Entretien avec Denis Lehman, Directeur de la gestion d'actifs valeurs mobilières de Swiss Life AM France
Le système bancaire n'est pas en danger

Boursier.com : Les banques centrales ont-elles commis une erreur en augmentant si vite et si fort leurs taux directeurs, au prix d'une déstabilisation d'acteurs bancaires les plus fragiles comme les épisodes récents l'ont montré ?
Les banques centrales sont dans l'action et jouent leur rôle. Il fallait sortir de la situation inédite de taux d'intérêt très bas voire négatifs. Toutefois, on arrive peut-être au bout de l'exercice et les banques les plus fragiles sont effectivement mises à mal. Mais, selon moi, il ne s'agit pas d'erreur. Piloter la politique monétaire d'une banque centrale n'est pas une science exacte et c'est aussi dans l'action qu'elles touchent aux limites de leurs politiques.
Boursier.com : Justement, les ont-elles touchées ? Et la prochaine réunion de la Fed marquera-t-elle un début de changement de politique monétaire?
Il est désormais très compliqué de savoir quelles décisions la Fed peut mettre en oeuvre. Le marché "price" encore un mouvement de taux tenant compte de l'inflation. Le dilemme est clair : soit la Fed continue de lutter contre l'inflation et poursuit la hausse des taux, soit elle privilégie le sauvetage du système financier mis à mal... Difficile de dire aujourd'hui quelle est la bonne solution !
Boursier.com : Le système bancaire est-il en danger ?
Le système bancaire n'est pas en danger. Le bilan de la SVB, quand on l'analyse, est très loin de celui des banques systémiques. Concernant la faille de la SVB, c'est certes un coup dur pour l'écosystème de la Silicon Valley, mais le système bancaire n'est pas attaqué en son coeur. On se fait peur, la volatilité est importante, les investisseurs sont nerveux. L'amalgame puissant entre Crédit Suisse et le système bancaire n'est pas valide à ce stade.
Boursier.com : Quelle attitude adoptez-vous sur les marchés d'actions?
Nous préférons sous-pondérer les actions. Ce qui nous a réussi l'an passé et qui est un peu moins pertinent depuis le début d'année, mais nous pensons que les niveaux de valorisations sont aujourd'hui trop élevés eu égard au niveau attendu de croissance. Avant la correction liée aux inquiétudes bancaires, la progression était encore à deux chiffres sur les principaux marchés, notamment le CAC 40. Et ce dans un contexte macroéconomique qui se dégrade : les anticipations de croissance les plus optimistes sont à peine supérieures à 1%, avec des niveaux d'inflation de 5%... Même après correction récente, les niveaux de valorisation sont à notre sens trop élevés. Il est vrai que le mouvement de marché ne nous donne pas encore raison depuis le début d'année, mais je pense que notre vision est la bonne.
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