Wall Street trébuche avec Jerome Powell... et Donald Trump
En mode défensif ?
Wall Street, qui corrigeait hier soir suite aux commentaires prudents du patron de la Fed Jerome Powell, perd encore du terrain avant bourse ce vendredi. Selon les premières indications de pré-séance, le S&P 500 abandonne encore 0,6%, le Dow Jones 0,4% et le Nasdaq 0,9%.
Le facteur essentiel est donc la posture relativement dure de Powell, qui n'entend pas se presser pour réduire les taux. L'autre catalyseur baissier concerne l'évolution du narratif autour de la future politique de Donald Trump, dont les marchés perçoivent désormais certains éléments susceptibles d'être adverses, pas seulement concernant les tarifs douaniers et l'inflation tenace. La nomination programmée de Robert F. Kennedy Jr au poste de Secrétaire à la Santé aux États-Unis a fait retomber hier soir les valeurs des grands laboratoires Pfizer, Moderna ou Eli Lilly. Il faut dire que notre homme a propagé des théories diverses et variées sur le sujet, notamment concernant la vaccination. Il avait affiché par exemple une position clairement antivaccin durant l'épidémie de Covid-19. "Pendant trop longtemps, les Américains ont été écrasés par le complexe agroalimentaire et les sociétés pharmaceutiques qui se sont livrées à la tromperie, à la mauvaise information et à la désinformation en matière de santé publique. La sécurité et la santé de tous les Américains sont le rôle le plus important de toute administration, et le HHS jouera un rôle important en contribuant à garantir que tout le monde sera protégé des produits chimiques, polluants, pesticides, produits pharmaceutiques et additifs alimentaires nocifs qui ont contribué à la crise sanitaire écrasante dans ce pays. M. Kennedy ramènera ces agences aux traditions de la recherche scientifique de référence et aux phares de la transparence, pour mettre fin à l'épidémie de maladies chroniques et pour rendre à l'Amérique sa grandeur et sa santé", a asséné par ailleurs Trump sur le réseau social X.
Du côté de la Fed, les responsables ont multiplié les interventions cette semaine, mais c'est surtout Jerome Powell qui a eu ce soir le dernier mot. Il a déclaré qu'il n'était pas nécessaire pour l'institution de se précipiter pour réduire les taux d'intérêt, du fait de la croissance économique, de la solidité du marché de l'emploi et d'une inflation supérieure à l'objectif de 2%. Ces commentaires renforcent l'hypothèse que la Fed ralentira l'an prochain le rythme de son assouplissement monétaire par rapport à ce qui était anticipé au préalable... Si Powell a noté que les responsables de la Fed considéraient toujours l'inflation sur une trajectoire durable vers les 2% qui permettrait à la banque centrale américaine de rapprocher "avec le temps" les taux du niveau de neutralité, il a ajouté que le rythme de cet assouplissement monétaire n'était pas prédéterminé. "L'économie n'envoie aucun signal indiquant que nous devons nous précipiter pour baisser les taux", a martelé le patron de la Fed lors d'un événement de la Fed de Dallas. "La solidité que nous constatons actuellement dans l'économie nous donne la capacité d'aborder nos décisions avec prudence".
Les responsables de la banque centrale tentent désormais d'évaluer l'impact potentiel des premières décisions que prendra Donald Trump début 2025, concernant particulièrement les baisses impôts et les hausses de droits de douane qui pourraient avoir un impact sur la croissance et sur le devenir de l'inflation US. En attendant, Jerome Powell a estimé que le tableau économique actuel était "remarquablement bon", avec notamment un taux de chômage toujours bas (4,1%) et une croissance annuelle de 2,5% "solide", supérieure aux estimations de la banque centrale américaine. Cependant, les principaux indicateurs de l'inflation se situent toujours "au-dessus des objectifs"...
En bourse, les investisseurs anticipent toujours une baisse des taux supplémentaire de 25 points de base à l'issue de la prochaine réunion de la Fed, des 17 et 18 décembre, mais avec un peu moins de conviction. Ainsi, la probabilité d'un ajustement de 25 pb le 18 décembre, qui ramènerait les taux à 4,25-4,50%, est retombée à 62,4% selon l'outil CME FedWatch, contre 37,6% de probabilité d'un statu quo. Pour le 29 janvier et la réunion suivante, il est possible que les taux n'aillent pas plus bas que les 4,25-4,50% déjà anticipés en décembre, le même outil FedWatch donnant une probabilité de 55,5% à cette fourchette.
Sur le front économique aux États-Unis hier, l'indice des prix à la production d'octobre a augmenté de 0,2% d'un mois sur l'autre et de 2,4% sur un an, alors que le consensus FactSet était de +0,2% sur un mois et +2,3% sur un an. Hors alimentation et énergie, le PPI a progressé un peu plus que prévu, de 0,3% d'un mois sur l'autre et 3,1% sur un an, contre des consensus de +0,2% et +3%, respectivement...
Les inscriptions au chômage ont légèrement reculé la semaine passée aux États-Unis. Le Département américain au Travail a annoncé, pour la semaine close au 9 novembre, des inscriptions au chômage au nombre de 217.000, en repli de 4.000 par rapport au niveau confirmé de la semaine antérieure. Le consensus était positionné à 224.000.
Ce vendredi, les marchés suivront les ventes américaines de détail du mois d'octobre (14h30, consensus +0,3% en comparaison du mois antérieur, +0,3% également hors automobile et +0,3% hors automobile et essence). L'indice manufacturier Empire State de la Fed de New York pour novembre sera dévoilé à la même heure (consensus FactSet de 0). Les prix à l'import et à l'export d'octobre seront aussi connus à 14h30 (consensus -0,1% pour les prix à l'import). Les chiffres de la production industrielle d'octobre seront annoncés à 15h15 (consensus -0,3%, taux d'utilisation des capacités estimé de 77,1%). Les stocks des entreprises pour septembre seront révélés à 16 heures (consensus +0,2%).
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