Entretien avec Patrik Kauffmann, Directeur des investissements d'Aquila AM
Nous pensons qu'il est toujours essentiel de s'appuyer sur des stratégies actives pour obtenir des rendements supérieurs

Boursier.com : En qualité de gérant indépendant spécialiste de la gestion obligataire depuis 10 ans, quels sont les piliers de votre approche d'investissement et a-t-elle porté ses fruits ?
Notre stratégie se concentre sur un univers d'investissement global comprenant des émetteurs entreprises et gouvernementaux de pays émergents et développés. En utilisant une approche relative value, nous tentons de déceler les dislocations et écarts de valorisation sur le marché. Lorsque nous examinons un émetteur, nous consacrons beaucoup de temps à ses fondamentaux et nous nous assurons que l'entreprise ou le titre souverain analysé peut honorer ses engagements. La diversification est essentielle pour nous : nous cherchons constamment des moyens de diversifier ultérieurement le portefeuille à travers plusieurs segments, et certainement pas uniquement les notations de crédit, tout en diluant le risque de concentration découlant d'un investissement potentiel. Depuis son lancement en 2014, notre approche a généré des rendements très confortables pour nos investisseurs, ce qui est notable dans l'environnement de taux bas peu attrayant de la dernière décennie. En 2022, la période a été difficile pour tous ceux qui gèrent des stratégies " long only " axées sur les titres à rendement fixe. Néanmoins, nous avons réussi à contenir nos pertes à un niveau comparable à celui du marché et nous avons tendance à surperformer lorsque l'environnement est plus porteur et " normalisé ".
Boursier.com: Quels sont les principaux atouts d'un fonds obligataire global dynamique ?
Avant tout l'accès à une ample diversification, des rendements à échéance et coupons élevés sans l'exposition à du risque " émetteur " spécifique, l'optimisation du couple risque/rendement et bien sur de bons rendements de long terme, pouvant inclure la distribution annuelle de coupons/dividendes ! L'avantage vient de la flexibilité des stratégies, permettant de repositionner le capital de nos clients sur les opportunités les plus attrayantes offertes par le marché sans avoir de contraintes inhérentes à la saisie de ces rendements supérieurs attendus. Le fait de disposer d'un univers d'investissement plus large augmente les chances de trouver des investissements correspondant à nos critères, tout en limitant le risque de devoir inclure des émissions moins attrayantes en raison d'un univers d'investissement trop étroit.
Boursier.com : Le rendement du bon du Trésor 2 ans américain est actuellement de 3,9 %. Quelle logique y aurait-il à rechercher un rendement supplémentaire de 3 à 4 % sur du crédit plus risqué alors qu'une récession est attendue ?
Bien que les bons du Trésor à court terme puissent offrir des rendements attrayants, ceux-ci pourraient ne pas durer longtemps, surtout si l'on considère l'inversion de la courbe des rendements, qui implique que le marché anticipe des taux à court terme plus bas à l'avenir. Les investisseurs s'exposeraient donc à un risque de réinvestissement, ce qui n'est pas souhaitable pour la gestion optimale du portefeuille. Par ailleurs, l'ajout d'un risque crédit et d'une duration plus longue, associé à des fondamentaux sains, peut et doit fournir des rendements ajustés au risque supérieurs. Lorsque nous observons le marché et que nous voyons quels émetteurs se négocient avec des spreads de crédit de 300 à 400 points de base, nous détectons des noms avec des bilans résistants et une capacité suffisante pour survivre dans des conditions défavorables et prospérer davantage dans des environnements plus porteurs. C'est pourquoi nous continuons à privilégier le crédit par rapport aux bons du Trésor.
Boursier.com : Pensez-vous que les agences de notation permettent aux investisseurs d'évaluer correctement le risque lié à l'émetteur, et quel est votre point de vue sur l'évolution possible des taux de défaut des entreprises américaines ?
Sans être la panacée, les agences de notations fournissent un service aux participants de marché, mais elles ne reflètent pas toujours l'attractivité réelle d'un émetteur. Tout d'abord, elles sont des indicateurs tardifs et peuvent ne pas anticiper les mauvais résultats pour les créanciers. En outre, les émetteurs peuvent être pénalisés par des limites spécifiques à un niveau géographique ou sectoriel, ce qui peut induire les investisseurs en erreur et les empêcher d'acheter des titres car perçus comme plus risqués (en raison des notations) que ce que les fondamentaux indiquent. En ce qui concerne le taux de défaut des entreprises américaines, nous aimerions alerter les lecteurs sur le fait que les primes de risque (spreads) ont tendance à surestimer les taux de défaut et qu'il faut donc éviter de se fier uniquement aux niveaux de défaut implicites contenus dans ces spreads.
Boursier.com : Recommanderiez-vous aux investisseurs d'accéder aux opportunités du marché obligataire par le biais de stratégies passives ou actives ?
Aujourd'hui, les stratégies passives permettent aux investisseurs de s'exposer au marché obligataire avec une certaine facilité, surtout si l'on considère l'univers des ETF. Néanmoins, une stratégie passive ne fait pas la distinction entre les meilleures et les pires opportunités dans son univers d'investissement. Par conséquent, les allocations sont rarement optimales et peuvent inclure des noms qu'un investisseur diligent ne souhaiterait pas détenir dans son portefeuille. En outre, une approche passive peut manquer de flexibilité et entraîner des coûts d'opportunité élevés selon l'évolution des conditions de marché. Ainsi, nous pensons qu'il est toujours essentiel de s'appuyer sur des stratégies actives pour obtenir des rendements supérieurs et bénéficier de l'expertise d'une équipe de gestionnaires de portefeuille et d'analystes capables de repositionner en permanence le capital sur les obligations les plus attrayantes en fonction de scénarios de marchés changeants.
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