Entretien avec Aymar de Léotoing, Gérant de portefeuille recherche quantitative chez Chahine Capital
Difficile d'envisager une prolongation du rallye haussier en fin de l'année...

Boursier.com : Le rallye haussier des marchés ces dernières semaines peut-il se poursuivre en fin d'année et au-delà ?
A.d L. : Le récent rally boursier a été d'une telle ampleur qu'il paraît difficile d'envisager une prolongation significative de ce dernier d'ici la fin de l'année. Toutefois, de nombreux éléments nous amènent à penser que la tendance boursière devrait être haussière dans les prochains mois. Le " Momentum " économique se redresse, notamment grâce à des indicateurs de sentiment qui s'améliorent. Le pic d'inflation semble désormais derrière nous, ce qui devrait permettre aux banques centrales, de prochainement mettre fin à la hausse des taux. La valorisation du marché européen est attractive et présente une décote de de plus de 10 % par rapport à la moyenne historique. Enfin, d'un point de vue comportemental, la tendance est désormais haussière puisque les grands indices actions européens ont franchi à la hausse leurs moyennes mobiles à 200 jours en octobre.
Boursier.com : Quel élément peut l'emporter désormais dans le sentiment de marché ? L'entrée en récession à venir ou le pic d'inflation désormais derrière nous, en tout cas aux Etats-Unis... ?
A.d L. : C'est très clairement l'inflation qui l'emporte. Il ne faut pas se leurrer, l'inflation est la pire menace à laquelle une économie peut être confrontée. La lutte contre l'inflation est donc actuellement la priorité absolue des banquiers centraux, et l'histoire économique nous enseigne que le seul moyen d'endiguer une situation d'hyperinflation est de provoquer une récession. La récession qui se dessine est ainsi volontairement alimentée par les banques centrales et leur politique monétaire restrictive afin de " tuer dans l'oeuf " une inflation qui reste encore à ce stade expliquée pour moitié par des phénomènes exogènes (hausse des cours de l'alimentaire et de l'énergie).
Boursier.com : La valorisation actuelle des marchés est-elle encore abordable ?
A.d L. : Clairement oui ! Le PER 12 mois prospectif du marché européen s'élève à 12.5x contre 14.0x en moyenne depuis 2000. Il met donc en exergue une décote significative. Par ailleurs, le marché a déjà anticipé un exercice 2023 difficile, dans lequel aucune croissance bénéficiaire n'est envisagée, c'est pourquoi les indices actions en Europe abandonnent environ -10 % depuis le début de l'année alors que la croissance des bénéfices sera de près de +20 % en 2022. La valorisation est donc désormais un moteur, et pourrait le rester même en cas de révision à la baisse des perspectives bénéficiaires.
Boursier.com : Les petites et moyennes capitalisations sous-performent à nouveau en 2022. Est-ce uniquement un problème de liquidité ?
A.d L. : Ce n'est pas qu'un problème de liquidité. Ce qui caractérise les petites et moyennes valeurs en relatif aux grandes capitalisations est leur caractère cyclique, ce qui se matérialise par un " beta " (sensibilité statistique aux indices actions) élevé (1.2x). L'effondrement du " Momentum " économique européen en 2022 explique donc pour une large part la débâcle du segment " petites & moyennes valeurs ". La hausse du dollar a également pesé, tout du moins en relatif aux grandes capitalisations, car les petites et moyennes valeurs sont de nature plus domestiques.
Boursier.com : Quels catalyseurs pourraient faire repartir ce segment de l'avant ?
A.d L. : Un redressement du " Momentum " économique est nécessaire, et c'est ce que nous observons au travers de nos indicateurs propriétaires depuis fin septembre. Le rebond récent des indicateurs de sentiment est un bon signal avancé et pourrait continuer d'être alimenté par l'amélioration progressive de la visibilité liée à l'inflation et à la géopolitique. Mentionnons également que les petites et moyennes capitalisations se payent moins cher que les grandes capitalisations ce qui est très inhabituel. Cela s'est simplement observé trois fois depuis 20 ans (juillet 2004, novembre 2008 et mars 2020). En moyenne, la surperformance des petites et moyennes capitalisations a été de +22 % lors des 24 mois qui suivirent ces trois précédents historiques.
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