Entretien avec Raphaël Moreau, Gérant chez Amiral Gestion
Il faut se méfier de l'enthousiasme débordant sur certains dossiers spéculatifs...

Boursier.com : Les petites et moyennes capitalisations semblent surfer sur la bonne tendance de la fin d'année passée...
Plusieurs éléments expliquent la bonne tenue des petites et moyennes capitalisations en ce début d'année : 2020, après plusieurs années difficiles, a accouché d'une surperformance de cette classe d'actifs, avec une accélération en fin d'année. Le sous-investissement dans le segment, de la part des investisseurs institutionnels, a tendance à se résorber depuis le dernier trimestre 2020 : les flux sont de retour, ce qui est évidemment bénéfique pour la classe d'actifs. En outre, les particuliers sont aussi de retour et poussent parfois certains titres spéculatifs à des niveaux considérables. Au final, le segment retrouve l'attrait de toutes les catégories d'investisseurs et demeure malgré tout raisonnablement valorisé, notamment par rapport aux grosses capitalisations.
Boursier.com : Quels titres avez-vous récemment acheté?
Nous avons acheté Lectra suite à l'annonce de l'acquisition de son concurrent historique américain Gerber. L'opération est très pertinente et le management de Lectra est armé pour réaliser les synergies qu'il en attend. C'est typiquement l'acquisition de bas de cycle du principal concurrent avant rebond important d'activité. Dans le même ordre d'idée, nous avons renforcé notre position en Derichebourg suite à l'acquisition, là aussi, de leur concurrent principal en France. Vicat et SES Imagotag sont par ailleurs deux autres de nos récentes positions en France.
Boursier.com : Avez-vous participé à certaines dernières introductions ?
Pas sur le marché français car nous ne sommes pas intéressés par les "biotechs" qui étaient prédominantes. Nous avons participé à celle d'un consolidateur de rénovateurs de façades en Suède, à une autre au Brésil, spécialisée dans le commerce de meubles, alors que nous sommes déjà actionnaires de la maison-mère allemande.
Boursier.com : L'arrivée des vaccins change-t-elle définitivement la donne à vos yeux ?
Nous n'avons pas fait évoluer les portefeuilles en conséquence... Par exemple, Sextant PME reste constitué par trois catégories : un quart du portefeuille profite de la situation sanitaire, c'était déjà le cas avant les vaccins, un autre quart souffre, car positionné sur des secteurs plutôt cycliques et une autre moitié affiche une certaine résilience. Il s'agit là de dossiers impactés par le confinement et qui ont retrouvé la croissance par la suite, sans que ce soit de nouveau l'eldorado... Les ESN par exemple ou les constructeurs comme Hexaom.
Boursier.com : Quelques exemples parmi ces trois catégories ?
Les sociétés allemandes Westwing et Home24 font partie de celles qui ont largement profité du confinement : affichant toujours des valorisations raisonnables selon nous, elles constituent toujours les premières lignes de notre portefeuille et nous les conservons car subsistent des interrogations sur l'efficacité des vaccins face aux variants et sur le temps nécessaire à la vaccination d'une masse critique de population. Autrement dit, avant que tout le monde ne retrouve une vie normale, il devrait se passer encore du temps et les sociétés de e-commerce vont encore en bénéficier. Nous sommes aussi toujours positionnés sur Focus Home Interactive, pour les mêmes raisons. Pour les valeurs entrant dans la case "résilience" on trouve Guillin dans le packaging plastique. Enfin, pour les cycliques, on peut citer Akwel, Jacquet Metal...
Boursier.com : Que vous inspire le retour en force des investisseurs particuliers, notamment sur le segment ?
Il faut se méfier de l'enthousiasme débordant sur certains dossiers spéculatifs, fragiles et surtout qui auront toujours besoin de la Bourse pour mener à bien leur projet... Ils sont portés par de forts courants acheteurs de la part d'investisseurs particuliers. Mais dans les faits il s'agit de dossiers qui vont continuer à bruler de la Trésorerie, de facto car ils sont sur des projets innovants à financer. C'est le cas des sociétés biotechnologiques évidemment, sans aucun horizon de rentabilité. Les maitres mots dans ce contexte sont donc sélectivité et prudence.
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