Entretien avec Nicolas Simar, Gérant Senior Euro & European High Dividend chez NN IP
Le retour vers la "value" doit se faire en évitant certains pièges

Boursier.com : Les valeurs les plus décotées, dites 'value' sont moins pénalisées que les valeurs de croissance depuis le début d'année. Est-ce durable selon vous?
La question se pose effectivement de savoir si la performance de la value, en cette première moitié de 2022, est un faux départ ou si une mécanique est enclenchée. La correction sur les marchés d'actions est pour le moment un pur "derating" lié au dégonflement des excès passés. Il se fait par compression des multiples de valorisation qui concernaient les valeurs de croissance. Et on constate, pour la première fois depuis de nombreuses années que la "value" surperforme : elle a moins baissé que les valeurs de croissance depuis que le sentiment de marché a changé et que la baisse s'est enclenchée. Il est encore tôt pour savoir si le phénomène va se poursuivre, mais de nombreux éléments plaident pour ce scénario...
Boursier.com : N'est-il pas déjà trop tard pour revenir sur les valeurs décotées?
La rotation a toutes les chances de se poursuivre : on ne corrige pas plusieurs années d'excès en Bourse en seulement 6 mois... Et malgré le début de rotation en faveur de la value, la dispersion des valorisations reste encore élevée. En effet, l'écart de valorisation entre la partie la plus chère du Marché et la partie la moins chère demeure élevé. De façon générale, le changement de régime de politique monétaire est un soutien fort pour la partie "value" du Marché.
Boursier.com : De façon générale, les marchés se paient désormais peu cher...
Les P/E autour de 10-11 en Europe matérialisent un fort dégonflement des valorisations, mais on peut les imaginer tomber à 8 en cas de "capitulation" des marchés, en cas de dégradations très forte de la conjoncture économique et de déceptions lors des publications semestrielles. Clairement, si le Marché décide de "pricer" une récession, il peut atteindre des niveaux plus bas. De plus, à ce stade, les attentes de croissance des bénéfices restent bien orientées... Les messages des directions sont toujours assez positifs pour la suite de l'exercice et 2023, mais la saison de publications des résultats semestriels s'annonce comme un moment charnière... Et les déceptions éventuelles pourraient être lourdement sanctionnées.
Boursier.com : Quels secteurs ont vos préférences ?
Il est difficile d'afficher des convictions sectorielles fortes actuellement... Les valeurs cycliques proposent souvent des points d'entrée bas, mais peuvent subir le risque d'un avertissement sur résultat ou de décevoir par rapport au consensus... Certaines valeurs défensives, comme celles liées à la consommation, peuvent aussi subir les effets négatifs de l'augmentation du coût des matières premières.
Boursier.com : Toute la "value" est-elle bonne à intégrer en portefeuille?
Le retour vers la "value" doit se faire en évitant les "value trap". Nous y mettons notamment le secteur des Télécoms, sans grand intérêt en Europe où la concurrence empêche toute progression majeure des bénéfices, ou encore les équipementiers automobiles avec un moindre princing power que les constructeurs qui devraient continuer à souffrir. De façon générale, il ne s'agit pas de rechercher la "value" à tout prix, mais d'être flexible via une stratégie de stock-picking permettant de sélectionner les dossiers les plus capables de résister à une récession.
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