce segment demeure meilleure qu'attendu. Concernant la réduction des coûts, il faut rappeler que le CEO Andy Jassy avait annoncé des mesures douloureuses et qu'à ce stade, Amazon a supprimé 27.000 postes en 2023 en plusieurs phases, dont 9.000 durant la dernière phase (fin mars et avril) et 18.000 annoncés en janvier.

Airbnb a annoncé des résultats du deuxième trimestre dépassant les attentes en termes de profits et revenus. Le bénéfice ajusté par action, de 0,98$, était ainsi supérieur à l'estimation de Wall Street de 0,8$. Les revenus ont totalisé 2,5 milliards de dollars, également supérieurs aux 2,4 milliards de dollars de consensus. Les réservations brutes ont été meilleures que prévu. Cependant, les nuits et les expériences réservées ont raté le consensus de marché. La performance du groupe n'en reste pas moins notable, avec un bénéfice en croissance de plus de 70% à 650 millions de dollars et des réservations en hausse de 11% en glissement annuel. Le groupe de San Francisco, dirigé par Brian Chesky, a affiché 115,1 millions de réservations sur le trimestre, contre 103,7 millions un an plus tôt. Le consensus était toutefois positionné à plus de 117 millions. Airbnb table désormais, pour son troisième trimestre, sur des revenus allant de 3,3 à 3,4 milliards de dollars, à comparer à un consensus de 3,2 milliards. Ces revenus avaient grimpé de 18% à 2,48 milliards sur le trimestre clos, contre 2,42 milliards de consensus.

Amgen, géant américain des biotechnologies, a annoncé pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice ajusté par action de 5$, à comparer à un consensus de 4,46$ et un niveau de 4,65$ un an avant. Les revenus du groupe atteignent près de 7 milliards de dollars sur le trimestre clos, contre 6,6 milliards un an auparavant. Le volume des ventes de produits a grimpé de 11%, mais les prix ont baissé de 2%. Les ventes trimestrielles du médicament contre le cholestérol Repatha ont totalisé 424 millions de dollars, dépassant le consensus des analystes qui était de 372 millions de dollars, tandis que les ventes du médicament contre l'ostéoporose Prolia ont atteint 1,03 milliard de dollars contre 954 millions de dollars attendus.

Pour l'exercice, Amgen a légèrement relevé ses perspectives de bénéfice ajusté par action entre 17,80 et 18,80$. Le groupe rehausse également ses prévisions de chiffre d'affaires pour 2023 entre 26,6 et 27,4 milliards de dollars. Ces prévisions n'incluent aucun impact de l'acquisition prévue d'Horizon.

Gilead Sciences, le laboratoire californien, hésite avant bourse à Wall Street au lendemain de trimestriels mitigés. Pour son deuxième trimestre, le groupe a réalisé un bénéfice ajusté par action de 1,34$, contre 1,60$ de consensus et 1,58$ un an plus tôt. Les revenus ont été de 6,6 milliards de dollars sur la période, contre 6,3 milliards un an avant et supérieurs de 3% au consensus. Les coûts d'un règlement judiciaire et la forte baisse des ventes du traitement COVID-19 du groupe ont pesé. La performance des médicaments contre le VIH est tout de même notable, avec une croissance de 9% sur ce portefeuille à 4,63 milliards de dollars.

Gilead abaisse ses prévisions de bénéfice ajusté par action sur l'exercice entre 6,45 et 6,80$, mais relève le bas de sa fourchette de prévisions de revenus pour 2023 à 26,3 milliards de dollars tout en maintenant le haut de fourchette à 26,7 milliards.

Block, le groupe de services de paiement de Jack Dorsey, corrige à Wall Street. Les bénéfices trimestriels dévoilés hier soir dépassent les attentes, mais une autre mesure financière déçoit les marchés. Pour le deuxième trimestre, le groupe a affiché un bénéfice ajusté par action de 39 cents, contre 35 cents de consensus et 18 cents un an plus tôt. Les revenus ont été de 5,53 milliards de dollars (+26%), également supérieurs aux prévisions de marché, contre 4,4 milliards un an auparavant. L'Ebitda a doublé à 384 millions de dollars, avec la réduction des coûts. Block anticipe désormais 1,5 milliard de dollars d'Ebitda 2023, soit une prévision meilleure qu'attendu. Le groupe de San Francisco, connu pour son service de paiement mobile Cash App, a affiché un volume brut de paiement des clients marchands de 54,2 milliards sur le deuxième trimestre, une croissance de 40% en glissement annuel mais un niveau légèrement inférieur aux attentes.

Monster Beverage, le groupe américain spécialiste des boissons énergisantes, perd du terrain avant bourse à Wall Street. Le groupe a dévoilé pour le deuxième trimestre fiscal des comptes en ligne avec les attentes de marché. Le bénéfice ajusté par action a été de 39 cents, contre 26 cents un an plus tôt. Les revenus ont atteint quant à eux 1,85 milliard de dollars, proches des attentes, contre 1,66 milliard de dollars un an auparavant. Hors effets de change, le groupe a réalisé une croissance de 14,4%. Le bénéfice net trimestriel consolidé a grimpé de 51% à 414 millions de dollars.

Enbridge, le groupe canadien coté à Wall Street, géant du transport de pétrole par oléoduc, a affiché pour son deuxième trimestre fiscal un bénéfice GAAP de 1,85 milliard de dollars canadiens ou 0,91$ par action ordinaire, contre 0,45 milliard de dollars un an avant. Le bénéfice ajusté a été de 1,4 milliard de dollars canadiens et 0,68$ par action ordinaire, stable en glissement annuel. L'Ebitda a représenté 4 milliards de dollars canadiens, une augmentation de 8% en glissement annuel. Le cash flow des opérations a été de 3,4 milliards de dollars, comparativement à 2,5 milliards de dollars en 2022. Le cash flow distribuable a atteint 2,8 milliards de dollars, en hausse de 1%. Le groupe maintient ses prévisions financières pour l'ensemble de l'année 2023 concernant l'Ebitda et le cash flow distribuable, ainsi que ses perspectives à moyen terme.