Wall Street mise sur le "soft landing" !
Wall Street a un peu tergiversé hier soir suite à la baisse de taux sans grande surprise de 50 points de base de la Fed ...
Wall Street a un peu tergiversé hier soir suite à la baisse de taux sans grande surprise de 50 points de base de la Fed. Mais la place américaine reprend aussi vite le chemin de la hausse avant bourse ce jeudi, après digestion de ces annonces de la banque centrale et de Jerome Powell. Le S&P 500 est attendu en vive hausse de 1,1% en pré-séance, au plus haut historique, alors que le Dow Jones atteint également un record, en hausse de 0,7%. Le Nasdaq accélère et s'adjuge 1,7%.
Ainsi, comme attendu, la Fed a donc réduit hier soir sa fourchette sur le taux des 'fed funds' d'un demi-point, entre 4,75 et 5%. Le mouvement était attendu, avec environ 60% de probabilité avant le verdict, d'après l'outil CME FedWatch. Ce même baromètre montre une probabilité de 65% d'une nouvelle baisse des taux d'un quart de point le 7 novembre, à l'issue de la prochaine réunion monétaire. La réunion des 17 et 18 décembre pourrait quant à elle se solder par une fourchette de 4-4,25% sur les taux ('proba' de 50% selon FedWatch) ou bien 4,25-4,50% (probabilité de 32,4%).
Rappelons que le cycle antérieur de durcissement monétaire a duré du 17 mars 2022 au 26 juillet 2023, avec un relèvement des taux de 0-0,25% jusqu'à 5,25-5,5%. Au premier trimestre 2022, la Fed affichait donc encore des taux proches de zéro, et depuis juillet 2023, le niveau des taux n'avait plus bougé et les opérateurs avaient spéculé considérablement sur l'assouplissement monétaire ultérieur, maintes fois reporté du fait du niveau élevé de l'inflation et d'une économie résiliente. Les taux étaient ainsi restés depuis plus d'un an sur ce niveau restrictif des 5,25-5,5%, au plus haut de 23 ans.
Il s'agissait hier de la première baisse de taux de la Fed depuis mars 2020 et la période Covid-19. La banque centrale américaine avait réduit ses taux de 50 points de base le 3 mars 2020, entre 1 et 1,25%, puis de 100 points de base de plus le 16 mars, entre 0 et 0,25%. La décision d'hier a été presque unanime parmi les banquiers centraux américains, à une voix près, celle de la gouverneure Michelle Bowman - première dissidence depuis 2005.
Toute la question est donc désormais de savoir si l'atterrissage de l'économie américaine sera doux ou pas. Jerome Powell, patron de la Fed, a tenu à rassurer hier soir en affirmant que cette importante réduction des taux, la première en plus de quatre ans, était destinée à maintenir la force de l'économie. Ainsi, Powell a insisté sur la nécessité de soutenir l'activité, alors que l'inflation semble vouloir retourner vers sa cible des 2% et que le marché du travail affiche quelques signaux de faiblesse. Le dirigeant de la Fed a indiqué que les risques à la hausse sur l'inflation étaient donc moindres, alors que les risques concernant le marché de l'emploi seraient plus importants.
Powell a jugé que la Fed n'était pas en retard et que l'ajustement entamé permettrait de maintenir la force de l'économie et du marché du travail. "Le moment où il convient de soutenir les marchés de l'emploi est lorsqu'ils sont forts", a asséné Powell, laissant entendre que la faiblesse des derniers chiffres de l'emploi ne serait pas alarmante. Il n'y aurait pas selon le dirigeant besoin d'attendre que les marchés du travail s'affaiblissent encore pour que l'inflation retourne vers l'objectif. Powell a aussi précisé qu'il ne voyait rien actuellement dans l'économie américaine qui suggère des risques élevés de récession. Il ne s'agirait donc pas d'une baisse de taux dans la panique, mais plutôt d'un ajustement logique après une longue période restrictive ayant produit ses effets sur les prix.
La Fed devrait poursuivre ce cycle d'assouplissement monétaire, décidant réunion par réunion, mais il ne faudrait pas selon Powell s'attendre à un rythme comparable. Autrement dit, les prochaines baisses de taux pourraient donc plutôt être d'un quart de point, même si tout cela dépendra des données.
Pour l'heure, l'inflation et les taux diminuent, alors que l'économie reste résistante, a commenté le président Joe Biden. Kamala Harris, vice-présidente et candidate démocrate à l'élection de novembre, a évoque pour sa part "une bonne nouvelle pour les Américains qui ont souffert des prix élevés". Donald Trump juge lui que la baisse des taux signale une faiblesse de l'économie à mettre sur le compte de la politique de Biden/Harris. "Je suppose que cela montre que l'économie est très mauvaise pour réduire autant les taux, en supposant qu'ils ne font pas que faire de la politique", a taclé Trump.
Les projections économiques et monétaires de la Fed mises à jour hier montrent que les membres prévoient 50 points de base d'assouplissement supplémentaire d'ici la fin de l'année, puis 100 points de base en 2025 et 50 de plus en 2026. Le taux terminal serait ainsi de 2,9% contre 2,8% attendu en juin, d'après le "dot plot", qui présente sous forme de diagramme à points les prévisions pour les taux des responsables de la Fed. Le taux de chômage américain est attendu quant à lui à 4,4% en fin d'année contre 4% précédemment. Le taux de croissance du PIB est anticipé à 2% pour 2024 contre 2,1% précédemment, alors que la prévision de croissance 2025 est toujours de 2%. L'inflation PCE ajustée est attendue à 2,6% cette année - contre 2,8% en juin -, puis 2,2% l'année prochaine.
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