Entretien avec Fredrik Brag, PDG de Median Technologies

Boursier.com : Après la première étape réussie pour votre logiciel de dépistage du cancer du poumon, quelle est la suite et quel timing ?

D'un point de vue clinique, notre prochaine étape est l'annonce des résultats de la deuxième étude pivot RELIVE au premier trimestre 2025. RELIVE est une étude qui va permettre de comparer les performances diagnostiques de radiologues avec et sans notre logiciel eyonis LCS. Cette étude va mesurer l'apport de eyonis LCS dans le diagnostic des cancers du poumon. A la fois les résultats de l'étude pivot REALITY que nous venons d'annoncer et qui a atteint tous les critères d'évaluation primaire et secondaires pour les instances règlementaires, et ceux de l'étude RELIVE qui est en cours, feront partie des dossiers de soumission réglementaire pour l'obtention de l'autorisation de mise sur le marché américain et pour l'obtention du marquage CE en Europe. Les dépôts des deux dossiers de soumission sont prévus au cours du premier semestre 2025. Sur le marché américain, Median va pouvoir bénéficier d'un remboursement existant potentiel jusqu'à 650 dollars par examen suivi de post processing pour la caractérisation du caractère malin ou bénin des nodules. Pour soutenir nos négociations avec les payeurs et les assureurs aux Etats Unis, nous allons effectuer des études médico-économiques qui vont commencer avant fin 2024. L'objectif de ces études est de démontrer aux assureurs et payeurs la pertinence de eyonis LCS en termes de potentiel de vies sauvées et d'économie de coûts de santé. Nous sommes par ailleurs en cours de discussion avec des acteurs majeurs de la Tech et de la Healthtech pour signer des partenariats stratégiques. Ces partenariats vont notamment permettre de positionner rapidement eyonis LCS sur ses marchés cible, avec une visibilité et une couverture qui rendront possible le développement rapide de revenus.

Boursier.com : Y a-t-il d'autres outils d'IA concurrents dans la détection de cancers et quelle est la valeur ajoutée de votre logiciel "eyonis" ?

La caractéristique de notre logiciel dispositif médical eyonis LCS est de permettre, grâce à notre intelligence artificielle, de dire si un nodule pulmonaire même très petit et dans un stade précoce de développement est cancéreux ou pas, en établissant un score de malignité sur des images de scanner faible dose. L'association des étapes de détection puis de caractérisation nodule malin/nodule dans un même logiciel dispositif médical est unique. Les résultats de l'étude REALITY que nous avons communiqués démontrent qu'eyonis LCS est un outil extrêmement fiable pour aider les radiologues à diagnostiquer le caractère cancéreux d'un nodule même lorsqu'il correspond à un cancer de stade I. Tout l'intérêt est d'avoir une grande précision de détection et de diagnostic pour ces cancers de stade 1 car on sait que plus un cancer du poumon est diagnostiqué tôt chez un patient, plus le patient a de chance de guérir. Aujourd'hui, il n'existe pas de logiciel dispositif médical sur le marché qui permette de diagnostiquer avec autant de précision et de façon non invasive les cancers pulmonaires de stade précoce à partir des images médicales. En parallèle, d'autres modalités diagnostiques non invasives, comme les biopsies liquides ne permettent pas non plus de détecter des cancers de façon fiable lorsqu'il s'agit de cancers précoces. Ce que nous apportons avec eyonis LCS est tout à fait unique et va pouvoir permettre de sauver des vies pour ce cancer qui est la première cause de mortalité par cancer au monde parce que détecté trop tard.

Boursier.com : Quel est l'objet de l'accord conclu et annoncé début août, avec un laboratoire pharmaceutique membre du Top 10 mondial en oncologie ?

L'accord vise à aider ce laboratoire pharmaceutique dans son plan de développement clinique pour un candidat médicament anticancéreux. L'intelligence artificielle que nous développons va permettre d'extraire des examens d'imagerie des patients inclus dans l'essai, des signatures d'imagerie qu'on appelle biomarqueurs d'imagerie. Les biomarqueurs que nous allons identifier vont permettre de savoir si un patient est susceptible de répondre ou non au nouveau traitement développé par ce laboratoire. Ces biomarqueurs pourraient devenir des tests compagnons, une fois le médicament commercialisé. L'intelligence artificielle appliquée aux images médicales ouvre un champ immense pour l'industrie pharmaceutique car elle permet d'extraire des images des caractéristiques qui peuvent considérablement contribuer à diminuer les coûts et les temps de développement des médicaments. L'IA permet de rendre encore plus important l'essor de la médecine personnalisée.

Boursier.com : Quid de celui annoncé en mai, là encore avec un acteur de premier plan de la pharma internationale, mais dont vous ne divulguez pas le nom...?

Tout d'abord, le fait que nous ne communiquions pas sur le nom de nos partenaires est la règle dans notre industrie et cela n'a donc rien d'étonnant. L'accord que nous avons signé en mai est un contrat-cadre de fournisseur privilégié de services d'imagerie avec un des trois plus grands laboratoires pharmaceutiques au niveau mondial. Cela veut dire concrètement que notre société va être automatiquement sélectionnée pour la fourniture de services d'une grande partie des essais cliniques de ce laboratoire. Nous ne pouvons évidemment pas communiquer sur les termes précis de ce contrat, mais ce qui est important à retenir est que ce laboratoire mondial possède le plus grand nombre d'essais cliniques en cours en oncologie, ce qui veut dire pour nous une source importante de revenus pour le futur. Nous sommes d'autant plus satisfaits que nous avions déjà signés ce même type d'accord avec un Top 3 de l'industrie pharmaceutique il y a quelques temps. Concrètement, aujourd'hui, Median est donc fournisseur privilégié de services d'imagerie pour deux des trois plus grands laboratoires pharmaceutiques au monde dans le domaine de l'oncologie et nous sommes en discussion avec plusieurs autres laboratoire membre du top 10. L'IA devient le coeur de préoccupation de tous les laboratoires pharmaceutiques et nous avons un grand avantage concurrentiel par rapport à tous nos concurrents directs dans ce domaine.

Boursier.com : La Trésorerie était de 19 ME au 30 juin dernier. Vous expliquiez au printemps dernier être financés jusqu'au 2ème trimestre 2025. Comptez-vous profiter de l'envolée du titre pour sécuriser une augmentation de capital ?

Comme toutes les sociétés de "healthtech" dont les produits sont encore dans des phases de développement, nous devons envisager régulièrement le refinancement de notre société. Cela fait partie de la vie normale des entreprises comme la nôtre. Nous travaillons de façon régulière sur diverses solutions de financement.