La dette française désormais jugée plus risquée que son homologue espagnole
La prime de risque plus élevée désormais exigée par les investisseurs pour les titres français pourrait encore s'accroître...
Qui l'eût cru ! La dette française est désormais jugée plus risquée que les obligations d'Etat espagnoles. Une première depuis 2007 ! Compte tenu de l'incertitude politique qui prévaut depuis des mois à Paris et des difficultés financières de la France, ce bouleversement n'apparaît pas très surprenant. Il marque cependant un vrai retournement et montre le changement de statut de la dette nationale auprès des investisseurs étrangers. "En tant qu'investisseur, je ne sais pas ce qui va se passer avec le gouvernement actuel ou après", affirme à 'Bloomberg' Guy Miller, directeur de la stratégie marchés chez Zurich Insurance.
La prime de risque plus élevée désormais exigée par les investisseurs pour les titres français pourrait encore s'accroître. Le pays est en effet dans l'oeil du cyclone depuis que Emmanuel Macron a convoqué des élections anticipées en juin. Le pari s'est retourné contre lui, d'abord lorsque les investisseurs ont paniqué à l'idée que l'extrême droite puisse prendre le pouvoir, puis lorsque les élections ont débouché sur une Assemblée nationale divisée en trois blocs amèrement opposés, incapables de gouverner seuls. Résultat, le rendement des obligations françaises à 10 ans atteint 2,934% ce jeudi, contre 2,924% pour son équivalent espagnol.
"Toute actualité politique française défavorable à court terme, par exemple autour du budget ou de l'abrogation de la réforme des retraites, pourrait renforcer cette tendance", affirment les stratégistes taux chez Barclays. Selon ces derniers, cités par 'Bloomberg', les arguments en faveur d'une position longue sur l'Espagne par rapport à la France ne seront remis en cause que si "la situation intérieure de l'Espagne se détériore de manière significative".
Le nouveau gouvernement doit présenter le budget 2025 le 9 octobre alors que le déficit public risque de dépasser les 6% du PIB en 2024. Le nouveau ministre des Finances, Antoine Armand, a déclaré mercredi que les prochains projets de loi de finances contiendraient des mesures sévères, axées principalement sur les réductions de dépenses. "Nous ne redresserons pas nos finances publiques avec d'une part la baisse de la dépense publique et de l'autre le levier fiscal en même temps, ça ne marchera pas, a-t-il affirmé devant la commission des Finances de l'Assemblée nationale. "Nous redresserons les comptes en réduisant nos dépenses d'abord et prioritairement".
Dans ce contexte, la dette française à 10 ans, qui affiche un taux déjà nettement plus élevé que son homologue portugaise de même échéance, risque bientôt de se négocier avec un taux plus élevé que celle de l'Italie ou de la Grèce.
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