Pétrole : l'Opep+ devrait à nouveau repousser la hausse programmée de sa production

Le baril de pétrole retombe quelque peu en cette fin de semaine après avoir repris un peu de hauteur ces derniers jours sur fond d'escalade des tensions entre l'Ukraine et la Russie. Le baril de Brent de la mer du Nord (échéance janvier) recule de 0,6% à 73,8 dollars le baril à Londres tandis que le brut léger américain rend 0,6% à 69,7 dollars sur le Nymex. Pour la première fois depuis le début de la guerre, Kyiv a utilisé cette semaine des missiles américains et britanniques contre des cibles situées dans le territoire russe, tandis que Moscou a dans la foulée assoupli sa doctrine nucléaire.

Dans ce contexte international très tendu, et alors que la croissance en Chine peine à vraiment repartir, les observateurs du marché pétrolier interrogés par 'Bloomberg' s'attendent à ce que l'OPEP+ retarde à nouveau l'augmentation programmée de sa production. Depuis plusieurs mois, le cartel mené par l'Arabie saoudite et la Russie cherche à commencer à remettre progressivement sur le marché les approvisionnements interrompus depuis 2022.

Mais, compte tenu de l'environnement guère favorable, le cartel a été contraint de décaler à plusieurs reprises ses projets. Cela devrait être à nouveau le cas début 2025. Les traders et analystes interrogés par l'agence estiment en effet que la hausse de production de 180.000 barils par jour prévue pour janvier sera probablement reportée, peut-être jusqu'au deuxième trimestre 2025. Plusieurs délégués de l'alliance, demandant à ne pas être identifiés, ont indiqué à l'agence qu'un délai supplémentaire serait nécessaire. Les discussions formelles avant la réunion du groupe du 1er décembre n'ont pas encore commencé, ont-ils précisé.

Les marchés mondiaux seront confrontés à une nouvelle surabondance de brut l'année prochaine, même si l'OPEP et ses alliés annulent leurs projets, a averti dernièrement l'Agence internationale de l'énergie. La forte hausse de la production américaine n'y est pas étrangère. "Le marché n'est tout simplement pas assez fort pour supporter une augmentation de la production à un moment où la demande atone et l'offre abondante hors OPEP+ continuent de peser sur les prix", affirme Ole Sloth Hansen, responsable de la stratégie des matières premières chez Saxo Bank. Les Saoudiens ont besoin de prix proches de 100 dollars le baril pour financer leurs ambitieux plans de transformation économique, selon le Fonds monétaire international, tandis que le président Vladimir Poutine a besoin de revenus pour financer la guerre contre l'Ukraine. "L'OPEP+ n'aura d'autre choix que de retarder", ajoute Bart Melek, responsable mondial de la stratégie matières premières chez TD Securities. "Je pense qu'il n'y aura pas d'augmentation avant le milieu de l'année".

Sept des 33 spécialistes répondant à l'enquête de 'Bloomberg' prévoient malgré tout une reprise de la production du cartel car les stocks de pétrole ont été épuisés et le redémarrage ne peut pas être repoussé indéfiniment. " Nous pensons que le groupe va enfin aller de l'avant et commencer à dénouer " les réductions, estime Tamas Varga, analyste chez PVM Oil Associates. "En augmentant progressivement la production et en poussant potentiellement les prix à la baisse, l'OPEP+ va à nouveau se battre pour des parts de marché et peut-être stimuler la demande, une démarche de bon augure à moyen terme". Réponse le mois prochain.